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Gestern — 10. August 2025Haupt-Feeds

Cheb Mami, R. Kelly, Polanski… Jusqu’où pardonner les artistes condamnés ?

10. August 2025 um 15:43
L’artiste algérien Cheb Mami a mis le feu au Festival International de Hammamet (FIH) le 8 août 2025, avec un concert de raï électrisant. Le théâtre de plein air du centre culturel international, archicomble, a vibré toute la soirée sous l’énergie du roi de la scène algérienne.

Pendant une heure trente, l’artiste a enflammé le public sous les applaudissements d’une foule conquise. Le concert, une incontestable
réussite, a même laissé certains spectateurs sur leur faim : nombreux étaient ceux à souhaiter une performance plus longue, estimant que la
durée était insuffisante au regard de l’excellente ambiance. D’autant que c’était son premier passage sur une scène tunisienne depuis 2014.
Pourtant, derrière cette euphorie collective plane une question épineuse : peut-on, ou doit-on, dissocier l’artiste de ses erreurs judiciaires ?
Le 4 juillet, lors de la conférence de presse dédiée à l’annonce du programme du festival, Néjib El Ksouri, directeur du Festival International
de Hammamet, a défendu la participation de Cheb Mami, malgré les critiques d’une organisation féministe. Dans une déclaration exclusive à
Mosaïque FM, il a estimé que l’exclusion permanente de l’artiste n’était pas justifiée, arguant que le débat autour de sa condamnation pour
violences conjugales en 2009 n’avait plus lieu d’être. El Ksouri a rappelé que le festival choisit ses artistes en fonction de leur parcours musical, de leur valeur artistique et de la qualité de leur spectacle, précisant que la justice française, après l’avoir condamné à cinq ans de prison (dont il a purgé une partie), lui avait accordé le droit de reprendre sa carrière.
Le mouvement féministe tunisien Ena Zeda a condamné cette invitation, y voyant une banalisation des violences faites aux femmes, et a appelé au boycott du concert. L’ombre de l’affaire qui a marqué la carrière de Cheb Mami n’a jamais cessé de planer. En 2009, le chanteur avait été condamné en France à cinq ans de prison pour « violences volontaires » et « tentative d’avortement forcé » sur son ex-compagne, avant de bénéficier d’une libération anticipée en 2011. Cet épisode avait provoqué son retrait temporaire de la scène et divisé son public : si certains ont boycotté son retour, d’autres estiment qu’après avoir purgé sa peine, il mérite une seconde chance.
Le cas de Cheb Mami n’est pas isolé. De nombreuses célébrités ont vu leur carrière ébranlée par des condamnations pour violences contre les
femmes. Le chanteur R. Kelly, emprisonné à vie pour trafic sexuel, a été effacé des plateformes musicales et des mémoires. À l’inverse, des artistes comme Mike Tyson, reconnu coupable de viol dans les années 1990, ont retrouvé une forme de rédemption médiatique, transformant leur image grâce au cinéma ou à la télévision.
Le cinéma offre aussi des exemples ambivalents. Roman Polanski, condamné pour viol sur mineure en 1977 et toujours sous le coup de plusieurs accusations, continue de réaliser des films primés, défendu par une partie du milieu artistique au nom de la séparation entre l’homme et l’œuvre. À l’opposé, Johnny Depp, après un procès très médiatisé pour violences conjugales – où il a aussi été reconnu victime de diffamation –, a vu certaines de ses collaborations hollywoodiennes suspendues, malgré un retour en grâce auprès d’une partie du public.
Ces exemples soulèvent une question récurrente : la justice suffit-elle à « laver » une réputation, ou certaines fautes sont-elles indélébiles ? Entre boycott, réhabilitation et indifférence, la réponse varie selon les cultures, les époques… et le poids médiatique des artistes.
À Hammamet, Cheb Mami a chanté, souri et fait danser. Le public, lui, semblait avoir choisi : pour la grande majorité, c’est la musique qui
prime. Mais la polémique persiste. Faut-il boycotter un artiste condamné ayant purgé sa peine, au nom de la morale, ou accepter qu’un homme puisse se reconstruire après la justice ?
Nous ne prétendons pas apporter une réponse définitive ni nous ériger en donneurs de leçons. Le débat dépasse le cas de Cheb Mami et
interroge notre rapport à l’art, à la culpabilité et à la possibilité du pardon. En quittant la scène, le chanteur a remporté une bataille symbolique et artistique. Mais la guerre des consciences, elle, reste ouverte.

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Danse et résilience : le spectacle « Arboune » questionne le statut de l’artiste

07. August 2025 um 12:45

La 59e édition du Festival International de Hammamet (FIH) a accueilli, ce mercredi, la représentation « Arboune », une œuvre de danse contemporaine signée Imed Jemâa. D’une durée d’une heure, cette création aborde la vulnérabilité des artistes pendant et après la pandémie de Covid-19, à travers une narration corporelle puissante et des scènes de vie reconstituées.

Interprétée par neuf jeunes danseurs, la pièce explore les difficultés rencontrées par les artistes face au manque de protection sociale et à l’incertitude financière. Le spectacle s’ouvre sur un décor évocateur : un espace partagé, meublé d’un divan, d’une table, de chaises anciennes et d’un rideau rouge, symbolisant le quotidien précaire d’une famille en lutte.

La chorégraphie, portée par des mouvements expressifs et des tableaux visuels intenses, met en scène des situations marquées par l’entraide et la résilience. Les interprètes – Rania Jdidi, Ameni Chatti, Chokri Jemaa, Abdelkader Drihli, Omar Abbes, Kais Boulares, Imed Jemaa et Houssem Eddine Achouri – y expriment tour à tour la fragilité et la persévérance du milieu artistique. La scénographie, conçue par Souad Ostarcevic, renforce cette immersion.

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SINOUJ, ou l’art de réinventer la musique tunisienne sans la trahir

05. August 2025 um 17:00

 Faut-il moderniser la musique tunisienne pour la faire voyager, ou préserver son âme contre vents et marées ?

La scène de l’amphithéâtre de Hammamet, ce 21 juillet 2025, pourrait bien avoir apporté une réponse à cette épineuse question. Sous une nuit étoilée, Benjemy et son projet SINOUJ – Odyssey ont offert une performance qui défie les catégories. Entre tradition et modernité, entre racines et envolées, le spectacle a prouvé qu’il était possible de faire résonner la Tunisie dans une langue universelle, sans pour autant en diluer l’authenticité.

Dès les premières notes, l’audace du projet saute aux oreilles. Un orchestre classique dialogue avec des beats électroniques, tandis que les voix de sept artistes tunisiens – Haythem Hadhiri, Boutheina Nabouli, Mohamed Saïd, et d’autres – tissent une toile sonore où le mezwed et les chants soufis se mêlent à des harmonies symphoniques. Le résultat ? Une transe contemporaine, à la fois enracinée et résolument tournée vers l’ailleurs.

« La musique tunisienne n’est pas un musée », explique Benjemy, maître d’œuvre de cette odyssée. « Elle vit, elle respire, et elle peut épouser d’autres langages sans se renier. » Depuis quatre ans, SINOUJ ne cesse d’évoluer, comme une métaphore de cette quête d’équilibre entre patrimoine et innovation.

Dans les coulisses, les artistes partagent cette vision. « Ce projet a changé ma façon d’envisager la musique », confie Mohamed Saïd. « Ce n’est pas juste un spectacle, c’est une manière de porter notre culture plus loin. » Rania Bounaoues, dont la voix a envoûté le public, abonde : « SINOUJ me ressemble – à la fois familier et inattendu. »

Le public, lui, a visiblement adopté cette alchimie. Une fois encore, l’affiche affichait complet, preuve que la rencontre entre tradition et modernité n’a rien d’un artifice, mais bien d’une évidence.

Alors, faut-il occidentalisé la musique tunisienne pour la rendre universelle ? La réponse de Benjemy est claire : non. Il suffit de la réinventer, avec audace et respect. Ce soir-là, à Hammamet, la Tunisie n’a pas eu besoin de se faire petite pour être entendue. Elle a juste eu besoin d’artistes pour la faire résonner autrement.

 

 

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