Donald Trump somme les pays de l‘Otan de passer à la caisse
Avant son investiture, Donald Trump sème déjà le trouble au sein des pays de l’Alliance atlantique en les enjoignant d’augmenter les dépenses de défense à 5 % du PIB, plutôt que 2 %. Un avant-goût du rapport de force qu’il veut instaurer avec ses alliés du Vieux Continent.
Retour fracassant de Donald Trump sur la scène internationale à quelques jours de son installation à la Maison-Blanche. Et ce, en menaçant encore une fois de se retirer de l’Alliance atlantique, pilier de la sécurité en Europe depuis la Seconde guerre mondiale si les pays de l’Otan ne mettent pas la main à la poche.
Entre temps, il a exprimé sa volonté d’acheter le Groenland, territoire autonome du Danemark « pour des raisons de sécurité économique », de faire usage de « la force économique » contre le Canada, après avoir récemment affirmé qu’il était dans l’intérêt d’Ottawa de devenir le « 51ᵉ Etat » américain ». Enfin, de récupérer le Canal de Panama, artère vitale du transport maritime mondial- construit par les Etats-Unis et inauguré en 1914- si le prix des péages pour les navires américains n’étaient pas réduits, fut-ce en ayant recours à la force armée.
Faut-il le prendre au sérieux? Rien n’est exclu avec l’imprévisible futur locataire de la Maison-Blanche.
Panique
En effet, lors d’une nouvelle conférence de presse tenue depuis sa résidence de Mar-a-Lago en Floride et consacrée à sa future politique internationale, l’ancien et futur président des Etats-Unis a repris d’un ton provocateur, mardi 7 janvier, outre le Canada, le Groenland ou encore le Panama, l’un de ses refrains préférés en martelant que les pays de l’Otan devront accroître leurs budgets de défense à 5 % du PIB, les accusant à cette occasion de ne pas faire assez pour assurer leur propre protection.
Déjà durant la campagne électorale en février dernier, le candidat républicain aura menacé de ne plus garantir la protection des pays de l’Alliance atlantique face à la Russie, si ceux-ci ne consacraient pas un budget suffisant à leur défense.
« Ils peuvent tous se le permettre. Ils devraient être à 5 %, pas 2 %. Nous avons quelque chose qui s’appelle un océan entre nous, n’est-ce pas? Pourquoi payons-nous des milliards et des milliards de dollars de plus que l’Europe? », s’est indigné Trump.
Ainsi, le président élu est revenu à la charge après avoir mis en cause lors d’un meeting électoral en Caroline du Sud, le principe de solidarité entre les Etats membres de l’Otan, accusant ses alliés d’être « de mauvais payeurs ». Déjà, pendant son premier mandat (2017-2021), Donald Trump critiquait un « déséquilibre » entre les alliés sur le financement de l’Alliance atlantique.
Vent de panique outre-Atlantique car les pays de l’Otan sont tributaires du parapluie nucléaire américain pour garantir leur sécurité, notamment face à l’ours russe. Alors même que la guerre de l’Ukraine frappe aux portes de l’Europe.
Etrange connivence
Rappelons à ce propos que fait étrange, le milliardaire républicain a quasiment imputé la responsabilité de l’invasion de l’Ukraine par l’armée russe à son ancien rival Joe Biden, quand il rappela lors de cette conférence de presse, mardi, que le président démocrate avait exprimé le souhait que l’Ukraine puisse rejoindre l’Otan. Une manière de sous-entendre que cette prise de position avait contribué à l’invasion russe de l’Ukraine en février 2022.
Et, il n’a pas hésité à le dire sans filtre : « À un moment, Biden a dit que (l’Ukraine. NDLR) devrait pouvoir rejoindre l’Otan. Eh bien, la Russie avait quelqu’un sur le pas de sa porte. Je peux comprendre le sentiment des Russes à ce sujet », a-t-il estimé.
Nuance. S’il est vrai que les pays membres de l’Otan avaient promis sur le bout des lèvres que l’Ukraine deviendrait « un jour » membre de l’Alliance; en revanche Washington et Berlin se sont toujours montré réticents à réaliser cette promesse de peur que l’Alliance ne soit entraînée dans une guerre frontale contre la Russie.
L’Europe doit « sortir de sa torpeur »
Par ailleurs, il convient de rappeler que suite à l’annexion brutale par la Russie de la péninsule ukrainienne de Crimée, les pays de l’Alliance atlantique se sont engagés, il y a dix ans, à consacrer au moins 2 % de leur produit intérieur brut (PIB) aux dépenses militaires. Or, ils ne sont que 23 sur 32 à avoir tenu cet engagement.
Pourtant, le chef de l’Alliance atlantique, Mark Rutte, a lui-même prévenu jeudi 12 décembre 2024 que l’Europe devait impérativement « sortir de sa torpeur » et dépenser « beaucoup plus pour assurer sa défense.
« Il est temps de passer à un état d’esprit de temps de guerre », a-t-il martelé. Tout en ajoutant que la menace russe se rapproche de nous « à grande vitesse ». Jugeant que le Vieux continent « n’était pas préparé face à la menace d’une guerre contre la Russie ».
Provocation
Enfin, cerise sur le gâteau, Donald Trump n’aura pas résisté au plaisir de narguer son voisin du sud en annonçant qu’à son retour à la Maison-Blanche, les Etats-Unis changeraient le nom du golfe du Mexique, en « golfe de l’Amérique ».
« Nous allons changer le nom du golfe du Mexique en golfe de l’Amérique. Ce qui sonne bien et couvre beaucoup de territoire. Le golfe de l’Amérique, quel joli nom », a déclaré le futur président américain. Et ce, avant de fustiger le Mexique qui « doit cesser de laisser des millions de gens se déverser dans notre pays ».
Mexico appréciera cette plaisanterie de mauvais goût. Et tout à fait gratuite.
L’article Donald Trump somme les pays de l‘Otan de passer à la caisse est apparu en premier sur Leconomiste Maghrebin.