Ridha Chkoundali : malgré une diminution générale de l’inflation, le pouvoir d’achat du Tunisien s’effondre
Au passage sur les ondes de la radio Jawhara FM, mardi 6 mai 2025, l’économiste Ridha Chkoundali a commenté a récente diminution de l’inflation en Tunisie. Il a mis l’accent sur le fait que les indicateurs macroéconomiques « ne traduisent pas du tout la réalité quotidienne des Tunisiens ».
L’économiste a souligné que le taux d’inflation déclaré est une donnée globale, pertinente pour les organismes internationaux ou l’élaboration de politiques économiques. « Toutefois, pour l’individu, cela n’a aucune signification tangible ». Il soutient, à ce titre, que la diminution de l’inflation générale ne doit pas occulter la hausse persistante des prix des produits de première nécessité.
Et l’économiste de poursuivre : « Nous devons faire la différence entre l’indice global et ce que je nomme l’inflation alimentaire ou l’inflation des produits de première nécessité. Ce sont ces données précises qui captivent l’attention des Tunisiens, et non les moyennes théoriques ».
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Dans le même registre, Ridha Chkoundali a mentionné particulièrement des augmentations notables sur les articles de consommation quotidienne : l’augmentation des légumes s’élève à 17,5 %, celle des fruits secs à 15,3 %, celle des vêtements a grimpé de 10 %, les chaussures de 9,4 %, les livres et revues de 8 %, et enfin, les services de restauration ont connu une hausse de 11,5 %.
De plus, l’économiste exprime son regret face à la dégradation du pouvoir d’achat des Tunisiens, arguant que les salaires ne s’alignent pas sur la progression des prix. Il se réfère à Numbeo, un site mondial, qui évalue qu’une famille de quatre membres nécessite plus de 5 500 dinars mensuellement pour subsister en Tunisie, excluant le coût du logement. « Qui gagne cette quantité d’argent actuellement ? », s’interroge-t-il. Et de répondre : « Seules quelques familles tunisiennes ».
Par ailleurs, l’économiste a également fait référence aux données de la Banque mondiale : en termes de dollars constants, le revenu moyen mensuel du citoyen tunisien a diminué de 334 dollars en 2015 à 329 dollars en 2025. « Nous sommes même sous le niveau de 2010, qui s’élevait à 358 dollars. Ce déclin démontre que, malgré une diminution générale de l’inflation, le pouvoir d’achat lui-même s’effondre ».
Selon Ridha Chkoundali, la classe moyenne en Tunisie est en train de disparaître. « Elle se déplace petit à petit vers les catégories en situation de vulnérabilité ». Actuellement, deux professeurs, deux juristes ou deux docteurs, partageant la même habitation, ne parviennent plus à terminer le mois avec confort ». Et de conclure : « Ce ne sont pas les dépenses inutiles qui croissent, mais celles concernant la nourriture, la santé, l’éducation et même les impôts et taxes locales ».
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