L’exode des cerveaux: Quel avenir pour la Tunisie ?
Durant la dernière décennie, l’exode des cerveaux s’est considérablement aggravé. Beaucoup de jeunes compétents (ingénieurs, médecins, enseignants-chercheurs…) ont choisi de quitter le pays pour aller s’installer de l’autre côté de la Méditerranée dans l’espoir de trouver de meilleures conditions de vie.
Rien qu’en 2022, pas moins de 1 600 médecins des 1 900 médecins formés dans les facultés tunisiennes ont quitté le pays. Idem dans le domaine de l’ingénierie. D’après l’ancien président de l’Ordre des ingénieurs tunisiens (OIT), Kamel Sahnoun, 39 000 ingénieurs tunisiens ont quitté le pays sur un total de 90 000 ingénieurs inscrits dans l’ordre.
Plusieurs raisons expliquent ce phénomène. La première est l’impossibilité d’atteindre une stabilité financière en Tunisie. Nos compétences ne quittent pas le pays par désamour ou par manque de patriotisme, mais parce qu’elles aspirent à des salaires dignes des longues années d’études et de formation qu’elles ont suivies.
En effet, en Tunisie, un ingénieur peine à acquérir un logement. L’inflation galopante, combinée à une rémunération modeste, affaiblit considérablement le pouvoir d’achat.
Par ailleurs, les conditions de travail dans les pays développés sont bien meilleures. On y trouve davantage d’opportunités pour évoluer, apprendre et réussir sa carrière. Il ne faut pas non plus sous-estimer le rôle du bien-être global dans cette décision d’immigration.
Ainsi, dans les pays du Nord, les services fondamentaux tels que l’éducation, la santé, le transport, l’administration et même les loisirs sont plus développés et accessibles. Ce cadre de vie représente un facteur puissant d’attraction.
Une véritable problématique s’impose : Combien de ressources financières ont été investies pour former nos compétences ? Comment peut-on envisager une relève économique alors que la population éduquée est en train de déserter le pays ?
A cause de ce phénomène, plusieurs domaines en Tunisie sont confrontés à des défis majeurs. Il y a moins d’enseignants qui assurent des cours dans les universités. Par conséquent, les nouveaux étudiants ne trouvent plus un cadre académique compétent pour se former sur de bonnes bases et assurer la relance globale du pays.
Le secteur de la santé est lui aussi en train de subir les impacts de cet exode. De nombreux médecins quittent le pays, attirés par de meilleures conditions de travail à l’étranger. Cette fuite progressive entraîne un déficit de personnel médical dans les hôpitaux publics, déjà fragilisés. Si la tendance se poursuit, la Tunisie risque de connaître des zones médicalement désertées, où l’accès aux soins deviendra un privilège rare. Ce qui devrait être un droit fondamental, celui à la santé publique, risque alors de devenir un simple souvenir d’un passé révolu.
De nombreuses mesures doivent être prises et adoptées avec pour objectif de freiner ce phénomène et d’assurer un cadre général plus propice à l’épanouissement afin que nos “cerveaux” soient les bâtisseurs de leur pays.
Eya Kharrat
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