Asim Munir, le nouvel homme fort du Pakistan, se rapproche de Donald Trump
Au Pakistan, l’armée a toujours été puissante cependant des dynasties politiques ont souvent occupé le devant de la scène à l’instar des Bhutto et des Sharif ou bien des personnalités comme l’ancienne gloire du cricket Imran Khan mais aujourd’hui, l’homme dont tout le monde parle n’est ni le président Asif Ali Zardari (veuf de Benazir Bhutto) ni le Premier ministre Shahbaz Sharif qui a été reçu à déjeuner par le président américain mais le chef de l’armée le maréchal Asim Munir. Des signes positifs apparaissent notamment dans le domaine militaire après des années de tumulte entre Washington et Islamabad. En même temps, l’Inde semble tomber en disgrâce aux yeux du président américain.
Imed Bahri
Dans une enquête consacrée au nouvel homme fort du Pakistan, The Economist rapporte que le chef de l’armée pakistanaise, vivement critiqué pour son ingérence politique, ne souhaite rien d’autre que des relations privilégiées avec les États-Unis et les éloigner de l’Inde.
Le magazine britannique indique que le déjeuner en privé entre le maréchal et Donald Trump après la brève guerre entre le Pakistan et l’Inde reflète un changement de la politique américaine concernant l’Inde, la Chine et le Moyen-Orient.
Le Pakistan, accablé par la dette et la violence des insurgés, avait été marginalisé de la scène géopolitique pendant une longue période, durant laquelle les États-Unis et d’autres pays riches courtisaient l’Inde, grande rivale d’Islamabad.
Après la détérioration des relations étroites entre les États-Unis et le Pakistan suite à l’assassinat du chef d’Al-Qaïda, Oussama ben Laden au Pakistan en 2011, Trump avait salué un nouvel accord commercial avec le Pakistan, qualifié l’Inde d’économie morte et lui a imposé des droits de douane de 25%.
Le Pakistan à un tournant
The Economist estime que les États-Unis et le Pakistan reconstruisent actuellement leurs relations en mettant l’accent sur le commerce, la lutte contre le terrorisme et les consultations sur la politique au Moyen-Orient. Les États-Unis pourraient à nouveau vendre des armes au Pakistan, qui reçoit actuellement environ les quatre cinquièmes de ses armes de Chine. Cela signifie que la politique pakistanaise est également à un tournant.
Bien que l’ex-chef de gouvernement destitué et ancien joueur de cricket aujourd’hui emprisonné Imran Khan bénéficie toujours d’un large soutien populaire, la popularité du maréchal Munir a explosé depuis la guerre avec l’Inde et des rumeurs circulent selon lesquelles il pourrait également devenir président, inaugurant ainsi un quatrième mandat de régime militaire pour le Pakistan depuis son indépendance en 1947.
Le magazine britannique a averti que l’avenir du deuxième plus grand pays musulman du monde et ses relations avec l’Amérique, l’Inde et la Chine dépendent de plus en plus des souhaits précis du maréchal Munir. Le porte-parole de l’armée pakistanaise, le général Ahmad Sharif Chaudhry, a déclaré que les rumeurs d’une accession du maréchal à la présidence étaient «absurdes».
Un homme pieux et pragmatique
Contrairement à la plupart des commandants militaires, le maréchal est le fils d’un imam a été éduqué dans une école religieuse et connaît le Coran par cœur. Il est le premier chef d’état-major pakistanais à ne pas avoir reçu de formation aux États-Unis ou en Grande-Bretagne. Cependant, Chaudhry affirme qu’il connaît parfaitement l’Occident et s’oppose fermement aux groupes djihadistes opérant sur le sol pakistanais.
Certains de ceux qui ont rencontré le chef d’état-major le décrivent comme un homme pieux et pragmatique, s’intéressant vivement à l’économie et admirant les efforts de modernisation menés par le prince héritier Mohammed ben Salmane en Arabie saoudite. Ils le décrivent également comme vindicatif, colérique et doté d’un plus grand goût du risque que son prédécesseur qui privilégiait une diplomatie discrète, finalement vaine avec l’Inde.
Dans un discours prononcé par le maréchal Bhutto avant la récente guerre avec l’Inde, certains ont suggéré qu’il improvisait lorsqu’il évoquait l’impossibilité d’une coexistence hindoue-musulmane au sein d’un seul État, décrivant le Cachemire comme la «veine de l’Inde». Chaudhry a déclaré que le maréchal a exprimé ce qu’il représente et ce pour quoi il est prêt à mourir, en partie en réponse à la montée du nationalisme hindou en Inde, porté par le Premier ministre Narendra Modi.
Si les ambitions politiques d’Asim Munir sont incertaines, certains spéculent sur sa possible accession prochaine à la présidence, capitalisant sur sa popularité nationale et le penchant de Trump pour les hommes forts. Cela consoliderait son pouvoir et atténuerait le risque qu’un gouvernement civil moins obéissant le remplace à la tête de l’armée à l’expiration de son mandat actuel en 2027.
Le journal s’attend à ce que le maréchal bénéficie du soutien américain, après avoir récemment été salué pour avoir tué et capturé des dirigeants d’une branche locale de l’État islamique.
A mi-chemin entre les Etats-Unis et la Chine
Le Pakistan est également présenté comme pouvant promouvoir les intérêts américains auprès de l’Iran et ses efforts pour persuader davantage de pays musulmans d’établir des relations diplomatiques avec Israël.
Les États-Unis ont en effet assoupli leurs critiques à l’égard du programme pakistanais de missiles balistiques à longue portée, que les responsables de l’administration de l’ancien président Joe Biden considéraient comme une menace pour l’Amérique. Ils ont également repris certains programmes d’aide et envisagent de vendre des armes, notamment des véhicules blindés et des lunettes de vision nocturne, pour aider le Pakistan à combattre les insurgés locaux.
The Economist conclut que le maréchal souhaite construire une relation plus durable et multiforme avec les États-Unis, malgré le climat d’investissement défavorable au Pakistan et la méfiance mutuelle entourant la lutte antiterroriste. Cela intervient à un moment où le Pakistan s’efforce de garantir que sa relation avec les États-Unis ne se fasse pas au détriment de la Chine.
Quant à son ennemi, l’Inde, le maréchal Munir Asim souhaite l’amener à la table des négociations, même si son Premier ministre, Narendra Modi, est déterminé à résister et s’est engagé à répondre à toute nouvelle «attaque terroriste» par une nouvelle action militaire.
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