Éthiopie – Le barrage de la Renaissance terminé avant l’échéance
Malgré les protestations du Caire et de Khartoum, Addis-Abeba a qualifié le méga-barrage « Renaissance » d’« opportunité partagée ».
L’Éthiopie a annoncé le 4 juillet l’achèvement du Grand barrage de la Renaissance éthiopienne (GERD), un projet hydroélectrique de plusieurs milliards de dollars sur le Nil Bleu, au cœur d’un conflit qui dure depuis dix ans avec l’Égypte et le Soudan. Le barrage sera officiellement inauguré en septembre, a indiqué le cabinet du Premier ministre éthiopien dans un communiqué.
En construction depuis 2011, le GERD est conçu pour produire jusqu’à 5,15 gigawatts d’électricité, ce qui en fait la plus grande centrale hydroélectrique d’Afrique. Mais si l’Éthiopie présente ce projet comme une source d’énergie transformatrice pour la région, l’Égypte et le Soudan ont exprimé à plusieurs reprises leurs inquiétudes quant à son impact sur les débits d’eau en aval.
Et dans un message partagé sur X, le gouvernement éthiopien a tenté de rassurer ses voisins en décrivant le GERD comme « un symbole de coopération régionale et d’intérêt mutuel », insistant sur le fait qu’« il n’est pas une menace, mais une opportunité partagée ».
Le barrage est construit sur le Nil Bleu, principal affluent du Nil. Selon diverses sources, le Nil fournit environ 97 % de l’approvisionnement en eau douce de l’Égypte. Le Caire et Khartoum craignent donc que la rétention d’eau en amont n’affecte gravement l’agriculture et la sécurité hydrique de leurs pays.
En septembre 2024, le gouvernement égyptien avait déposé une plainte auprès du Conseil de sécurité de l’ONU, accusant l’Éthiopie de violer le droit international et de menacer la stabilité régionale par ses actions unilatérales concernant le projet GERD. Cette décision faisait suite à l’annonce par le Premier ministre Abiy Ahmed de la cinquième phase de remplissage du barrage.
Au milieu de désaccords persistants sur les droits à l’eau, l’Éthiopie a fait avancer la mise en place d’un cadre régional de gouvernance de l’eau. En octobre, le Premier ministre Abiy a confirmé la mise en œuvre de l’Accord-cadre de coopération (CFA), un traité visant à établir une Commission permanente du bassin du Nil (NRBC) entre les pays en amont; traité qui a été signé par l’Ouganda, le Rwanda, le Kenya, la Tanzanie, l’Éthiopie et le Burundi, le Soudan du Sud – l’ayant rejoint en 2012…
L’Égypte a averti qu’une réduction même modeste de seulement 2 % de ses réserves en eau du Nil pourrait entraîner la perte d’environ 80 000 hectares de terres agricoles, ce qui constituerait une grave menace pour la sécurité alimentaire nationale.
Le Soudan a quant à lui exprimé des craintes similaires, invoquant le rôle vital du fleuve dans son secteur agricole.
L’article Éthiopie – Le barrage de la Renaissance terminé avant l’échéance est apparu en premier sur Leconomiste Maghrebin.