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USA–Iran : et si le business l’emportait sur le bruit des bottes ?

12. April 2025 um 10:50

Des négociations sur le nucléaire iranien vont se tenir dans le sultanat d’Oman, ce samedi 12 avril, entre Washington et Téhéran. Les déclarations, mercredi 9 avril 2025, du président iranien, Massoud Pezeshkian, – révélant que son pays est ouvert à des investissements américains – peuvent-elles dégeler 45 ans de froid entre les deux pays ?

 

« Si l’on nous parle avec respect, nous négocierons ». C’est ce qu’a affirmé, vendredi, Fatemeh Mohajerani, porte-parole du gouvernement iranien, qui ajoute que l’Iran désire parvenir à un accord « sérieux et équitable » avec les États-Unis sur le nucléaire. Elle confirme ainsi la tenue de pourparlers « indirects » avec Washington qui se feront « uniquement par l’intermédiaire d’un médiateur » et qui se tiennent ce samedi 12 avril à Oman.

Une première dans les relations tumultueuses entre les deux pays, qui vise à relancer l’accord de 2015, devenu de facto caduc après le retrait brutal des Américains en 2018 sous l’impulsion de Donald Trump.

« La balle est dans le camp de l’Amérique »

Pour sa part, Ali Shamkhani, conseiller du guide suprême Ali Khamenei, a affirmé que Téhéran négociait « de bonne foi », en dépit des menaces américaines d’intervention militaire en cas d’échec et malgré le fait que l’administration américaine a imposé cette semaine de nouvelles sanctions contre l’Iran, visant son programme nucléaire et son industrie pétrolière. Le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, Esmaïl Baghaï, a souligné de son côté que l’Iran évaluera « le sérieux » de la partie américaine durant les discussions.

Enfin, le ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araghchi, a réagi sur la plateforme X – pourtant interdite en Iran – en insistant sur le caractère « indirect » de ces discussions. « C’est autant une opportunité qu’un test », a-t-il écrit. « La balle est dans le camp de l’Amérique ».

Menaces

Faut-il considérer le retour à la table des négociations, même de manière indirecte, comme un tournant après 45 ans de froid, de blocages et d’escalade verbale autour du programme nucléaire iranien ? Et ce, sur fond de menaces militaires, d’ultimatum de Donald Trump concrétisé par l’envoi de plusieurs bombardiers stratégiques B-2 sur leur base militaire de Diego Garcia, une île de l’archipel de Chago, située dans l’océan Indien. D’où des avions capables de viser des infrastructures militaires ou critiques en Iran peuvent partir.

Pour rappel, le programme nucléaire iranien suscite des inquiétudes profondes surtout en Israël et par ricochet aux États-Unis ; d’autant plus que l’Iran aura porté son enrichissement d’uranium à 60%, proche du seuil nécessaire pour une arme nucléaire.

À ce propos, selon l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), l’Iran pourrait atteindre les 90% d’uranium enrichi en quelques semaines ; ses centrifuges ayant la capacité de fabriquer une bombe, mais le régime des mollahs n’a pas encore franchi le pas faute d’une décision politique, en l’occurrence une fatwa émanant du guide suprême Ali Khamenei en personne.

Le poids des mots

Mais n’allons pas vite en besogne, car dans les relations explosives et à fleur de peau entre Washington et Téhéran, le choix des mots est crucial : s’agit-il d’une rencontre officielle « directe » entre l’émissaire américain pour le Moyen-Orient, Steve Witkoff, et le ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araghchi, ou d’une rencontre « indirecte » durant laquelle des intermédiaires relaieront les discussions entre les deux parties ?

Donald Trump a pour sa part annoncé la tenue de cette rencontre « de haut niveau », en précisant que Washington mènerait des discussions « directes » avec Téhéran sur son programme nucléaire.

Ces propos ont été aussitôt contredits par le ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araghchi, cité par l’agence officielle Irna, se disant prêt à discuter avec le grand Satan tout en rejetant un dialogue direct. « Ces négociations seront menées de manière indirecte et nous n’accepterons aucune autre forme de négociation », a ainsi tranché le chef de la diplomatie iranienne.

« Il ne s’agit pas d’une négociation », a rebondi la porte-parole du département d’État, Tammy Bruce, parlant plutôt de « déterminer ce qui est possible dans les conversations » avec Téhéran.

En conclusion, il s’agit selon elle d’une « prise de contact. C’est une rencontre, pas une négociation ».

Place aux affaires

À noter à ce propos que ce n’est pas le secrétaire d’État, Marco Rubio, qui a été choisi pour se rendre à Mascate mais Steve Witkoff, un fidèle de Donald Trump qui a fait fortune dans l’immobilier et n’est pas issu du milieu diplomatique, mais du monde des affaires.

Un détail qui n’a pas échappé aux Iraniens. D’où les déclarations, mercredi dernier, du président iranien Massoud Pezeshkian disant son pays ouvert à des investissements américains, lors d’un discours diffusé par la télévision d’État.

« Il y a une volonté de flatter peut-être Witkoff et indirectement Trump en adoptant une grammaire qui leur parle, en faisant miroiter tout ce que pourrait représenter finalement pour les États-Unis un accord conduisant à une levée des sanctions américaines sur l’Iran », relève un fin observateur de l’entourage présidentiel.

De là à soupçonner un parfum de business qui flotte dans l’air…

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