En misant sur Donald Trump, Elon Musk fait le pari le plus risqué de sa vie
C’est le pari le plus risqué parmi les nombreux paris audacieux qui ont caractérisé la carrière du milliardaire et inventeur sud-africain et canadien naturalisé américain Elon Musk, en l’occurrence son pari sur l’ancien président et candidat du Parti républicain à la présidence Donald Trump, estime le journal britannique Financial Times. Et en devenant une sorte de mousquetaire de Trump, Musk en a adopté la méthode en recourant aux mensonges et à la désinformation grossière pour manipuler les électeurs. Il a déclaré que ce sera la dernière élection présidentielle américaine si Kamala Harris gagne. (Illustration: Elon Musk joue aux chauffeurs de salle pour Donald Trump).
Imed Bahri
Des satellites aux voitures électriques, des puces cérébrales aux robots alimentés par l’IA, Musk possède une série d’entreprises qui s’appuient fortement sur les contrats et les règles fixées par le gouvernement américain.
Cependant, la plupart des analystes politiques estiment que l’homme le plus riche du monde a lié sa réputation et sa richesse à la volonté de Donald Trump d’accéder à la Maison Blanche à travers des élections au cours desquelles ses chances face à la candidate du Parti démocrate et actuelle vice-présidente, Kamala Harris, semblent être égales.
Le journal britannique a évoqué la blague faite par Musk, dans une interview réalisée ce mois-ci par Tucker Carlson, le célèbre ancien présentateur de télévision de la chaîne Fox TV, où il a déclaré à propos de Trump: «S’il perd, je serai dans une très mauvaise situation.»
À l’approche des élections présidentielles américaines, le soutien d’Elon Musk à la campagne Trump est devenu plus fort qu’auparavant. Il a été révélé cette semaine que l’homme d’affaires milliardaire avait fait don d’au moins 75 millions de dollars au groupe d’action politique America PAC qu’il a lui-même créé pour soutenir Trump et qui a déjà dépensé plus de 118 millions de dollars en efforts de soutien à la campagne notamment en publicité, en bannières sur les places publiques et en contact direct avec les électeurs en faisant du porte-à-porte.
Le journal a rapporté que Musk a utilisé la plateforme X (anciennement Twitter) dont il est propriétaire pour diffuser du contenu pro-Trump y compris certaines des théories du complot les plus flagrantes qui ont capté les partisans de droite.
Un soutien très intéressé
Le Financial Times a ajouté que Musk était retourné jeudi en Pennsylvanie, l’État charnière le plus important pour les élections, où il a présenté tout seul aux électeurs les arguments qui font de Trump le meilleur candidat à la présidence, selon lui.
Musk a déclaré avant ce rassemblement électoral que la principale raison de son soutien au candidat républicain était la nécessité d’une «législation logique» affirmant que la société de technologie d’exploration spatiale (SpaceX) est capable de construire une fusée géante plus rapidement que les procédures de délivrance de la licence gouvernementale nécessaire. Il a ajouté : «Si la situation actuelle de restrictions résultant de l’adoption excessive de lois et de réglementations ne change pas, nous n’atteindrons pas Mars».
Le Financial Times rappelle que Musk est le propriétaire de Tesla, SpaceX, XAI Artificial Intelligence et To Colonize Mars.
Il semble que Musk parie sur la victoire de Trump pour avoir une grande influence sur la manière dont le gouvernement traitera les entreprises. Ce pari pourrait s’avérer payant si SpaceX et ses satellites Starlink parviennent à obtenir davantage de contrats de la National Security Agency des États-Unis ou si Tesla parvient à convaincre les Républicains sceptiques à l’égard des voitures électriques et peut-être à limiter les enquêtes menées par les agences de régulation sur la sécurité de sa technologie de conduite autonome.
Il est peu probable que, sous une nouvelle présidence Trump, la société X entre en conflit avec l’administration américaine concernant le concept absolu de liberté d’expression de Musk. Trump a promis que, s’il était élu, Musk dirigerait la Government Efficiency Administration.
Une rhétorique enflammée
Le journal britannique a rappelé que Musk et Trump étaient auparavant dans des camps opposés sur les aspects politiques. Alors que l’ancien président a souvent décrit le changement climatique comme un canular, Musk s’est souvent vanté que la mission de Tesla était de contribuer à réduire les risques d’un changement climatique catastrophique. L’homme d’affaires milliardaire a déjà voté pour les présidents Joe Biden et Barack Obama ainsi que pour l’ancienne candidate à la présidentielle Hillary Clinton, tous issus du Parti démocrate.
Cependant, la situation a changé aujourd’hui. Au cours des derniers mois, Musk est non seulement devenu le partisan le plus influent de Trump mais il a également adopté sa rhétorique enflammée notamment l’affirmation selon laquelle Kamala Harris fera des États-Unis un État à parti unique en transformant les migrants illégaux en démocrates. «Si Trump ne gagne pas, ce seront les dernières élections», a déclaré Musk jeudi.
Trevor Traina, un donateur de Trump qui a été ambassadeur des États-Unis en Autriche sous la présidence de celui-ci, affirme que Musk est directement impliqué dans la politique pour des raisons personnelles et non commerciales: «En tant qu’homme le plus riche du monde, Musk n’a besoin de rien. Il se contente de participer seulement.»
Pour Tesla, le risque d’ingérence électorale de Musk est qu’il s’aliène les clients naturels de l’entreprise qui sont plutôt de tendance démocrate. Selon le Pew Research Center, seuls 13% des Républicains déclarent qu’ils envisageraient sérieusement d’acheter une voiture électrique contre 45% des démocrates.
Le journal cite Andrew Palmer, ancien PDG d’Aston Martin, qui a déclaré que la stratégie suivie par Musk est également à haut risque. «Si Trump gagne, Elon ressemblera à un génie, mais si Trump perd, il n’aura pas l’air intelligent», a-t-il dit.
Cependant, certains des concurrents de Musk dans la Silicon Valley estiment que les objectifs qu’il cherche à atteindre chez Tesla sont à long terme et ils disent qu’il se rend compte que le cœur de métier de cette entreprise est de plus en plus menacé par les voitures électriques chinoises moins chères et par l’évolution rapide de la technologie des batteries.
Ça passe ou ça casse
D’autre part, le soutien du milliardaire américain à l’ancien président a fait de ce dernier une cible d’attaques de la part de son rival Harris et de son colistier Tim Walz. La vice-présidente l’a sévèrement critiqué utilisant son nom dans ses appels à fonds pour sa campagne.
Quant à Walz, il s’est adressé à un rassemblement massif de travailleurs syndiqués dans l’État du Michigan avertissant que les Républicains ne se soucient que de leurs amis milliardaires comme Musk, ajoutant: «Cet homme veut devenir notre tsar économique, il veut licencier les travailleurs et briser le système des syndicats et veut déplacer l’industrie automobile au Mexique d’où il exportera les voitures fabriquées avec des pièces détachées chinoises».
Quant à Musk, il insiste à dire qu’il agit par souci pour le pays. Il a déclaré lors du rassemblement de jeudi: «Je suis désormais un activiste politique parce que je crois que l’avenir de l’Amérique et celui de la civilisation sont en jeu.»
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