Amazighes | La splendeur d’un peuple libre s’expose à Marseille
Peuple des montagnes, des déserts et des rivages, les Amazighes — Imazighen, «les hommes libres» — portent une mémoire qui traverse les âges et les frontières. Leur culture, façonnée par les vents du Sahara, les neiges de l’Atlas et les rives de la Méditerranée, s’étend de l’Égypte aux Canaries, du nord du Mali et du Niger aux confins de la Tunisie, de l’Algérie et du Maroc. Elle est tissée de symboles, de gestes et de formes qui racontent l’alliance intime entre l’humain, la nature et le sacré.
Djamal Guettala, à Marseille.
C’est à cette civilisation millénaire que le Mucem de Marseille rend hommage avec l’exposition ‘‘Amazighes. Cycles, parures, motifs’’, ouverte jusqu’au 2 novembre 2025. 150 œuvres — bijoux kabyles sertis de corail, céramiques marocaines, vanneries algériennes et tunisiennes, textiles sahariens et archives rares — dessinent une cartographie sensible de cette culture nord-africaine aux racines profondes.
Dans l’univers amazigh, chaque parure est un langage. Les bijoux ne sont pas de simples ornements : ils protègent, marquent l’identité, racontent l’appartenance. Les céramiques, les tissages, les tatouages et les objets domestiques portent les mêmes motifs — spirales, losanges, cercles, étoiles — qui relient le corps, l’espace domestique et le monde invisible. Ces signes sont les clefs d’un équilibre ancien entre l’individu, la communauté et les forces de la nature.

Au cœur du parcours, une pièce emblématique attire les regards : une fibule Tabzimt de Grande Kabylie (Algérie), en argent et corail, datée du début du XXe siècle. Offerte par Jacqueline Terrer au Mucem, elle incarne la beauté et la puissance protectrice des parures féminines amazighes. Par elle transitent mémoire, filiation et résistance. Sur la poitrine des femmes, ces fibules liaient le tissu autant qu’elles scellaient la transmission d’une identité libre et fière.
«La culture amazighe est un monde où la femme est matrice et gardienne», souligne Salima Naji, commissaire de l’exposition, architecte DPLG et docteure en anthropologie. Elle ajoute : «Ses gestes — qu’ils soient ceux de la tisseuse, de la tatoueuse ou de la potière — sculptent le temps et protègent l’équilibre des seuils, entre l’intérieur et l’extérieur, entre le visible et l’invisible.»
Depuis l’ouverture, le public répond avec ferveur. Ce dimanche, une file impressionnante serpentait le long des remparts du fort Saint-Jean. Visiteurs de tous horizons, familles, passionnés d’histoire et curieux se pressaient pour découvrir ces objets porteurs d’éternité. Beaucoup retrouvaient dans les vitrines les échos d’une mémoire familiale ou les reflets d’un patrimoine vivant.

L’exposition explore aussi les transmissions contemporaines. Car ces savoirs, ces motifs, ces gestes ne sont pas figés. À travers la diaspora amazighe, ces symboles anciens circulent encore, nourrissent les arts actuels, inspirent les créateurs, tissent des ponts entre passé et présent.
‘‘Cycles, parures, motifs’’ est plus qu’une exposition : c’est un hommage vibrant à un peuple qui n’a jamais cessé d’affirmer sa liberté, sa créativité et sa place dans le monde.
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