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‘‘Inquilab 2020’’ │ Contre un démagogue populiste et cynique, les forces vives d’une nation

18. Mai 2025 um 08:06

En 2020, en Inde, un pays essentiellement campagnard et sous-développé, les paysans, pourtant politiquement roués et encadrés par des intellectuels souvent brillants, n’ont pas saisi l’opportunité d’un véritable changement en profondeur qu’ils auraient pu imposer d’une manière irrémédiable, avec la majorité nécessaire pour le faire.

Dr. Mounir Hanablia *

Les paysans en Chine avaient constitué la base sur laquelle s’était appuyé le Parti communiste chinois pour lutter contre l’occupation japonaise durant la seconde guerre mondiale, puis pour arracher le pouvoir au parti Kuomintang dont les débris sont toujours réfugiés aujourd’hui sur l’île de Taiwan.

En Russie en 1917, ou plutôt dans l’empire tsariste, les paysans, malgré les prétentions du parti bolchevik à représenter la classe ouvrière dans un pays sous industrialisé et largement agricole, avaient formé l’ossature de l’armée rouge des ouvriers et paysans, ainsi qu’on l’avait nommée, qui allait permettre aux communistes de s’installer à la tête du pays durant plus de 70 ans.

Curieusement, l’Inde, un pays majoritairement constitué de campagnards dont l’agriculture représente la principale source de revenus, n’a pas basculé dans la Révolution, malgré des famines cycliques, et les conflits intercommunautaires, ou bien issus de la tyrannie sociale née du système des castes prédominant dans le pays. Les partis communistes, légalisés dans le pays, n’ont jamais eu d’influence qu’au niveau régional dans quelques États périphériques dont ils ont remporté les élections comme le Kérala et le Bengal Occidental. Il y a bien eu un maquis communiste dirigé par Charu Majumdar, qu’on a qualifié de Naxalite, dans les forêts du Jharkhand, qui a fait parler de lui un certain temps en menant des attaques contre les forces de l’ordre ou leurs informateurs, mais ce maquis n’a pas bénéficié du soutien populaire qui lui aurait permis de constituer un fief, un territoire sécurisé, une république populaire, pour se lancer ensuite à la conquête du pays, comme cela s’était fait en Chine ou au Vietnam.

Le morcellement issu du communalisme et des castes n’a ainsi pas pu être surmonté par l’analyse ou la rhétorique marxiste alors que tout prédisposait le pays à un conflit social de grande ampleur dont aurait pu naître une situation révolutionnaire.

Le mouvement paysan de 2020

C’est pourquoi le mouvement paysan de 2020 dans le pays le plus peuplé au monde ne doit pas être considéré comme un événement marginal, le néolibéralisme et le marché global ayant le vent en poupe dans le monde entier. C’est justement pour exiger le retrait des lois instituées par décrets par le gouvernement communaliste hindou du démagogue autoritaire Modi, dans le but de soumettre l’agriculture indienne aux intérêts des grands groupes commerciaux et financiers nationaux et internationaux, que le soulèvement paysan est né afin d’épargner à des centaines de millions de paysans les expropriations de leurs terres en faveur de l’agrobusiness, que les trois nouvelles lois auraient imposées.

Ces lois supprimaient les prix minimums garantis des produits agricoles, restreignant les droits des fermiers à se pourvoir en justice en cas de litige avec des intermédiaires, qui ne seraient désormais plus agréés par l’Etat. Les fermiers devraient traiter avec un marché sur lequel ils n’avaient aucune prise, pas même celle de fixer les prix. Bref, ils ne seraient que de simples producteurs face à de puissantes corporations qui en seraient les principaux acteurs.

En légiférant par décrets, le gouvernement Indien avait court-circuité le Parlement sans lui soumettre les projets de lois contestés pour approbation, remettant en question l’équilibre des pouvoirs dans un pays qui se qualifie de plus grande démocratie du monde. Il était d’autant moins fondé à le faire que la Constitution indienne précisait que les questions liées à l’agriculture relevaient des parlements régionaux, et non  du pouvoir central. Et il avait choisi de le faire en pleine pandémie de Covid pendant qu’il restreignait les libertés de travailler, de circuler et de se réunir dans tout le pays.

La capacité de mobilisation des fermiers

Le fait démontre suffisamment la capacité de mobilisation de plusieurs centaines d’associations de fermiers et leur détermination dans des conditions aussi défavorables. Le noyau de la contestation s’est situé au Punjab, un des États les plus prospères de la Fédération Indienne, considéré dans les années 70 comme le grenier à blé de l’Inde après ce qu’on a appelé la Révolution Verte. Le cœur en a été la communauté Sikhe dont, outre les réseaux de solidarité autour d’une croyance monothéiste commune, l’Histoire est celle d’une lutte ininterrompue contre l’oppression et l’injustice du pouvoir, et dont l’idéal est le service de la communauté.

Ainsi les temples sikhs disposent tous de cuisines animées par des fidèles volontaires, afin de distribuer des repas gratuits à tous ceux qui se présenteraient, indépendamment de leurs race, sexe, ou conviction religieuse. Ce haut idéal humaniste a facilité la mobilisation des milliers de paysans du Punjab dont la capacité d’organisation et l’idéal communautaire étaient si on peut dire rodés depuis des siècles. Des milliers d’hommes, de femmes, de vieillards venus dans leurs tracteurs, camions, et camionnettes, ont ainsi établi des camps mobiles le long des routes convergeant vers la capitale, dont tous les jours ils se rapprochaient encore plus.

Le gouvernement indien, tout comme ceux qui l’ont précédé, n’étant nullement désireux de voir sa capitale envahie par une contestation jugée menaçante, envoya les unités centrales de la police épauler les unités régionales afin d’empêcher les contestataires de passer, si possible de les disperser. Les manifestants furent donc confrontés à la brutalité policière, mais ils persistèrent.

Il vint donc un moment, début décembre, alors que le froid de l’hiver se faisait sentir, où les paysans se trouvèrent bloqués en rase campagne par les forces de l’ordre avec les routes vers la capitale coupée. Des camps permanents furent ainsi montés avec entre autres bibliothèques, gymnase, cinémas, ravitaillement quotidien en provenance des campagnes, cuisine, voirie, et même des dispensaires, animés par les centaines de volontaires venus apporter leur aide. Et le mouvement a fait tache d’huile dans les autres Etats de la fédération dont les fermiers étaient aussi intéressés par le retrait des lois contestées.

Toujours est-il, au moment où les paysans entamaient des négociations avec le gouvernement, qu’ils décidaient de mettre la pression en bloquant le chemin de fer au niveau régional, entraînant l’épuisement rapide des stocks de charbon, et la fermeture de plusieurs centrales électriques nécessaires au fonctionnement de l’industrie.

Le louvoiement du gouvernement

En un peu plus d’un mois, il y eut environ six réunions entre les représentants des fermiers et du gouvernement, qui n’aboutirent pas, les premiers exigeant les retraits des lois, et les seconds s’obstinant à ne discuter que d’amendements. Naturellement le gouvernement entama une campagne de propagande de grande ampleur, relayée par des médias aux ordres appartenant aux grands groupes commerciaux désireux de voir les lois appliquées à leur bénéfice. Ils présentaient les fermiers comme des naxalites, guérilleros communistes, ou bien Punjab oblige, des khalistanis.

En effet, dans les années 80, l’armée indienne avait détruit le Temple d’Or d’Amritsar, le lieu le plus saint du sikhisme, parce que s’y étaient réfugiés des séparatistes exigeant la création d’un Etat sikh indépendant, le Khalistan. Une actrice  de Bollywood devenue députée appuyait les thèses du premier ministre Modi.

Face à cette campagne de désinformation, les contestataires répliquaient par un usage intensif de l’Internet afin d’informer régulièrement leurs propres partisans tout en acquérant la sympathie de leurs compatriotes, émus par la mort d’une cinquantaine de manifestants, souvent âgées, de froid, ou de maladie. Il y eut même un suicide de protestation, afin de rappeler que les suicides de fermiers, endettés irrémédiablement, représentaient plus de 11% du total dans le pays, sur 25 ans.

Malgré cela, le gouvernement s’obstinait, arguait du bien-fondé de sa politique, récusée par les fermiers, les partis d’opposition, et de plus en plus les différents segments de la société civile que rebutaient sa dérive autoritaire remettant en cause le fonctionnement des institutions démocratiques, tout comme les méthodes policières utilisées pour réprimer les manifestants, de plus en plus soutenus par une opinion publique internationale influencée par les communautés indiennes établies aux Etats-Unis et au Canada.

Le Canada s’invite dans la crise

Le Premier ministre Justin Trudeau du Canada n’hésitait pas à monter au créneau pour exprimer sa solidarité avec ses compatriotes originaires d’Inde inquiets du sort de leurs proches demeurés dans ce pays, luttant pacifiquement pour préserver leurs droits. Trudeau dénoncerait quelques années plus tard l’assassinat de militants sikhs au Canada en l’attribuant aux services secrets indiens, déclenchant une crise diplomatique entre les deux pays. 

Le fait le plus marquant est que le mouvement paysan, en utilisant des moyens pacifiques, était ainsi devenu une menace pour le pouvoir parce qu’il avait réussi à surmonter les différences de castes et de religions entre Hindous et Musulmans, dont le parti suprémaciste Hindou au pouvoir, le BJP, avait fait son cheval de bataille, en instaurant le fameux registre national et la réforme sur la nationalité faisant des musulmans des citoyens sans droits dans leur propre pays.

Le mouvement paysan avait fédéré les différents mécontentements contre la politique cynique d’un gouvernement qui n’hésitait pas à importer de l’étranger à des prix supérieurs les produits disponibles sur le marché intérieur, afin de casser la production locale et punir les fermiers, quand il ne les soumettait pas à des représailles fiscales.

Des personnalités éminentes et des sportifs avaient même rendu les décorations dont l’État Indien les avait honorés, en signe de protestation, un symbole fort remettant ainsi en question implicitement l’unité du pays.

L’impossible révolution

Le livre, écrit comme un journal par une adolescente punjabi sikhe de 16 ans suffisamment cultivée pour citer des passages de pièces de Shakespeare, s’interrompt en janvier 2021 alors que les deux parties n’ont pas encore trouvé d’accord.

En fait, il faudra une année au gouvernement pour céder et se résoudre à l’annulation des lois en question. Ce n’est pas la menace de désintégration du pays qui l’a fait reculer, mais plutôt la perspective d’une défaite électorale sans précédent. Et les élections de 2024 viendront confirmer le recul électoral de M. Modi qui ne disposera plus de la majorité absolue au parlement.

Évidemment nul ne contestera que les fermiers indiens ont remporté une grande victoire en réalisant leurs objectifs contre un pouvoir sans scrupules soutenu par le marché global et les forces de la mondialisation. Néanmoins, après cela, leur mouvement s’est immédiatement auto-dissous. Et les perspectives entrevues d’une société libérée de la tyrannie des castes et du communalisme ne se sont pas réalisées, parce qu’aucun parti politique nouveau n’a émergé pour en faire programme réalisable, les partis traditionnels en étant incapables.

Ainsi dans un pays qui demeure essentiellement campagnard et sous-développé, avec quelques poches d’opulence autour de mégalopoles surpeuplées, les paysans, pourtant politiquement roués et encadrés par des intellectuels souvent brillants, n’ont pas saisi l’opportunité d’un véritable changement en profondeur qu’ils auraient pu imposer d’une manière irrémédiable, avec la majorité nécessaire pour le faire. Leur victoire, obtenue par leur sens de l’organisation, leur combativité, leur sacrifice, leur persévérance, et leur solidarité, n’est donc pas définitive, et demeure tributaire d’une volonté politique qui n’aura de cesse de la remettre en question dès lors que l’opportunité pour le faire se présentera.   

* Médecin de libre pratique.

‘Inquilab-2020 : The United Indian Peasant Movement’’, de Amarveer Kaur, éd. Notion Press, 14 février 2021, 270 pages.

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Canada : plus de 1 000 personnes évacuées face à des feux de forêt incontrôlables

Von: La Presse
15. Mai 2025 um 10:19

La saison des feux a débuté au Canada, et plus de 1 000 personnes ont été évacuées dans le centre du pays, où des dizaines d’incendies de forêt faisaient rage mercredi. Les autorités redoutent un été particulièrement difficile dans plusieurs régions.

À l’échelle nationale, l’un des plus vastes pays du monde, 92 incendies sont actuellement actifs et plus de 260 000 hectares ont déjà brûlé depuis le début de l’année.

Dans le centre et l’ouest du pays, les conditions sont anormalement chaudes, sèches et venteuses, selon les autorités, ce qui favorise l’éclosion et la propagation des feux.

Plusieurs ordres d’évacuation ont été émis ces derniers jours. En particulier, 1 000 habitants du hameau de Lac-du-Bonnet, dans la province du Manitoba, ont dû être évacués en urgence ces dernières heures.

« La journée a été très difficile », a déclaré mercredi Loren Schinkel, maire de ce village situé à une centaine de kilomètres au nord de Winnipeg (centre).

Selon lui, les flammes ont « très rapidement » gagné du terrain à cause des vents violents, détruisant plusieurs habitations.

En tout, 24 incendies de forêt sont actifs dans la province, dont cinq sont considérés comme hors de contrôle. L’un d’eux, situé à la frontière avec l’Ontario, s’étend sur plus de 100 000 hectares.

La situation est « très difficile », a confirmé Kristin Hayward, du service des incendies de forêt du Manitoba, lors d’une conférence de presse. « Il fait très chaud, les conditions sont sèches, et nous avons eu plusieurs journées très venteuses », a-t-elle précisé.

Des dizaines de feux de forêt sont également en activité dans les provinces de l’Ontario, de la Colombie-Britannique, de l’Alberta et de la Saskatchewan.

Selon les prévisions, la saison des incendies pourrait être « supérieure à la normale » dans le centre et l’ouest du Canada en juin et juillet, et « bien au-dessus de la moyenne » en août, notamment à cause de la sécheresse grave ou extrême qui persiste dans plusieurs régions.

Avec le réchauffement climatique, le Canada est de plus en plus exposé à des événements météorologiques extrêmes. En 2023, le pays a connu la pire saison des feux de forêt de son histoire.

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