Investissement : Le maintien du taux directeur à 8% provoque une polémique
La décision du Conseil d’administration de la Banque centrale de Tunisie (BCT) de maintenir le taux directeur inchangé à 8%, lors de sa réunion du 28 décembre 2024, a été fortement critiquée par les analystes.
Dans son communiqué le Conseil d’Administration de la BCT, réputé pour être exagérément conservateur a justifié sa décision au regard des risques entourant la trajectoire de l’inflation.
Le Conseil reconnait certes que “les dernières prévisions tablent sur une poursuite de l’orientation baissière graduelle de l’inflation quoiqu’à un rythme plus lent que prévu précédemment”.
“En termes de moyennes annuelles, le taux d’inflation devrait se situer à 7% pour l’ensemble de l’année 2024 avant de revenir à 6,2% en 2025”, lit-on dans le communiqué de la BCT.
Mais, en même temps, le Conseil redoute que “les hausses attendues des salaires, aussi bien dans le secteur privé que public, devraient ralentir le rythme de la baisse de l’inflation à court terme. Ces hausses devraient occasionner des pressions sur les coûts de production et stimuler davantage la demande dans un contexte marqué par un faible dynamisme des capacités de production”.
Morale de l’histoire : le Conseil estime que “la trajectoire future de l’inflation reste entourée de plusieurs risques haussiers. Elle serait tributaire de l’évolution des prix internationaux des produits de base et des matières premières et de la capacité à gérer les déséquilibres des finances publiques”.
Le Conseil considère que la persistance de l’inflation à des niveaux relativement élevés et la présence des risques haussiers significatifs, à court et à moyen terme, pourraient altérer la stabilité des prix et entraver le processus de consolidation des capacités économiques et financières du pays. Dans ce contexte, le Conseil a décidé de maintenir inchangé à 8% le taux directeur de la Banque Centrale de Tunisie”.
Invité par la radio privée Express FM à donner son avis sur la décision du conseil d’administration de la BCT, l’universitaire et économiste, Ridha Chkoundali, s’est dit «surpris» par cette décision avant d’ajouter avec humour : à travers cette décision “la BCT avait exprimé son intention de contribuer à l’augmentation du taux de croissance”.
L’économiste a tenu à faire assumer aux budgétistes (le gouvernement) la responsabilité de l’augmentation de l’inflation. Il a estimé que “sa hausse est principalement due aux obstacles à l’investissement privé, à l’instar de la forte taxation, la complexité des procédures administratives et le climat défavorable à l’investissement”.
Il faut reconnaître que la décision de la BCT de maintenir inchangé le taux directeur et de compromettre, par conséquence la relance de la croissance, réactive la polémique d’antan sur la non coordination entre monétaristes et budgétistes.
ABS