Recherche et innovation : l’Institut Pasteur de Tunis plaide pour une meilleure valorisation de ses découvertes
L’Institut Pasteur de Tunis (IPT) dépose chaque année entre quatre et cinq brevets d’invention auprès de la Direction générale de la valorisation de la recherche au ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, un nombre jugé insuffisant au regard de l’intensité de l’activité scientifique menée au sein de l’établissement, selon Oussama Ben Fadhel, chef de l’unité de valorisation de la recherche et de transfert technologique de l’institut.
Ben Fadhel a précisé, dans une déclaration à l’agence TAP, que 21 brevets d’invention ont été déposés à l’échelle internationale depuis 2000, un chiffre qu’il qualifie de modeste au vu des ambitions et des capacités de l’Institut Pasteur.
Il a expliqué cette situation par le coût élevé des dépôts internationaux et la différence des priorités de recherche entre les pays en développement et les pays industrialisés.
Les brevets déposés concernent principalement les maladies infectieuses, notamment à travers le développement de vaccins et de médicaments.
Parmi les projets phares figurent les recherches sur la leishmaniose, une maladie pour laquelle aucun vaccin n’existe encore. L’institut travaille actuellement sur un projet avancé visant à mettre au point un vaccin efficace contre cette pathologie, répondant à un besoin urgent aux niveaux national et international.
Les autres brevets portent sur le développement de sérums thérapeutiques à base de molécules extraites de venins de scorpions et de serpents, utilisés pour traiter diverses maladies, notamment certaines affections oculaires liées à l’âge, des tumeurs cérébrales et des maladies cardiovasculaires. L’un de ces projets a déjà obtenu un brevet et est en phase d’essais cliniques.
Ben Fadhel a souligné que l’obtention d’un seul brevet peut nécessiter plusieurs années de recherche, surtout dans le domaine médical, où le processus de développement d’un médicament ou d’un vaccin passe par des étapes complexes, allant des essais sur cellules aux tests précliniques, puis aux essais cliniques avant la mise sur le marché.
L’évaluation d’un brevet repose, a-t-il précisé, sur trois critères essentiels à savoir, la nouveauté, l’innovation et la possibilité d’application industrielle de l’invention, en veillant à ce que le projet réponde aux besoins du marché et aux réalités socio-économiques.
Il a par ailleurs évoqué plusieurs défis entravant la valorisation des résultats de la recherche dans le domaine pharmaceutique, notamment la taille réduite du marché tunisien face au coût élevé de production, ainsi que le manque de conformité internationale de certaines structures réglementaires, comme l’Agence nationale du médicament, ce qui limite la commercialisation à l’étranger.
Ben Fadhel a, en outre, signalé la réticence de certains chercheurs à se lancer dans le développement de médicaments, en raison de la lourdeur des procédures d’enregistrement et d’exportation, notamment vers l’Afrique, et du coût exorbitant de ces projets, estimé à 115 millions d’euros pour un vaccin et environ 100 millions d’euros pour un médicament.
Il a appelé, à cet effet, à adopter une législation adaptée dans le secteur de la santé, encourageant la valorisation de la recherche scientifique et le partenariat entre chercheurs et industriels, afin de créer un environnement favorable à l’innovation et à la production en Tunisie.
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