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Le cancer en Tunisie | Les déterminants socioculturels d’une pathologie «sans nom»

13. Oktober 2025 um 07:51

En Tunisie, les cancers les plus fréquents chez les hommes concernent le poumon, la vessie, la prostate, le côlon et le rectum. Chez les femmes, les localisations les plus répandues sont le sein, le côlon, le rectum, la thyroïde et le col utérin. Le cancer est ainsi devenu la première cause de mortalité en Tunisie depuis 2021, représentant aujourd’hui environ 15,6% de l’ensemble des décès, devançant même les causes de décès historiques telles que le diabète (7,6% des décès) et les maladies cardiovasculaires (6,8% des décès).

Deux raisons majeures ont poussé le Professeur Sofiane Bouhdiba à écrire son nouveau livre ‘‘Le cancer en Tunisie. Une maladie sans nom’’. C’est d’abord un vibrant hommage rendu à une proche parente emportée, comme tant d’autres, par le cancer. Ce livre est également né d’un constat dramatique : en 2023, la Tunisie a connu quelques 22 101 nouveaux cas de cancer, toutes localisations confondues, avec une surmasculinité de l’incidence : 11 773 chez les hommes et 10 328 chez les femmes.

Qu’est-ce qui a poussé le Pr Bouhdiba à s’intéresser à cette pathologie en écrivant ‘‘Le cancer en Tunisie. Une maladie sans nom’’ ? Le sociologue spécialiste de la mortalité ne pouvait rester insensible face aux ravages du cancer. C’est ainsi que ce livre décrit d’une manière critique l’épidémiologie du cancer en Tunisie, mais ambitionne également d’analyser le plus finement possible les déterminants socioculturels du mal, et surtout de comprendre la nature de la souffrance, et donc la capacité de résilience des personnes touchées d’une manière ou d’une autre par un cancer.

Malgré les difficultés d’enquêter, par rapport à une cause de mortalité plus banale comme les maladies cardio-vasculaires ou les insuffisances respiratoires, le Pr Bouhdiba a tout de même été en mesure de collecter et épurer le matériau nécessaire, notamment sous la forme de statistiques et de rapports institutionnels ou émanant de la société civile, ainsi que quelques émouvants témoignages d’hommes, de femmes, d’enfants. Homme de terrain, l’auteur a complété son travail de recherche avec une rigoureuse enquête de nature qualitative menée en milieu hospitalier.  

Les réflexions qui font l’objet de ce livre sont organisées autour de quatre grandes parties, à peu près équilibrées.

La première partie de l’ouvrage, répartie en trois courts chapitres introductifs, commence par définir le cancer, avant de décrire brièvement l’épidémiologie du cancer dans le monde. L’auteur a également cru pertinent de s’interroger sur la signification profonde de la cause de décès, car «mourir du cancer» est une affirmation bien réductrice.  

La deuxième partie du livre traite de l’épidémiologie du cancer dans le cas spécifique de la Tunisie, et est partagée en quatre chapitres. Il commence par contextualiser le cancer, en le replaçant dans le cadre de la transition épidémiologique qu’a connue le pays depuis son accession à l’indépendance en 1956. L’auteur examine ensuite la mortalité par cancer selon une approche différentielle, en soulignant notamment les effets du sexe et de l’âge sur la répartition des décès. Le cancer de l’enfant, particulièrement dramatique, fait l’objet d’un chapitre spécifique.

Dans sa troisième partie, le livre passe en revue, toujours avec un œil critique, les réponses apportées aujourd’hui par le gouvernement, mais également par la société civile, à la propagation du cancer en Tunisie. Ainsi, après un bref examen de l’histoire de la carcinologie en Tunisie, l’auteur tente de replacer la stratégie individuelle de survie dans le cadre d’un itinéraire thérapeutique bien particulier. Il montre ensuite dans quelle mesure la stratégie nationale de prévention et de dépistage du cancer se heurte aujourd’hui encore à des barrières, certaines ayant une nature universelle, mais la plupart étant liées à la culture arabo-musulmane.

La dernière partie de l’ouvrage examine la prise en charge du patient cancéreux tunisien, et montre que la victoire sur la maladie, loin d’être une fin en soi, marque au contraire le début d’une nouvelle vie, avec ses joies et surtout ses peines. Car, selon le Pr Bouhdiba, la guérison malmène autant le corps que l’âme.

Sofiane Bouhdiba est Professeur de démographie à la Faculté des sciences humaines et sociales de Tunis. Grand voyageur, il a enseigné dans de nombreuses universités en Europe, en Afrique et aux Etats Unis, et participé à un grand nombre de conférences internationales sur diverses thématiques liées à l’étude des populations, et notamment la morbidité et la mortalité.

Spécialiste mondial de la mort violente, il a publié plus d’une vingtaine de livres publiés en France et en Tunisie, et une bonne soixantaine d’articles scientifiques publiés en français et en anglais dans des revues internationales de haut niveau.

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Octobre Rose : et si la prévention devenait vraiment pour toutes ?

10. Oktober 2025 um 14:49

Les femmes en situation de handicap sont confrontées à plusieurs obstacles qui réduisent leur participation au dépistage précoce du cancer du sein, en dépit des vastes campagnes de sensibilisation organisées dans le cadre de la manifestation Octobre Rose et des efforts déployés en Tunisie pour la lutte contre le cancer.

Ces difficultés sont dues essentiellement à l’absence de moyens de communication adaptés aux personnes handicapées et aux difficultés logistiques liées à l’infrastructure des établissements hospitaliers. Des spécialistes et des membres de la société civile œuvrant dans le domaine du handicap ont souligné que les femmes en situation de handicap peuvent avoir une connaissance limitée de la culture sanitaire, en raison de la stigmatisation sociale et d’un accès restreint aux services de santé.

« Ces femmes n’ont pas accès à l’information en matière de soins, et les campagnes de sensibilisation sont occasionnelles ou liées à des événements spécifiques », ont-ils relevé.

« La Tunisie a ratifié plusieurs conventions internationales sur les droits des personnes handicapées, qui garantissent à ces dernières l’accès aux soins de santé sans aucune discrimination. Néanmoins, la participation des femmes aux programmes de dépistage précoce du cancer reste encore faible », ont-ils ajouté.

Dans le même ordre d’idées, le président de l’Association tunisienne de défense des droits des personnes handicapées, Yousri Mezzati, a souligné, dans une déclaration à la TAP, que les femmes porteuses de handicap n’ont pas toujours accès à l’information sanitaire, notamment en matière de dépistage précoce des cancers féminins.

Il a indiqué que la plupart des femmes atteintes de handicaps visuels, auditifs ou moteurs sont confrontées à plusieurs obstacles pour le dépistage précoce des maladies cancéreuses, tels que l’insuffisance des supports d’information, le manque de sensibilisation familiale, sans oublier les facteurs socio-économiques.

Mezzati a appelé à sensibiliser davantage à l’importance du dépistage précoce des maladies cancéreuses chez les personnes handicapées et leurs familles à travers les supports médiatiques, soulignant la nécessité d’allouer une plus grande part du budget de la santé aux personnes en situation de handicap et d’organiser des campagnes de sensibilisation de manière permanente et non circonstancielle.

Absence de moyens de communication entre les professionnels de santé et les personnes handicapées

De son côté, le président de l’association tunisienne Ibssar pour la culture et les loisirs des personnes malvoyantes, Mohamed Mansouri, a souligné à l’agence TAP l’absence de communication efficace entre les professionnels de la santé et les personnes handicapées, en raison du manque de moyens de communication adaptés.

Mansouri a expliqué qu’il est nécessaire de former les professionnels de santé aux méthodes de communication avec les personnes handicapées, notamment en leur enseignant la langue des signes et en adoptant le braille pour la rédaction des ordonnances médicales, afin que chacun puisse comprendre les informations sanitaires de manière autonome et dans le respect de sa dignité.

Il a ajouté qu’un simple effort de la part du personnel médical et paramédical contribuerait à faciliter la communication avec les personnes handicapées, leur éviterait la confusion et l’ambiguïté concernant les prescriptions thérapeutiques et les instructions médicales, et leur permettrait de communiquer directement avec le médecin sans avoir besoin d’un accompagnateur pour interpréter l’information.

Permettre aux personnes handicapées d’acquérir les compétences d’auto-dépistage : un pilier de la prévention

La professeure en gynécologie et obstétrique et cheffe de service au Centre d’obstétrique et de néonatologie de Tunis, Dalenda Chelli, a souligné que le mois rose d’octobre est un événement qui concerne toutes les femmes, quelles que soient leurs particularités, affirmant qu’il n’est pas possible d’exclure les femmes handicapées des campagnes de dépistage précoce du cancer du sein.

Chelli a expliqué que l’autopalpation des seins est un moyen efficace qui peut être enseigné aux femmes souffrant d’un handicap auditif, visuel ou moteur, même si sa mise en pratique peut s’avérer difficile dans certains cas.

Elle a ajouté qu’il est important de sensibiliser les femmes handicapées aux premiers signes pouvant indiquer la présence d’une tumeur maligne, tels qu’un changement de taille des seins, un écoulement du mamelon ou l’apparition d’une masse dans le sein, les appelant à se rendre immédiatement à l’hôpital le plus proche ou chez un gynécologue-obstétricien dès l’apparition de l’un de ces signes.

Elle a indiqué avoir constaté une prise de conscience croissante chez les femmes handicapées en matière d’autopalpation, à la suite d’une manifestation organisée l’année dernière au centre et consacrée au dépistage précoce du cancer du sein à l’intention des femmes handicapées et de leurs familles.

La gynécologue a souligné que les femmes handicapées motrices rencontrent de grandes difficultés pour accéder aux hôpitaux publics, en raison de l’absence d’infrastructures adaptées et du manque d’équipements leur assurant un meilleur confort, ce qui pousse nombre d’entre elles à renoncer à se faire dépister, malgré les campagnes de sensibilisation menées durant le mois d’Octobre Rose.

Avec TAP

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