À Séville, la Tunisie plaide pour une réforme équitable du financement mondial
La quatrième Conférence internationale sur le financement du développement (FfD4) s’est officiellement ouverte, lundi 30 juin 2025, à Séville. Ce sommet vise à réformer les mécanismes de financement à tous les niveaux, en mettant notamment l’accent sur la refonte de l’architecture financière internationale et la levée des obstacles à l’investissement.
Une délégation tunisienne, conduite par la cheffe du gouvernement Sarra Zaafrani Zenzri, est arrivée dimanche matin dans cette ville du sud de l’Espagne pour participer à ce conclave économique, dont les travaux se poursuivront jusqu’au 3 juillet 2025. La ministre des Finances, Michket Slama Khaldi, ainsi que des responsables des ministères des Affaires étrangères, de l’Économie, de la Planification et de la Migration, accompagnent la cheffe du gouvernement.
Zenzri représente le président de la République, Kaïs Saïed, et prendra part aux travaux du sommet les 30 juin et 1er juillet. Elle doit tenir, le premier jour de la conférence, plusieurs rencontres bilatérales avec le Premier ministre portugais Luis Montenegro, le Premier ministre palestinien Mohamed Mustapha, le Premier ministre égyptien Mostafa Madbouli, le Premier ministre algérien Nadir Larbaoui, la directrice générale de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), Amy Pope, et la présidente de la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD), Odile Renaud-Basso.
La FfD4 devrait être marquée par l’adoption formelle d’un accord sur le financement du développement, conclu le 25 juin 2025 entre les États membres de l’ONU — à l’exception des États-Unis. Ce nouveau cadre vise à mobiliser des ressources en faveur du développement durable pour combler un besoin estimé à 4 000 milliards de dollars par an, particulièrement dans les pays du Sud.
Le sommet de Séville a pour objectif de générer des engagements concrets en faveur de la réalisation des Objectifs de développement durable (ODD) d’ici 2030.
Selon les Nations Unies, 3,3 milliards de personnes vivent aujourd’hui dans des pays qui consacrent plus de ressources au service de leur dette qu’aux secteurs de la santé ou de l’éducation. Les pays en développement, en particulier, supportent des taux d’intérêt deux à quatre fois supérieurs à ceux appliqués aux pays riches — une charge aggravée en période de crise, qui limite leur capacité à investir dans le développement.
En Tunisie, l’encours de la dette publique a atteint 135 milliards de dinars en 2024, soit 81,2 % du produit intérieur brut (PIB). Il est projeté à 147,4 milliards de dinars en 2025 (80,5 % du PIB). L’État tunisien a, ces dernières années, privilégié le recours à la dette intérieure au détriment de la dette extérieure : sa part dans l’encours de la dette est passée de 39,6 % en 2021 à 53,8 % en 2024, et devrait dépasser les 58 % en 2025, selon la loi de finances.
Le service de la dette publique s’est élevé à 24,8 milliards de dinars en 2024, en hausse de 19,5 % par rapport à 2023. Le remboursement du principal a dépassé 18,5 milliards (+24 %), tandis que les intérêts ont atteint près de 6,3 milliards de dinars (+7,8 % par rapport aux 5,8 milliards de 2023).
La Tunisie prépare actuellement un nouveau plan de développement pour la période 2026-2030. Élaboré selon une démarche ascendante — partant du niveau local vers le central — ce plan rompt avec l’approche précédente, plus centralisée. Il s’inscrit dans une vision politique et institutionnelle placée sous le signe de la « construction et de l’édification », fondée sur les principes de la nouvelle Constitution, notamment le rôle social de l’État et l’importance du niveau régional dans la formulation des politiques publiques.
La FfD4 constitue le seul forum multilatéral de haut niveau réunissant chefs d’État et de gouvernement, organisations internationales et régionales, institutions financières et commerciales, entreprises, société civile et système onusien pour renforcer la coopération internationale autour du financement du développement.
Le sommet de Séville s’inscrit dans la lignée des grandes conférences onusiennes qui l’ont précédé : Monterrey (2002) — avec l’adoption du Consensus de Monterrey —, Doha (2008) — avec la Déclaration de Doha —, et Addis-Abeba (2015), où avait été adopté le Programme d’action d’Addis-Abeba.