Normale Ansicht

Es gibt neue verfügbare Artikel. Klicken Sie, um die Seite zu aktualisieren.
Heute — 14. Juli 2025Haupt-Feeds

Kamel Daoud | «L’affaire Sansal révèle une double faillite algérienne et française»

14. Juli 2025 um 08:04

Dans une tribune publiée par ‘‘Le Point’’ , l’écrivain franco-algérien Kamel Daoud, Prix Goncourt 2024, revient avec force sur la détention de Boualem Sansal en Algérie. Il dénonce une Algérie livrée à l’arbitraire et une France engluée dans son impuissance. Une affaire emblématique d’un monde postcolonial à bout de souffle. (Ph. François Bouchon / Le Figaro).

Imed Bahri

L’affaire Sansal ne fait plus la une des journaux, mais elle continue d’agiter les consciences. Boualem Sansal, romancier reconnu et traduit dans plusieurs langues, est détenu en Algérie depuis des mois dans un climat d’opacité judiciaire et condamné à 5 ans de prison ferme. Il a 75 ans et souffre de plusieurs maladies.

Dans un éditorial publié le 10 juillet 2025 dans ‘‘Le Point’’ et intitulée ‘Sansal, les leçons d’un scandale’’, Kamel Daoud livre une lecture implacable de ce qu’il qualifie de «scandale politique et moral». Une tribune qui dépasse le cas individuel pour dresser le portrait d’un système à bout de souffle.

Répression, silence, indifférence

D’un côté, une Algérie de plus en plus autoritaire, où l’écrivain est redevenu une cible. «Le pays des révolutions est devenu celui des prisons», écrit Daoud. Boualem Sansal n’est qu’un nom parmi d’autres : artistes, militants, syndicalistes, intellectuels sont confrontés à la répression, au silence ou à la marginalisation. Le dernier en date, rappelle Daoud, est Cheb Mustapha, condamné à cinq ans de prison dans l’indifférence générale.

De l’autre côté, une France désarmée, engluée dans ses contradictions postcoloniales, entre posture humaniste et silence stratégique. «Pendant des mois, la France est restée impuissante», observe Kamel Daoud, qui dénonce un mélange de politesse diplomatique, de calculs politiques et de renoncements. La parole solennelle a remplacé l’action, la patience s’est substituée au courage.

Mais le cœur de l’analyse va plus loin : l’écrivain algérien dénonce aussi les compromissions françaises. Certains intellectuels, journalistes ou militants ont relayé les accusations du régime algérien, participant au lynchage symbolique de Sansal. D’autres, par crainte ou par posture idéologique, ont préféré le silence. «L’affaire a mis à nu les réflexes collaborationnistes», tranche Daoud.

La parole libérée est un rempart contre la peur

Ce texte résonne dans toute la région. Il parle aussi à ceux qui, ailleurs au Maghreb, observent des logiques similaires : criminalisation de la pensée, instrumentalisation de la justice, et abandon progressif des libertés fondamentales. Il dit également l’échec d’un rêve : celui d’une relation franco-maghrébine fondée sur le dialogue, la reconnaissance et la liberté. À la fin, Kamel Daoud rappelle que, face à ce double effondrement, une chose demeure : la dignité. «Lui, au moins, conserve la sienne», écrit-il à propos de Sansal. Une manière de rappeler que la parole, quand elle est tenue jusqu’au bout, peut encore faire rempart contre la peur.

L’article Kamel Daoud | «L’affaire Sansal révèle une double faillite algérienne et française» est apparu en premier sur Kapitalis.

❌
❌