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Textile, automobile, énergie : l’Afrique industrielle entre IA, traçabilité et durabilité

09. Oktober 2025 um 14:31

La 3ᵉ édition de l’African ESG Summit a été le théâtre d’échanges cruciaux lors du panel intitulé « Comment l’IA transforme les industries africaines dans une logique ESG ». Réunissant des acteurs majeurs de la finance, du textile et de l’automobile, la discussion a mis en lumière une convergence. A savoir que l’Intelligence Artificielle est un outil préparatoire essentiel; mais que la compétitivité et la résilience durable dépendent fondamentalement de l’engagement humain et de la collaboration stratégique.

Mourad Ben Mahmoud, Expert-comptable et consultant en Business Performance & Sustainability, a ouvert le débat en définissant la portée actuelle de l’IA. Il a noté que si les pratiques tunisiennes se limitent souvent à des systèmes internes d’automatisation de la collecte de données, l’IA est capable, à l’échelle internationale, de combiner et de synthétiser des rapports pour identifier tous les impacts et risques potentiels d’une entreprise. Elle sert à définir l’intégralité du cadre de la démarche ESG. De même qu’elle peut synthétiser les comptes-rendus des parties prenantes pour générer un reporting conforme à plusieurs référentiels.

Ce travail, qualifié de préparatoire et répétitif, est bien géré par l’IA. Cependant, M. Ben Mahmoud a insisté sur une distinction fondamentale : la définition des actions adaptées à l’entreprise et l’engagement ne peuvent jamais être proposés par l’IA. L’IA peut aider à atteindre des objectifs, mais c’est l’humain qui doit décider, s’engager, réviser les objectifs et modérer l’action pour s’adapter à un terrain qui bloque. Il recommande aux entreprises d’élaborer leur premier rapport ESG par elles-mêmes, en connaissant bien leur terrain. Et ce, avant de déléguer certaines tâches à l’IA afin de garantir une vision propre à l’entreprise. L’IA est un moyen d’apporter de l’objectivité, notamment en synthétisant des rapports internes et externes ainsi que des articles de presse, permettant d’intégrer les risques et les impacts actuels et potentiels.

Le secteur textile : Un impératif « durable » né d’une rupture sociale

Ziad Kadhi, CEO de Key Values, a partagé une perspective historique du secteur textile, préférant l’usage du terme « durable » à celui d’ESG. Il a rappelé que l’industrie a longtemps été dominée par la triade Qualité-Coût-Délai (QCD) avant l’an 2000.

Le point de rupture est survenu en 1996, suite à la publication d’un article dans un magazine américain révélant le travail d’un garçon de 12 ans au Pakistan. Cette prise de conscience a entraîné des boycotts rapides des consommateurs, une baisse de la côte boursière des marques et a contraint les grands distributeurs (comme Monoprix) et les grandes marques à s’organiser en adoptant des codes de conduite. Dès 1997, des normes purement sociales comme la SA8000 ont vu le jour. Suivirent l’Initiative Clause Sociale (ICS) française, initialement sociale, puis, vers 2003, l’initiative britannique Ethical Trading Initiative (ETI) qui intégrait la Santé, la Sécurité et l’Environnement. Aujourd’hui, l’intégration des quatre piliers (Environnement, Social, Gouvernance, Éthique) est une exigence mandataire pour les grandes marques internationales. Ne pas s’y conformer après les années 2000 entraînait une perte de commandes.

Concernant l’IA, M. Kadhi a indiqué qu’elle est exploitée dans une logique de conformité pour optimiser les processus et réduire les déchets. Mais, plus stratégiquement, l’IA est utilisée pour développer des produits connectés qui envoient des informations pour la traçabilité.

L’automobile : La durabilité comme pilier de compétitivité

Issam Jemli, membre du comité directeur de la Tunisian Automotive Association (TAA) et Directeur général de BONTAZ Tunisie, a mis en avant les efforts structuraux du secteur automobile tunisien. La TAA, créée en 2016 pour soutenir la compétitivité, a développé un référentiel digitalisé et interactif pour aider les entreprises à intégrer une stratégie de durabilité devenue primordiale, répondant aux exigences mandataires des donneurs d’ordre.

Il a signalé l’ajout récent d’un sixième pilier portant sur la durabilité au pacte de compétitivité signé avec l’État en 2022. Le référentiel de la TAA évalue la maturité des entreprises sur les trois piliers E, S, et G. Le secteur s’engage activement pour l’optimisation des ressources et le développement de l’économie circulaire (réutiliser les produits). M. Jemli a aussi souligné l’importance croissante des systèmes et logiciels embarqués, avec des développements réalisés en Tunisie, notamment ceux qui reprennent des développements de Renault ou des opérations pour les nouvelles voitures chez BONTAZ. Des startups œuvrent à développer des outils spécifiques pour réduire les impacts des entreprises.

BYD : maîtriser la chaîne de valeur pour une mobilité durable

Hajer Chekir, Responsable commerciale BYD Tunisie, a illustré l’intégration de l’IA et de la durabilité à travers l’exemple de BYD, qui maîtrise la totalité de la chaîne de valeur, de la technologie de la batterie à l’assemblage (intégration verticale). Elle a insisté sur la nécessité de passer du rôle de « futuriste » à celui de concepteur qui intègre la donnée, l’intelligence artificielle et la durabilité dès la conception.

Les résultats sont chiffrés : plus de 13 millions de véhicules électriques BYD circulent dans le monde, ayant évité 110 milliards de kilomètres d’émissions de carbone. Pour rendre la mobilité électrique plus accessible, BYD a mis en place un simulateur financier pour calculer le retour sur investissement après 10 ans. Prochainement, un nouvel outil fournira un rapport d’impact environnemental et financier complet, incluant les émissions de CO2 évitées.

Concernant la technologie des batteries, la batterie BYD offre 2 millions de kilomètres de longévité (soit 5000 cycles de recharge). Après son utilisation dans le véhicule, cette batterie peut servir au stockage d’énergie.

Enfin, Mme Chekir a salué le rôle des incitations fiscales tunisiennes (exemption de droits de douane, TVA réduite à 6 %, exemption du programme général de quota) visant à accélérer la transition énergétique, économiser l’importation de carburant et sensibiliser le consommateur aux avantages économiques et environnementaux.

ESG et compétitivité : nécessité de l’ouverture et de la résilience

Mourad Ben Mahmoud a traité de la question de l’articulation entre compétitivité et exigences réglementaires ESG. Il a rappelé que la compétitivité est l’élément principal pour la survie et la pérennité de l’entreprise. Contrairement à une idée reçue, l’engagement RSE (ou ESG) ne nuit pas à la profitabilité, mais assure au contraire la résilience de l’entreprise dans un contexte de risques et d’impacts accrus. Un rapport ESG sans actions concrètes devient du « window dressing » ou du « machin » et ne sert à rien. La rentabilité est atteinte lorsque l’entreprise est consciente de ses risques et parvient à les gérer par des stratégies d’action.

M. Ben Mahmoud a martelé que la démarche ESG n’est pas seulement nécessaire pour l’accès aux marchés, mais surtout pour l’accès à l’investissement. Les investisseurs exigent en effet une transparence et une gestion des risques pour être rassurés et déterminer combien de temps ils pourraient se désengager sans subir de risque réputationnel.

Sa recommandation principale pour les entreprises est de s’ouvrir à la collaboration, notamment avec les startups et les universités. Il est plus rentable de s’associer à des acteurs spécialisés dans des thématiques de niche (économie circulaire, décarbonation) pour réduire les impacts ou les risques, plutôt que de financer de coûteux projets internes. Adopter une démarche globale en s’appuyant sur des spécialistes garantit l’efficacité des actions et permet d’éviter les blocages, transformant ainsi l’exigence ESG en véritable facteur de profitabilité.

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