“Art’Bohème” est le titre d’une exposition d’arts plastiques dédiée à la mémoire de l’artiste peintre tunisien Lamine Sassi, (décédé le 24 octobre 2024), qui se tiendra du 10 janvier au 10 février 2025.
Le vernissage, prévu pour le 10 janvier à partir de 17H00, marquera l’inauguration officielle du nouveau centre culturel, librairie et galerie d’art La Petite Scène, situé au centre-ville de Tunis.
Plus de vingt artistes, ses amis des années bohème, participeront à cette exposition où chaque artiste présentera une œuvre aux côtés d’une dizaine d’aquarelles et de peintures de Lamine Sassi.
Lamine Sassi “peintre de la lumière”, comme le décrit avec le curateur d’art, l’artiste, photographe, poète et critique Mahmoud Chalbi est souvent décrit comme un peintre dont l’œuvre est imprégnée d’une profonde sensibilité et d’une maîtrise harmonieuse des couleurs. Ses tableaux représentent fréquemment des figures humaines, principalement féminines, qu’il dépeint avec une sensualité subtile mêlée de mélancolie et de romantisme.
Au cours de sa carrière, Lamine Sassi a reçu plusieurs distinctions, dont le Prix national des arts plastiques en 2010, le Grand Prix de la ville de Tunis pour les arts plastiques à deux reprises, et le Premier Prix de l’Union des artistes plasticiens tunisiens en 1995. Il a également remporté la médaille d’or à la Biennale du Koweit en 1989.
Né le 6 avril 1951, Lamine Sassi est décédé le 24 octobre 2024 à l’âge de 73 ans.
Une exposition hommage au peintre Lamine Sassi, décédé le 24 octobre 2024 à l’âge de 74 ans, se tiendra du 10 janvier au 10 février 2024 à La Petite Scène, centre culturel sis au 4 rue Pierre de Coubertin, au centre-ville de Tunis, sous le titre «Art-Bohème», avec la participation des amis du peintre défunt.
Saoussen Nighaoui *
Lamine Sassi nous a quittés l’automne dernier. Ses amis peintres et artistes l’ont pleuré mais ils se sont vite ressaisis, se rappelant ses phrases retentissantes lorsqu’il disait en rigolant entre deux verres : «Celui qui vit d’art et de peintures ne mourra pas». Ce fut un artiste peintre dont les œuvres étaient unanimement appréciées (et les plus vendues) partout où elles ont été exposées.
Plusieurs de ses tableaux ont été acquis par le ministère de la Culture dans le cadre de la Commission d’achat d’œuvres plastiques et des dizaines d’autres ont été acquis par des collectionneurs privés. Ils sont très prisés et à chacune de ses expositions, les amateurs d’art se précipitent pour en acquérir.
Plusieurs collègues du défunt peintre exposeront à cette occasion des œuvres à sa mémoire. Certains le connaissent bien pour être de ses amis, d’autres le connaissent moins personnellement mais apprécient son œuvre et respectent son talent. Parmi eux, Dali Belkadhi, Naceur Ben Cheikh, Thouraya Ben Guebila, Mohsen Ben Rais, Omar Bey, Kaouther Bourissa, Mahmoud Chalbi, Mohamed Chelbi, Najet Gherissi, Bessma Haddaoui, Mourad Harbaoui, Zin Harbaoui, Aicha Ibrahim, Emna Kahouaji, Zied Lasram, Hamdi Mazhoudi, Yosra Mzoughi, Manoubia Meski, Saoussen Nighaoui, Mohamed Rajah, Mondher Shelby, Rabaa Slik, Selima Tria et Mourad Zerai.
A u centre de cette exposition, les visiteurs découvriront un portrait de Lamine Sassi réalisé par son ami Tarek Belhaj Yahia, un portraitiste de talent.
L’occasion sera bonne pour rappeler le parcours du peintre et ses performances depuis ses années d’étude à l’Ecole des Beaux-arts avec ses premiers enseignants qui lui ont transmis le plaisir de peindre en liberté, dont Ridha Ben Abdallah et Naceur Ben Cheikh.
Lamine Sassi fait partie de la première génération à avoir développé l’art contemporain en Tunisie avec les expositions de la galerie Irtissem en 1971. Petit-à-petit, il a construit son propre espace pictural avec des continuités et des ruptures et un dynamisme extraordinaire. Il a exposé la première fois en 1976. A cette époque, Habib Bouabana, Lamine Sassi et Faouzi Chtioui constituaient un trio inséparable.
Portrait de Lamine Sassi par Tarek Belhaj Yahia.
A ses débuts, la démarche picturale de Lamine Sassi était basée sur la spontanéité du geste graphique sur un support plastique. Elle se caractérisait aussi par l’insertion de signes issus du patrimoine tunisien.
Par la suite, il essayera de développer une peinture abstraite avec des associations de plages de couleurs où les éléments graphiques sont enveloppés dans des effets de lumière et de couleur.
Après un stage à la Cité des arts de Paris où il a pu prendre connaissance de toutes les nouveautés dans le domaine des arts plastiques, il a commencé à développer une autre démarche où il récupère la figuration mais de façon libre.
De 1981 à nos jours, et c’est la deuxième phase de la démarche picturale de Sassi, il adopte la même démarche mais ponctuée de choix nouveaux et multiples : une peinture où les formes sont enchevêtrées et les expressions des personnages peints sont dramatiques, mais non dénuées de poésie.
Sa technique est la même mais avec des différenciations. Le jet spontané de la couleur crée un chaos pictural, mais un chaos ordonné par une inspiration poétique : «Il jette la couleur, puis la soustrait avec un chiffon et en installe l’ombre et la lumière pour créer une ambiance singulière», explique un critique.