Ridha Chkoundali : « Les taxes US répondent au rapprochement Tunisie-BRICS »
Selon une analyse de l’économiste Ridha Chkoundali, les droits de douane américains sur les importations tunisiennes s’inscrivent dans un contexte de tensions géopolitiques et commerciales.
L’administration Trump, dans le cadre de sa politique commerciale « America First », a annoncé une hausse généralisée des droits de douane sur les importations en provenance de plusieurs pays, dont la Tunisie. Alors que la majorité des États seront soumis à un taux de 10 %, Tunis se voit imposer une taxe de 25 %, une décision interprétée comme une forme de pression économique et politique. L’économiste Ridha Chkoundali, dans une publication sur son compte Facebook officiel, avance que cette mesure pourrait s’expliquer par plusieurs facteurs.
Parmi eux figurent les relations commerciales croissantes de la Tunisie avec les membres du BRICS, un groupement perçu par Washington comme un rival stratégique, dominé par la Chine. L’Algérie, qui a officiellement demandé à rejoindre cette alliance, est quant à elle frappée par des droits de 30 %. Par ailleurs, la Tunisie enregistre un déficit commercial significatif avec les pays du BRICS et leurs partenaires, atteignant 11,3 milliards de dinars sur les cinq premiers mois de 2025, un déséquilibre qui pourrait avoir pesé dans la décision américaine.
Des considérations politiques pourraient également jouer un rôle. Le soutien affiché par la Tunisie à la cause palestinienne, notamment à travers des initiatives comme la « Caravane de la Résistance », aurait mécontenté les États-Unis, qui utiliseraient ainsi les droits de douane comme un outil de pression pour infléchir les positions tunisiennes, en particulier dans le cadre du projet controversé de « Nouveau Moyen-Orient ».
Retour sur l’impact direct
Sur le plan économique, l’impact direct de cette mesure reste relativement limité, les exportations tunisiennes vers les États-Unis ne représentant que 3,2 % du total en 2024. Néanmoins, certains secteurs clés, tels que les dattes, l’huile d’olive et le textile, pourraient perdre en compétitivité. Ce qui pourrait inciter certains investisseurs à se tourner vers des marchés moins taxés, comme celui du Maroc.
Les autorités tunisiennes disposent d’un délai restreint pour engager des négociations avec Washington. Les discussions devraient porter sur des ajustements tarifaires, notamment un accord de réciprocité, ainsi que sur des réformes structurelles visant à améliorer le climat des affaires. Cette situation pourrait également conduire la Tunisie à réévaluer l’ensemble de ses accords internationaux, en particulier avec l’Union européenne et la Turquie, afin de rééquilibrer ses échanges commerciaux.
En attendant, des mesures d’urgence sont à l’étude, notamment un soutien temporaire aux agriculteurs et une accélération des réformes administratives pour attirer davantage d’investisseurs étrangers. Une réflexion plus large sur la diversification des marchés d’exportation apparaît indispensable pour réduire la dépendance aux partenaires traditionnels.
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