Normale Ansicht

Es gibt neue verfügbare Artikel. Klicken Sie, um die Seite zu aktualisieren.
Heute — 05. Dezember 2025Haupt-Feeds

Algérie | Prison avec sursis pour le journaliste Saad Bouakba

05. Dezember 2025 um 12:32

Le tribunal de Bir Mourad Raïs à Alger a prononcé, jeudi 4 décembre 2025, une peine de 3 ans de prison avec sursis contre le journaliste algérien Saad Bouakba, figure de la presse nationale. Un jugement qui lui permet de quitter le tribunal libre, mais qui relance des questions sensibles sur l’histoire officielle, la liberté de critique et la place de la presse indépendante en Algérie.

La plainte avait été déposée par Mahdia Ben Bella, fille de l’ancien président Ahmed Ben Bella, avec le soutien du ministère des Moudjahidine, au titre de «l’atteinte à un symbole de l’État». En cause : des propos tenus par Bouakba dans un entretien diffusé sur la plateforme Ru’ya, où il évoquait la gestion douteuse des fonds du Front de libération nationale (FLN) en se référant à un ouvrage ancien.

La famille Ben Bella a dénoncé une accusation «diffamatoire» et «inacceptable» de l’ancien président.

L’audience a attiré de nombreux journalistes, avocats et acteurs du monde public, dans une atmosphère tendue. Le procureur avait requis sept ans de prison ferme contre Bouakba et deux ans de prison ferme contre Abderahmane Hiraoui, directeur de la plateforme.

Le verdict final est moins lourd : 3 ans avec sursis pour Bouakba ; 1 an avec sursis pour Hiraoui; fermeture de la plateforme Ru’ya et confiscation de son matériel.

Âgé de 72 ans, Saad Bouakba — dont la carrière s’étend sur plus d’un demi-siècle — a nié toute volonté d’atteinte à la mémoire du premier président de l’Algérie indépendante. Il a affirmé que ses propos s’appuyaient sur un ouvrage publié par un ancien responsable bancaire suisse dans les années 1980, jamais officiellement démenti.

Cette affaire intervient dans un contexte où plusieurs journalistes font l’objet de poursuites en Algérie, notamment pour diffamation, atteinte aux institutions ou diffusion d’«informations fausses».

Djamal Guettala 

L’article Algérie | Prison avec sursis pour le journaliste Saad Bouakba est apparu en premier sur Kapitalis.

Ältere BeiträgeHaupt-Feeds

Algérie | Saâd Bouakba poursuivi en justice pour avoir interrogé l’histoire

02. Dezember 2025 um 09:20

L’incarcération du journaliste Saâd Bouakba, 79 ans, pour «atteinte aux symboles de la Révolution» ouvre une crise qui dépasse largement son cas personnel. Au-delà de la procédure engagée à la suite d’une plainte déposée par la fille du premier président algérien, Ahmed Ben Bella, c’est une question fondamentale qui surgit : peut-on débattre librement, en Algérie, de l’histoire, de ses zones d’ombre, de ses conflits internes ?

Djamal Guettala 

Cette interrogation a poussé Saïd Sadi, ancien président du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) et député d’Alger, à publier une mise en garde sévère contre ce qu’il appelle le «chaos mémoriel» où il relance un débat central : qui a le droit d’interroger l’histoire algérienne ?

La judiciarisation de propos portant sur l’histoire du FLN n’est pas anodine. Dans une récente interview, Saâd Bouakba évoquait les zones grises liées à la gestion du «trésor de la Révolution» et les luttes internes qui ont marqué la période postindépendance. Des sujets sensibles, déjà étudiés par des historiens algériens et étrangers, mais rarement discutés publiquement sans provoquer de vives réactions.

Cette fois, la réaction a pris la forme d’un mandat de dépôt et d’une action en justice engagée par des institutions publiques. C’est un tournant.

Saïd Sadi alerte sur une dérive mémorielle

Pour Saïd Sadi, l’affaire Bouakba dépasse les limites du dossier judiciaire. Elle s’inscrit dans une dynamique préoccupante où l’histoire devient un terrain de surveillance et de punition.

L’ancien dirigeant du RCD rappelle que des critiques plus dures ont été formulées depuis les années 1980 sans jamais conduire à des poursuites. Qu’évoque alors cette volonté nouvelle de contrôler les récits ?

Selon lui, il s’agit là d’une tentative d’instaurer une «orthodoxie mémorielle», un récit unique sur la Révolution, qui reléguerait toutes les lectures alternatives ou critiques au rang d’atteintes sacrées. Sadi met en garde : un pays qui clôt le débat sur son passé se condamne à ne plus comprendre son présent.

Ce qui inquiète une partie de l’opinion publique, c’est le glissement d’un débat d’historiens vers un contentieux pénal. Est-ce à la justice de trancher la manière dont un événement doit être raconté ? À partir de quand une version divergente devient-elle une offense ? Et surtout : qui définit ce qu’est un «symbole» ou une «atteinte» ?

Criminalisation du débat historique

L’enjeu n’est pas de valider ou d’invalider les propos de Bouakba. L’enjeu, c’est le droit d’interroger — en tant que journaliste, chercheur, citoyen — des faits qui relèvent du domaine public et de la construction nationale. Lorsque ce droit se restreint, c’est l’espace civique qui se rétrécit.

L’Algérie est traversée par plusieurs mémoires : celles des combattants, des exclus du récit officiel, des témoins silencieux, des chercheurs qui tentent d’apporter nuance et documents… Vouloir figer cette pluralité dans un récit unique, sanctifié, revient à effacer une partie du vécu collectif. Or, le passé algérien est complexe : il comporte des grandeurs, des fautes, des silences, et des contradictions.

Une mémoire vivante ne doit pas être une mémoire punie. Aussi cette affaire est-elle un test pour la liberté d’expression et pour l’avenir du pays. Elle pourrait devenir un tournant. Car si la justice s’installe durablement dans la régulation du récit historique, d’autres voix critiques pourraient être inquiétées. Mais elle pourrait (ou devrait) aussi ouvrir un débat, un vrai, sur la manière de réconcilier histoire et mémoire, sans menaces ni interdits.

Cette séquence soulève une question centrale : veut-on une mémoire contrôlée, ou une mémoire partagée ? L’histoire ne se défend pas en emprisonnant ceux qui l’interrogent. Elle se défend en ouvrant les archives, en encourageant la recherche, en acceptant la complexité — et en laissant le débat public respirer.

L’article Algérie | Saâd Bouakba poursuivi en justice pour avoir interrogé l’histoire est apparu en premier sur Kapitalis.

❌
❌