Réunions BM–FMI : la Tunisie mise sur la diplomatie économique pour peser dans les débats
Le programme « 90 minutes de l’IACE » s’est penché sur un sujet d’importance stratégique : la participation de la Tunisie aux réunions du Fonds monétaire international (FMI) et de la Banque mondiale. Deux universitaires reconnus, Abdelkader Boudriga, professeur en finance, et Hela Ben Hassine Khalladi, maître de conférence ont apporté leur éclairage sur les enjeux et les retombées de ces grands rendez-vous internationaux.
Abdelkader Boudriga a d’abord rappelé que les réunions d’automne et de printemps du FMI et de la Banque mondiale, qui existent depuis plus de trente ans, rassemblent un large spectre d’acteurs : responsables officiels; gouverneurs de banques centrales; ministres des finances; acteurs du secteur priv; universitaires; et experts.
Ces rencontres ont pour objectif principal de garantir la stabilité financière mondiale, de soutenir les budgets des États membres et de renforcer leurs capacités financières. Quant à la Banque mondiale, elle se concentre sur le développement global, notamment à travers les infrastructures, l’inclusion sociale et la justice économique.
Il a insisté sur la valeur de la participation tunisienne, même en l’absence de programme actif avec le FMI. Car, la présence officielle permet à la Tunisie d’ouvrir des portes, de nouer des contacts avec des décideurs et des investisseurs. Et ce, notamment via des échanges avec le Fonds monétaire arabe et d’autres institutions régionales de développement.
Toutefois, il précise que cette participation reste limitée en termes d’accès aux informations détaillées, car les réunions formelles comportent des séances à huis clos.
Pour sa part, Hela Ben Hassine Khalladi a apporté un éclairage complémentaire, en dressant un bilan nuancé de la situation économique de la Tunisie. Bien que la Tunisie ait enregistré un taux de croissance de 3,2 % récemment, soulignera-t-elle, ce chiffre reste fragile et parfois porté par des facteurs conjoncturels, notamment agricoles et politiques.
Ainsi, elle pointe une disparité notable avec les prévisions du FMI, qui tablent sur une croissance bien plus faible, autour de 1,4 % pour 2025. Tandis que la Banque mondiale reste plus optimiste.
Par ailleurs, les deux experts s’accordent sur l’importance pour la Tunisie de maintenir une présence active aux réunions du FMI et de la Banque mondiale, non seulement pour ne pas perdre son rang sur la scène internationale, mais aussi pour bénéficier d’expertises et renforcer ses alliances.
En outre, Abdelkader Boudriga insiste sur l’aspect politique et la nécessité d’une coopération régionale renforcée. Alors que Hela Ben Hassine met en garde contre les risques de dépendance excessive et souligne la complexité d’un environnement économique en profonde mutation.
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