Les Gazaouis à Trump: «Si ce que nous vivons n’est pas l’enfer alors qu’est-ce que l’enfer?»
La menace du président élu américain Donald Trump d’ouvrir les portes de l’enfer au Moyen-Orient si les prisonniers israéliens détenus à Gaza ne sont pas libérés moins de deux semaines avant son investiture a stupéfié les Palestiniens et les amenés à lui répliquer: «Si nous ne sommes pas déjà en enfer alors qu’est-ce que l’enfer?», rapporte le New York Times (NYT).
Imed Bahri
Trump avait écrit un message sur les réseaux sociaux dans lequel il menaçait les responsables de la mort du détenu américano-israélien Omar Neutra -dont la famille croyait qu’il était encore en vie à Gaza- que le prix à payer sera l’enfer si les détenus israéliens encore en vie ne sont pas libérés avant son investiture le 20 de ce mois.
Il a menacé les responsables de la détention, en l’occurrence la brigade Ezzeddine Al-Qassem et les autres factions palestiniennes, en leur disant qu’ils recevraient «des coups plus sévères que quiconque n’en a reçu dans la longue et riche histoire des États-Unis d’Amérique», en leur intimant l’ordre: «Libérez les prisonniers maintenant.»
Le NYT a rappelé que près de deux millions de Palestiniens vivent à Gaza depuis plus d’un an sans abri, souffrant de graves pénuries de nourriture et de médicaments et sont sous la menace constante des frappes aériennes israéliennes.
De tout cela, M. Trump ne tient pas rigueur, ce qui l’intéresse c’est uniquement les quelques détenus israéliens encore retenus dans la bande de Gaza.
Un effroyable et interminable génocide
Quant aux Palestiniens qui subissent un effroyable et interminable génocide depuis un an et trois mois et ceux d’entre eux qui sont kidnappés et qui subissent les pires tortures dans les sinistres prisons israéliennes, il n’en a cure.
Le journal américain a cité un citoyen palestinien du nom d’Alaa Essam âgé de 33 ans de Deir Al-Balah dans le centre de Gaza qui a déclaré: «Je ne pense pas qu’il (Trump) comprenne la situation ici. C’est vraiment l’enfer.»
Les négociations visant à mettre fin à la guerre entre Israël et le Mouvement de résistance islamique Hamas n’ont pas beaucoup progressé, laissant les civils de Gaza pris entre deux feux avec peu d’espoir pour l’avenir, rappelle le NYT.
«Nous sommes massivement tués depuis 15 mois. Nous avons subi deux hivers rigoureux sous des tentes et deux étés caniculaires qui ont pourri notre nourriture. Nous avons été exposés à la famine et des gens sont morts de faim en plus des bombardements sauvages et continus partout dans la bande de Gaza», a ajouté Essam.
La vie des Gazaouis est pire que l’enfer
Akram Al-Satri, 47 ans, traducteur indépendant de Khan Yunis, dans le sud de la bande de Gaza, s’est dit surpris que «Trump ne sache pas que Gaza est privée de toute forme de vie et qu’il pense pouvoir ajouter l’enfer à cet enfer à tout moment alors qu’Israël n’a épargné aucun effort pour transformer la vie des Gazaouis en quelque chose de pire que l’enfer.» «Nous voyons des bombes tomber sur nos têtes tous les jours, et nous vivons dans une réalité misérable qui est plus mortelle et destructrice que l’enfer lui-même», a-t-il ajouté
La plupart des Gazaouis tiennent Israël pour largement responsable des massacres et des destructions qu’ils subissent, mais le journal new-yorkais affirme que beaucoup d’entre eux tiennent également le Hamas pour partiellement responsable lui aussi de cette situation. Abdul Aziz Saeed, 33 ans, de Deir Al-Balah, a déclaré, à ce propos, que le Hamas affirme que l’une de ses priorités est de mettre fin à la guerre, mais il n’agit pas dans ce sens. Cependant, tous les observateurs qui suivent les négociations d’un cessez-le-feu savent pertinemment que c’est Netanyahu qui, à chaque fois, que les négociateurs s’approchent d’un accord, fait marche arrière. Une tactique devenue routinière chez le Premier ministre israélien pour ne pas décevoir ses alliés d’extrême-droite qui ne veulent pas entendre parler de la fin de la guerre jusqu’à là destruction totale du Hamas et la colonisation de la bande de Gaza.
Washington poursuit sa politique pro-israélienne
Trump s’est adressé aux journalistes mardi et leur a dit: «Je ne veux pas nuire aux négociations liées à l’échange de prisonniers et à l’accord sur un cessez-le-feu». Et son envoyé spécial au Moyen-Orient, Steven Witkoff, devrait se joindre aux pourparlers dans la capitale qatarie Doha à la fin cette semaine. Mais le président élu américain a été clair dans sa menace selon laquelle des conséquences désastreuses s’ensuivraient si le Hamas refusait de libérer les 100 prisonniers israéliens qu’il détenait et dont au moins un tiers sont présumés morts, rappelle le NYT. «Ce ne serait bon, franchement, pour personne. Et si l’accord n’est pas conclu avant ma prise de fonctions le 20 janvier, l’enfer se déchaînera au Moyen-Orient», a-t-il lancé.
Ces déclarations ont eu un écho dans toute la bande de Gaza mercredi et certains civils ont compris qu’elles signifiaient que les Palestiniens seraient punis et non Israël si un accord sur les détenus n’était pas trouvé d’ici l’investiture de Trump.
De nombreux habitants de Gaza rencontrés par le NYT mercredi ont exprimé leur crainte de voir Trump continuer à adopter des politiques pro-israéliennes comme il l’a fait lors de son premier mandat entre 2017 et 2021. Trump avait déplacé l’ambassade américaine en Israël de Tel Aviv à Jérusalem qu’il a reconnu capitale éternelle et indivisible d’Israël et a reconnu la souveraineté de l’Etat hébreu sur le plateau du Golan, territoire syrien occupé depuis la guerre des Six Jours en juin 1967.
Les Palestiniens et les Arabes de la région redoutent également que Trump laisse Israël rattacher la Cisjordanie, reconnaisse ce rattachement et qu’il laisse faire également l’occupation d’une partie de la bande de Gaza.
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