Assassinat de Yasser Abou Shabab, le traître préféré d’Israël !
Jeudi 4 décembre 2025, Israël a annoncé la mort du chef de gang qui lui est affidé Yasser Abou Shabab âgé de 31 ans. Le sulfureux personnage a été grièvement blessé lors d’affrontements entre gangs rivaux. Les Israéliens ont tenté de le sauver en le transportant au centre médical Soroka de Beer-Sheva mais il a succombé à ses blessures. La fin de ce traître marque aussi l’échec de la stratégie israélienne de financer et d’armer des gangs pour éradiquer le Hamas. (Ph. Yasser Abu Shabab, un délinquant armé par Israël pour semer la terreur à Gaza).
Imed Bahri
Le New York Times a publié une analyse d’Aaron Boxerman affirmant qu’Israël a tenté à plusieurs reprises de renforcer les gangs à Gaza pour combattre le Hamas mais cela s’est mal terminé.
Des responsables israéliens ont soutenu et armé Yasser Abou Shabab et son groupe, les Forces populaires, avant que ce dernier ne soit tué par un clan local. Boxerman soutient que la mort d’Abou Shabab, survenue jeudi, mettait en lumière une réalité cruciale : les Palestiniens armés et soutenus par Israël pour affronter le Hamas connaîtront une fin tragique.
Le groupe d’Abou Shabab était le plus puissant parmi les différentes factions armées opérant à Gaza et financées et soutenues par Israël. Les responsables israéliens ont d’abord admis avoir armé le groupe d’Abou Shabab, avant de se rétracter. De nombreux Palestiniens ont condamné Abou Shabab, le qualifiant de traître, tandis que certains Israéliens ont exprimé leur scepticisme quant à ses capacités et ses intentions. Dans une interview accordée au New York Times en octobre, il a ouvertement reconnu ses liens avec Israël, déclarant : «Il existe une coopération en matière de sécurité et pour les opérations menées dans notre région. L’objectif est d’empêcher toute infiltration terroriste», faisant référence au Hamas.
Le journal américain rapporte que le chef du gang a été tué jeudi lors d’affrontements avec un clan palestinien dans le sud de Gaza, d’après les publications de son groupe sur les réseaux sociaux.
«Destin inévitable de tout traître»
Le Hamas ne semble pas impliqué dans la mort d’Abou Shabab, qui était basé près de la ville de Rafah, dans une zone contrôlée par l’armée israélienne. Cependant, le ministère de l’Intérieur à Gaza a célébré sa mort dans un communiqué publié vendredi, la qualifiant de «destin inévitable de tout traître» et exhortant les autres membres des gangs palestiniennes proches d’Israël à se rendre avant qu’il ne soit trop tard.
On ignore si les Forces populaires survivront à la mort d’Abou Shabab. Le groupe armé a diffusé une vidéo montrant le bras droit d’Abou Shabab, Ghassan Al-Dahini, prenant le commandement du groupe. Al-Dahini, dont les affiliations étaient floues avant son ralliement aux Forces populaires, apparaît devant des hommes armés qui l’acclament et semblent très enthousiastes.
Depuis le début du conflit, Israël cherche à recruter des alliés potentiels à Gaza susceptibles de contribuer à affaiblir le contrôle du Hamas. À cette fin, elle a soutenu au moins quatre petits groupes de militants palestiniens, selon des chefs de groupe interrogés.
Après le cessez-le-feu, le Hamas a continué de contrôler environ la moitié de la bande de Gaza, tandis qu’Israël contrôlait l’autre moitié. La grande majorité des deux millions d’habitants de Gaza vivent dans la zone côtière contrôlée par le Hamas. Les milices palestiniennes anti-Hamas opéraient principalement dans le territoire sous contrôle israélien.
Les analystes considèrent les Forces populaires comme le groupe le plus important et le mieux organisé. Abou Shabab affirmait en octobre que sa zone comptait 3 000 membres, dont moins de la moitié étaient des combattants. D’autres commandants, comme Ashraf Al-Mansi dans le nord de Gaza et Husam Al-Astal à l’est de Khan Younis, déclaraient que leurs zones ne comptaient que quelques centaines de membres.
Bien que le Hamas disposât d’un avantage militaire sur les Forces populaires, ces dernières ont rapporté avoir engagé des combats avec ses combattants et ont affirmé avoir capturé l’un d’eux fin novembre.
Un passé de délinquant et de pilleur
Boxerman cite Shalom Ben-Hanan, un ancien haut responsable du Shin Bet (service de sécurité intérieure israélien), qui déclare que de petites milices aidaient à sécuriser certaines parties de Gaza pour le compte de l’armée israélienne, libérant ainsi les forces israéliennes pour d’autres opérations. Ben-Hanan ajoute : «Elles accomplissent des tâches militaires comme si elles formaient une unité militaire. Si elles n’avaient pas été là, nos forces s’en seraient chargées».
Cependant, pour la plupart des Palestiniens, le passé de délinquant et de pilleur d’Abou Shabab et ses liens avec Israël faisaient de lui un candidat inacceptable pour tout rôle de leadership futur à Gaza.
Abou Shabab, un Bédouin originaire de Rafah, au sud-est de la bande de Gaza, s’est fait connaître fin 2024 lorsqu’il a été accusé d’avoir attaqué des dizaines de convois humanitaires lors d’une crise alimentaire particulièrement grave, au plus fort du conflit. Avec ses hommes armés, ils contrôlaient une zone près du point de passage de Karam Abou Salem (que les Israéliens surnomment Kerem Shalom) à Gaza, à la frontière avec Israël. Dans une interview de l’époque, il a admis que son gang armé de kalachnikovs avait pillé plusieurs camions, tout en affirmant n’avoir pris ces marchandises que pour nourrir sa famille et ses voisins.
Georgios Petropoulos, haut responsable de l’Onu basé à Gaza à ce moment-là, l’a décrit comme «le dirigeant de facto de l’est de Rafah». Petropoulos, ainsi que d’autres membres du personnel de l’Onu qui tentaient d’acheminer de l’aide à Gaza, ont accusé Israël de fermer les yeux sur les attaques d’Abou Shebab contre les convois humanitaires.
Les pillages répétés ont provoqué la colère du Hamas, et au moins 20 membres de la milice d’Abou Shabab, dont son frère, ont été tués lors d’une fusillade avec des combattants du Hamas à la fin de l’année dernière.
Plus tôt cette année, Abou Shabab a commencé à se présenter comme un leader palestinien sur les réseaux sociaux, décrivant son groupe armé comme une «force antiterroriste» anti-Hamas. Il a publié des images qui semblaient montrer le groupe fournissant des tentes et des écoles aux personnes réfugiées dans la zone de Rafah qu’il contrôlait. Alors que de nombreux Palestiniens à Gaza souffraient de la faim en raison des restrictions israéliennes sur l’entrée de ravitaillement dans la bande de Gaza, Abou Shabab a affirmé dans une interview en octobre que sa zone était bien approvisionnée.
«Personne ne voudra s’associer à eux»
Il a déclaré qu’Israël et ses groupes, avec l’aide de la surveillance aérienne israélienne, travaillaient ensemble pour empêcher tout combattant du Hamas de pénétrer sur leur territoire. Il a également déclaré avoir fourni à l’armée israélienne les noms de ses combattants et de leurs familles dans le cadre de la coordination avec Israël.
Malgré le soutien israélien, ni le groupe d’Abou Shabab ni les autres groupes armés ne devraient constituer une menace significative pour le Hamas, a déclaré Ben-Hanan, expliquant que leurs effectifs étaient très réduits et que leurs liens avec Israël avaient terni leur réputation auprès de la plupart des Palestiniens : «Ils seront toujours perçus comme des traîtres et des collaborateurs. Personne ne voudra s’associer à eux».
Nombre de Gazaouis considèrent ces milices comme n’étant pas meilleures que les bandes qui ont profité du chaos de la guerre pour s’emparer du pouvoir. Montaser Bahjat, professeur d’anglais à Gaza, a déclaré que les Palestiniens ont besoin d’un nouveau leadership et, si nécessaire, de coopérer avec Israël pour bâtir un avenir meilleur, tout en précisant que ce leadership ne peut venir de personnes comme Abou Shabab. «Cet homme était un criminel et je ne pouvais pas accepter qu’il me représente», a-t-il affirmé.
Avant sa mort, Abou Shabab a déclaré espérer façonner l’avenir de Gaza sans le Hamas mais au-delà de cela, ses convictions restaient floues. Il a nié les accusations de trahison pour avoir collaboré avec Israël, tout en reconnaissant que certains Palestiniens considéraient ses actions comme «offensantes».
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