Algérie | Boualem Sansal gracié à la demande de Berlin
Le communiqué de la présidence algérienne, cité par l’AFP, indique que le chef de l’État algérien «a répondu favorablement à une demande de son homologue allemand concernant l’octroi d’une grâce en faveur de Boualem Sansal». Le texte précise que la demande «a retenu son attention en raison de sa nature et de ses motifs humanitaires».
Âgé de 76 ans, Boualem Sansal avait été condamné en appel, en juillet dernier, à cinq ans de prison. Les autorités allemandes ont insisté sur la nécessité d’un transfert médical, évoquant «son âge avancé et son état de santé fragile» : il est atteint d’un cancer de la prostate. L’auteur du ‘‘Village de l’Allemand’’, l’un des romanciers algériens les plus traduits à l’étranger, est arrivé en Allemagne mercredi soir. Il devrait être transféré vers un établissement hospitalier en Allemagne.
Cette grâce, qui intervient après des mois de silence officiel, s’inscrit dans un contexte diplomatique où Alger cherche à consolider ses relations avec Berlin, notamment sur les plans économique et énergétique. L’Allemagne est aujourd’hui l’un des principaux partenaires européens de l’Algérie dans le domaine du gaz et des énergies renouvelables. Selon plusieurs observateurs, ce geste présidentiel, s’il répond à une logique humanitaire, revêt également une dimension diplomatique assumée. C’est aussi un pied de nez à la France et à son président qui n’ont cessé de demander la libération de l’écrivain, sans réaction de la part d’Alger.
Boualem Sansal, écrivain engagé et souvent critique envers les pouvoirs politiques en Algérie comme ailleurs, a construit une œuvre marquée par la réflexion sur la mémoire, la liberté et la fracture entre tradition et modernité. Son écriture, à la fois sobre et provocatrice, lui a valu plusieurs distinctions, dont le Grand Prix du Roman de l’Académie française en 2015, partagé avec l’écrivain franco-tunisien Hédi Kaddour.
Censuré à plusieurs reprises dans son propre pays, Sansal n’a jamais cessé d’interroger le rapport de l’Algérie contemporaine à son histoire et à sa pluralité identitaire. Son emprisonnement, jugé excessif par nombre d’intellectuels, avait suscité une vague de solidarité internationale. François Bayrou, entre autres, avait publiquement appelé Alger à faire preuve de clémence.
Pour La Provence, cette libération marque un tournant : elle traduit «une attention particulière» du président Tebboune à une requête humanitaire formulée au plus haut niveau, tout en maintenant l’équilibre entre raison d’État et diplomatie culturelle.
Djamal Guettala
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