Selon les récentes déclarations de Anis Lahoueg, Directeur Général de la Régie Nationale des Tabacs et des Allumettes (RNTA), l’institution prévoit un chiffre d’affaires de 607,6 millions de dinars (MD) pour l’année 2024, marquant une augmentation de 21,8 MD par rapport à l’année 2023. Cependant, la RNTA a enregistré un résultat net positif de 61,6 MD, en baisse par rapport à 110,8 MD en 2023.
Lahoueg a expliqué que cette baisse de rentabilité était principalement due à la hausse des prix d’achat du tabac et des matières premières, tandis que les prix de vente des produits spécialisés n’ont pas été ajustés en 2024. Malgré ce recul des bénéfices, l’agence continue de générer des profits depuis 2020, grâce notamment à l’augmentation des prix de vente des produits spécialisés.
Cependant, l’institution fait face à des difficultés de liquidités qui entravent sa capacité à honorer ses engagements envers ses fournisseurs dans les délais impartis.
Des défis industriels à surmonter
Le directeur général a aussi souligné plusieurs défis affectant la performance industrielle de la RNTA, notamment la faible rentabilité des équipements actuels, le vieillissement des machines de production, ainsi que le manque de ressources humaines qualifiées. Le déficit en formation et en recyclage des travailleurs, ainsi que le retard dans la mise en œuvre des investissements, constituent également des obstacles majeurs.
La RNTA a d’ores et déjà engagé une révision complète de son parc industriel dans le but d’améliorer la productivité de ses machines, nécessitant un entretien régulier, notamment préventif.
Sur le plan commercial, Lahoueg a indiqué que l’un des objectifs stratégiques de la RNTA est de créer des centres de distribution de produits spécialisés dans chaque gouvernorat, ainsi que d’augmenter sa capacité de production pour réduire le phénomène de monopole. Il a en outre mis l’accent sur la nécessité de renforcer la surveillance des circuits de distribution pour limiter l’ampleur du marché parallèle.
En 2023, la production de tabac en Tunisie a atteint 280 tonnes. La RNTA prend en charge l’importation des semences, la fourniture des pépinières et des pesticides aux agriculteurs, ainsi que les équipements nécessaires pour la culture du tabac. Ces coûts sont répercutés sur le prix d’achat, portant la charge globale du kilogramme de tabac local à environ 27 dinars.
Réformes nécessaires pour un avenir durable
La RNTA poursuit une collaboration étroite avec le ministère de l’Agriculture pour promouvoir la culture du tabac, un secteur nécessitant des conditions spécifiques de sol et de climat pour garantir une production de qualité. Lahoueg a annoncé que l’agence engage des études conjointes avec les centres de recherche du ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique afin d’améliorer les pratiques agricoles.
En parallèle, la RNTA a lancé des formations pour les agriculteurs afin de réduire les importations de tabac et encourager la production locale, notamment celle du tabac oriental.
Les députés présents lors de la réunion ont souligné la nécessité d’une réhabilitation complète de la RNTA, en raison de son rôle essentiel dans le financement du Trésor public. Ils ont proposé l’harmonisation des cadres juridiques et l’adoption d’un système uniforme pour les entreprises publiques opérant dans ce secteur.
Ils ont également plaidé pour la mise en place d’une stratégie intégrée visant à moderniser les moyens de production et à garantir des travailleurs spécialisés, afin de répondre aux normes internationales et combler les postes vacants causés par les départs à la retraite.
Pour rappel, cette réunion s’inscrit dans le cadre d’une série de visites de terrain menées par la Commission des Finances et du Budget du Parlement, dans le but de mieux comprendre les défis auxquels la RNTA fait face et de proposer des solutions pour améliorer ses performances. Les députés ont insisté sur l’importance de cette démarche pour trouver des solutions concrètes, que ce soit dans le cadre de la discussion du budget de l’État ou par le biais de propositions législatives.