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L’affaire du Palestinien Mahmoud Khalil secoue les États-Unis

14. MĂ€rz 2025 um 07:57

La dĂ©cision d’expulser le citoyen palestinien Mahmoud Khalil des États-Unis par l’administration Trump soulĂšve un Ă©norme tollĂ© car Ă  travers l’arbitraire auquel est confrontĂ© le jeune homme, c’est la libertĂ© d’expression garantie par le Premier amendement de la Constitution amĂ©ricaine qui est menacĂ©. Il est illĂ©gal d’expulser une personne en situation rĂ©guliĂšre, dĂ©tentrice de la fameuse green card (carte verte), qui plus est, sans avoir commis aucun crime. L’administration Trump accuse le Palestinien de faire l’apologie du Hamas mais n’a fourni jusque-lĂ  aucune preuve. 

Imed Bahri

Le Washington Post a consacrĂ© son Ă©ditorial au cas du Palestinien Mahmoud Khalil qui constitue un prĂ©cĂ©dent grave menaçant le Premier amendement de la Constitution amĂ©ricaine qui garantit la libertĂ© d’expression. Puisque Trump veut expulser le jeune homme rĂ©sidant lĂ©galement aux États-Unis en raison de ses positions. 

Mahmoud Khalil, titulaire d’une green card et Ă©tudiant soutenant la cause palestinienne a Ă©tĂ© arrĂȘtĂ© samedi par les services de l’immigration et des douanes pour des dĂ©clarations qu’il a faites et non pour quelque acte criminel. «Si Donald Trump parvient Ă  l’expulser, comme il le souhaite, le risque est que les rĂ©sidents lĂ©gaux et peut-ĂȘtre les citoyens amĂ©ricains soient punis pour avoir exercĂ© leurs libertĂ©s garanties par le Premier amendement», Ă©crit le comitĂ© Ă©ditorial du WP

Khalil, un Palestinien de 30 ans qui a grandi en Syrie, est arrivĂ© aux États-Unis avec un visa Ă©tudiant en 2022 pour poursuivre un master en administration publique Ă  l’UniversitĂ© de Columbia Ă  New York. Il est devenu un leader important du mouvement pro-palestinien et anti-guerre sur le campus provoquant la colĂšre des militants pro-israĂ©liens dont certains ont appelĂ© Ă  son expulsion la semaine derniĂšre.

PremiĂšre d’une longue sĂ©rie d’arrestations Ă  venir

Lundi, Trump, qui a fait campagne contre les manifestations universitaires comme celles qui ont secouĂ© l’UniversitĂ© de Columbia au printemps dernier, s’est vantĂ© de l’arrestation de Khalil avertissant sur Truth Social que c’est la premiĂšre d’une longue sĂ©rie d’arrestations Ă  venir.

Le journal amĂ©ricain a ajoutĂ© que Khalil n’a Ă©tĂ© accusĂ© d’aucun crime et qu’il n’existe aucune preuve suggĂ©rant qu’il soit liĂ© au terrorisme cependant il se trouve dans une cellule de prison parce que le secrĂ©taire d’État Marco Rubio, selon les documents judiciaires, a estimĂ© que «la prĂ©sence de Khalil sur le sol amĂ©ricain aurait de graves rĂ©percussions sur la politique Ă©trangĂšre des États-Unis». Rubio n’a pas rĂ©vĂ©lĂ© comment il avait pris cette dĂ©cision ni prĂ©cisĂ© la nature de la menace que Khalil reprĂ©sentait s’il restait aux États-Unis. 

InterrogĂ© mercredi, Rubio n’a accusĂ© Khalil d’aucun crime prĂ©cis mais a Ă©ludĂ© la question du Premier Amendement en dĂ©clarant: «Cela n’a rien Ă  voir avec la libertĂ© d’expression». Il a ensuite dĂ©crit la nature des manifestations organisĂ©es par Khalil que le tribunal a pourtant considĂ©rĂ©es comme des formes d’expression protĂ©gĂ©es: «Vous payez tout cet argent pour des frais de scolaritĂ© universitaires pour des Ă©tudes qui sont censĂ©es ĂȘtre prestigieuses mais vous ne pouvez pas aller en cours et vous avez peur d’y aller parce que ces fous se promĂšnent avec le visage couvert et crient des choses horribles. Si vous nous aviez dit que vous aviez l’intention de faire cela Ă  votre arrivĂ©e en AmĂ©rique, nous vous aurions arrĂȘtĂ© et si vous aviez fait cela en entrant, nous vous aurions expulsé».

La veille, la porte-parole de la Maison Blanche, Caroline Levitt avait dĂ©clarĂ© que Khalil avait relayĂ© de la «propagande pro-Hamas» lors de rassemblements et distribuĂ© des «tracts portant le logo du Hamas» bien qu’elle n’ait fourni aucun document pour Ă©tayer ces dires.

Avant d’achever ses Ă©tudes en dĂ©cembre, l’UniversitĂ© de Columbia a sanctionnĂ© Khalil pour sa potentielle participation Ă  un «rassemblement non autorisé» cĂ©lĂ©brant l’opĂ©ration DĂ©luge d’Al-Aqsa du 7 octobre 2023 menĂ©e par le Hamas. Ses dĂ©tracteurs affirment que ses publications sur les rĂ©seaux sociaux concernant le sionisme sont antisĂ©mites. Cependant, ses soutiens rejettent cette accusation affirmant qu’il dĂ©fend les droits humains des Palestiniens.

À l’intĂ©rieur du trou noir

L’éditorial du WP  note: «Quelle que soit la description de ce qu’il a dit, cela reste un discours mais rien dans ce cas ne semble normal. Khalil a Ă©tĂ© emmenĂ© dans un centre d’immigration du New Jersey puis rapidement transportĂ© Ă  1 300 miles jusqu’au centre de dĂ©tention de LaSalle prĂšs de Jena en Louisiane, un Ă©tablissement qui a une trĂšs mauvaise rĂ©putation rĂ©pertoriĂ© par l’American Civil Liberties Union dans une enquĂȘte de 2024 sur le systĂšme de dĂ©tention des immigrants intitulĂ©e Inside the Black Hole (À l’intĂ©rieur du trou noir, Ndlr)». 

Les autoritĂ©s de l’immigration peuvent y transfĂ©rer des dĂ©tenus mais elles n’ont pas expliquĂ© la dĂ©cision de l’éloigner de sa famille et de son avocat. Lors d’une audience de procĂ©dure Ă  New York mercredi, un juge a dĂ©cidĂ© que les autoritĂ©s pouvaient le garder en Louisiane. L’un des avocats de Khalil a dĂ©clarĂ© qu’ils n’avaient pas pu joindre leur client depuis son arrestation.

Le journal amĂ©ricain note que si le gouvernement poursuit la procĂ©dure judiciaire et que l’équipe juridique dĂ©pose un appel, l’affaire sera portĂ©e devant la Cour d’appel des États-Unis pour la cinquiĂšme circonscription situĂ©e dans la Nouvelle-OrlĂ©ans, une cour pro-Trump que les dĂ©fenseurs de l’immigration ont surnommĂ©e le «pipeline anti-immigration». Si c’était Ă  New York, l’appel aurait lieu devant la Cour d’appel pour la deuxiĂšme circonscription rĂ©putĂ©e plus libĂ©rale.

MalgrĂ© le tollĂ© mĂ©diatique entourant l’affaire, le gouvernement est restĂ© vague sur ses dĂ©tails. Bien que les procĂ©dures d’immigration ne soient pas publiques comme les affaires civiles ou pĂ©nales, l’administration Trump prĂ©voit d’utiliser Khalil comme modĂšle pour les futures expulsions.

Le comitĂ© Ă©ditorial du WP estime que public a le droit de savoir ce que prĂ©voit l’administration et si le secrĂ©taire d’État peut expulser un rĂ©sident lĂ©gal simplement parce qu’il n’apprĂ©cie pas son opinion sur un sujet dĂ©terminĂ©? Et qui sera le prochain Ă  perdre ses droits qui sont normalement garantis par le Premier amendement?

L’article L’affaire du Palestinien Mahmoud Khalil secoue les États-Unis est apparu en premier sur Kapitalis.

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