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Tunisie – PLF 2026 : comment la fiscalité pénalise la filière photovoltaïque

04. Dezember 2025 um 10:00

Alors que la facture énergétique pèse près de 10 milliards de dinars sur les finances publiques, soit 15% du budget de l’État, et que la dépendance au gaz algérien demeure criante, le pays vient peut-être de manquer une occasion d’accélérer sa transition vers les énergies renouvelables.

C’est l’amer constat dressé par Ali Kanzari, président de la Chambre nationale de l’énergie photovoltaïque relevant de l’UTICA. Et ce, au lendemain du rejet en session plénière de l’article 47 du PLF 2026 visant à réduire la taxation sur les panneaux solaires.

Dans l’entretien exclusif accordé à leconomistemaghrebin.com, Kanzari tire la sonnette d’alarme sur les conséquences de ce blocage législatif. Lequel pénalisera les consommateurs, étouffera un secteur dynamique et compromettra au passage la sécurité énergétique du pays.

Tout d’abord, un rappel s’impose sur les réalisations de la Tunisie en matière d’énergies renouvelables et ses objectifs, dont l’atteinte exige théoriquement une mobilisation législative, technique et administrative.

Ainsi, le pays vise à porter la part des énergies renouvelables dans la production d’électricité à 35% d’ici 2030. Or, en 2023, cette part (éolien, solaire, biogaz) n’avait atteint que 4% de la production totale d’électricité.

Kyrielle d’obstacles

Par ailleurs, les obstacles ne manquent pas : retards administratifs, difficultés de financement, contraintes sur le réseau de transport électrique. À ce tableau peu réjouissant s’ajoute désormais le rejet en session plénière de l’article 47 du projet de loi de finances 2026. Un fait face auquel notre interlocuteur ne mâche pas ses mots.

 

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Ali Kanzari confie avoir placé beaucoup d’espoir dans cette proposition, expliquant que tous les partenaires, opérateurs économiques et la structure patronale elle-même étaient alignés avec le gouvernement sur la nécessité de faciliter cette mutation énergétique. L’objectif initial était d’éliminer les barrières fiscales, à commencer par la taxation des composants photovoltaïques, identifiée comme un obstacle majeur.

En effet, selon une étude comparative citant l’Europe, le Maroc, l’Algérie, l’Égypte ou la Jordanie, les panneaux photovoltaïques sont taxés à 0% dans la plupart de ces pays. Tandis qu’en Tunisie ils font l’objet d’un prélèvement de 30%, une situation que notre interlocuteur qualifie de bloquante. Cette taxation, ajoutée à la TVA de 19%, porte le prélèvement global à près de 50% sur un bien qu’il considère comme un bien d’équipement et de production, et non un produit de luxe.

Le consommateur et l’industriel pénalisés

Le consommateur final et l’industriel supportent cette charge. Alors que les foyers et les industries tunisiens peinent déjà à payer des factures d’électricité en constante augmentation, l’alternative photovoltaïque devient financièrement hors de portée. Preuve de la sensibilité des Tunisiens à cette économie, le président de la Chambre indique qu’en décembre 2024, lorsque la rumeur d’une hausse de la taxe de 10% à 30% s’était répandue, les ventes de systèmes photovoltaïques avaient quadruplé, avant de retomber avec l’entrée en vigueur de la nouvelle fiscalité en janvier 2025. Aujourd’hui, de nombreux consommateurs et industriels qui attendaient une baisse des taxes sur le photovoltaïque sont désormais inquiets.

 

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Pourtant, le secteur du photovoltaïque représente un véritable moteur de développement économique. La Chambre syndicale fédère aujourd’hui 800 entreprises qui installent et entretiennent les systèmes, des petits projets résidentiels aux grandes concessions. Même sur les grands projets exécutés par des multinationales, 70 à 80% de la main-d’œuvre et des ingénieurs sont tunisiens. Ali Kanzari avertit qu’il s’agit d’un secteur dynamique qu’il ne faut pas freiner par ce rejet législatif…

Espoir … quand même

Malgré la déception, un espoir subsiste. Le responsable révèle que des parlementaires préparent une nouvelle proposition de loi pour réviser la taxe sur les modules photovoltaïques. Il espère qu’ils tiendront compte de la proposition de l’UTICA, qui préconise un taux de 0% de droits de douane, et se dit prêt à retourner discuter avec les commissions parlementaires concernées pour sensibiliser et défendre ce dossier.

En adressant un dernier message aux autorités, le président de la Chambre nationale de l’énergie photovoltaïque distingue l’exécutif du législatif. Il reconnaît que le gouvernement, directement concerné par le poids de la facture énergétique, était convaincu et à l’origine du projet. Son appel se tourne donc principalement vers l’Assemblée, demandant aux parlementaires de faire preuve de sagesse et de revoir leur position pour l’avenir et la sécurité énergétique du pays. Il réaffirme que seule une taxe zéro pourrait permettre cette mutation énergétique dans les meilleurs délais. Dans un contexte de stress hydrique et de déficit énergétique abyssal, la balle est désormais dans le camp des parlementaires pour déverrouiller, par la fiscalité, le potentiel solaire tunisien.

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