Le dinar est-il réellement la monnaie la plus forte de l’Afrique ?
Sur les réseaux sociaux – et même sur certains sites web -, on parle ces derniers temps du dinar tunisien comme étant la monnaie la plus forte de l’Afrique. Les promoteurs de cette idée se basent sur le taux de change vis-à-vis du dollar américain. En réalité, ce n’est pas tout à fait vrai, car la force d’une devise dépasse bien ce simple taux de conversion.
En réalité, la force d’une monnaie correspond au pouvoir d’achat relatif d’une devise nationale, que ce soit par rapport aux biens et services qu’elle permet d’acquérir, ou bien par comparaison avec d’autres devises. Elle est mesurée en fonction de la quantité de biens et services que l’on peut acheter avec cette monnaie, ainsi que du montant de devises étrangères que l’on peut obtenir en échange d’une unité de cette monnaie nationale.
Critère de force
En règle générale, une augmentation de la valeur économique d’une monnaie permet à ses détenteurs d’acquérir une plus grande quantité de produits, tandis que ceux qui la gagnent bénéficient d’un pouvoir d’achat accru grâce à un revenu plus valorisé.
La force d’une monnaie est déterminée par l’interaction de divers facteurs locaux et internationaux, tels que :
– L’offre et la demande sur les marchés des changes,
– La politique monétaire menée par la Banque centrale,
– L’inflation et la croissance économique au niveau national, et
– La stabilité politique et financière du pays.
En tenant compte de tous ces éléments, la force d’une monnaie peut être évaluée selon trois dimensions principales :
– Valeur : le pouvoir d’achat relatif pour des biens et services, comparé à celui des devises étrangères.
– Utilité : la capacité de la monnaie à être utilisée comme instrument d’échange et de valorisation dans les économies étrangères.
– Réserve : le degré d’acceptation de la monnaie dans le commerce international, qui incite les pays étrangers à la détenir comme réserve.
À mesure que les activités de production intérieure ajoutent de la valeur à l’économie du pays, un pouvoir d’achat plus élevé stimule la consommation. L’augmentation de l’offre et de la demande dynamise les importations et les exportations, favorisant ainsi la croissance du commerce international.
La monnaie nationale gagne en utilité dans les pays partenaires commerciaux, ce qui pousse leurs Banques centrales à en constituer des réserves de change. Cette acceptabilité permet aux échanges commerciaux de s’effectuer directement entre les monnaies concernées, sans avoir recours à une devise plus forte comme le dollar américain.
À mesure que les activités de production intérieure ajoutent de la valeur à l’économie du pays, un pouvoir d’achat plus élevé stimule la consommation. L’augmentation de l’offre et de la demande dynamise les importations et les exportations, favorisant ainsi la croissance du commerce international.
Parité de pouvoir d’achat
Ce que nous venons de citer fait qu’il est vraiment compliqué d’évaluer la force d’une monnaie. Un autre indicateur, plus simple, permet cependant de le faire. Il s’agit de la Parité de pouvoir d’achat (PPA). C’est une théorie qui compare le coût d’un panier de biens dans différents pays, en utilisant les monnaies locales respectives.
Le concept général de la PPA repose sur la loi du « prix unique ». Cela signifie essentiellement que le prix d’un même panier de biens devrait être identique dans différents endroits si tous les autres facteurs (droits de douane, coûts de transaction, etc.) sont constants.
Le concept général de la PPA repose sur la loi du « prix unique ». Cela signifie essentiellement que le prix d’un même panier de biens devrait être identique dans différents endroits si tous les autres facteurs (droits de douane, coûts de transaction, etc.) sont constants.
Le calcul de la PPA se base sur l’hypothèse que les produits sont « prixés » en dollars américains à l’échelle mondiale. Lorsqu’elle est calculée, la PPA indique le taux auquel le dollar américain doit être échangé dans un pays donné pour pouvoir y acheter des biens et services dans la monnaie locale.
Comparée au taux de change du marché, la PPA est un outil très efficace pour évaluer l’état économique d’un pays. Elle est relativement stable et prend en compte les différences de niveau de salaire entre pays. Ainsi, elle offre une image plus fidèle du pouvoir d’achat réel des consommateurs à travers le monde.
Selon les estimations du FMI, le PIB par habitant de la Tunisie, en PPA, s’élève à 14 788 dollars. Nous sommes devancés par six pays comme les Seychelles (42 009 dollars), l’Égypte (21 667 dollars), la Guinée équatoriale (20 165 dollars), l’Algérie (18 525 dollars), la Libye (17 757 dollars) et l’Afrique du Sud (15 988 dollars). La moyenne de l’Afrique est de 7 373 dollars.
Source des données : FMI
Sur la base de tout ce que nous venons d’exposer, nous ne pouvons pas dire que le dinar soit la monnaie la plus forte de l’Afrique. Il faut travailler dur pour y parvenir.
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