78% des violences faites au Kef sont conjugales
L’association Femmes et citoyenneté au Kef a organisé, mercredi 22 juillet à Tunis, un séminaire consacré à la présentation de son projet « Protection des femmes victimes de violence et interdiction du féminicide en Tunisie ». À cette occasion, le rapport annuel 2024 sur les violences faites aux femmes dans le gouvernorat du Kef a été dévoilé.
Le document met en lumière une réalité alarmante : la violence conjugale dans la sphère privée représente 78,4 % des cas recensés dans cette région. Une proportion écrasante qui témoigne de la persistance des violences genrées dans l’intimité du foyer.
Responsable de l’élaboration du rapport, Monia Kari a souligné que cette étude repose sur une approche à la fois quantitative et qualitative, s’appuyant notamment sur des témoignages de femmes accompagnées par l’association, dans le cadre de la loi organique n°58 relative à l’élimination des violences faites aux femmes.
Elle a précisé que les données ont été collectées à partir des dossiers du centre Manara d’écoute et d’orientation, structure relevant de l’association et seule source d’information disponible dans la région. Elle a déploré l’absence de statistiques nationales et de rapports annuels sur les cas de violence et de féminicide.
Présent également lors de cette rencontre, Elyes Jebali, chef du projet, a mis en avant l’importance de ce rapport pour évaluer l’efficacité du dispositif de prise en charge multidisciplinaire (santé, sécurité, justice) prévu par la loi n°58. Il a relevé que la violence psychologique ou morale arrive en tête, avec un taux de 93,75 %, soulignant ses conséquences graves sur l’intégrité psychique des victimes.
Il a par ailleurs dénoncé l’inapplication des mesures préventives prévues par la loi, estimant que cette défaillance institutionnelle favorise la recrudescence des cas de féminicide.
Le rapport annuel contient plusieurs recommandations clés, dont la formation continue des juges, des agents de sécurité et des juges de la famille, ainsi que l’accélération de la délivrance des décisions de protection. Il insiste également sur la nécessité d’augmenter le nombre d’unités spécialisées dans le Kef, afin de rapprocher les services des femmes victimes de violence.
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