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Tunisie-UE | 30 ans d’association, un bilan mitigé

19. Juli 2025 um 10:20

La Tunisie et l’Union européenne (UE) viennent de célébrer le 30e anniversaire de leur Accord d’association, signé le 17 juillet 1995 et considéré comme une pierre angulaire du partenariat euro-méditerranéen. Cet anniversaire aurait dû donner lieu, côté tunisien, à une évaluation objective des retombées dudit accord d’association sur l’économie du pays, en crise depuis le milieu des années 2000, et qui a de plus en plus mal à se relancer malgré l’importance des financements extérieurs, européens et autres, dont le principal impact jusque-là est d’avoir aggravé son endettement extérieur et sa dépendance vis-à-vis de ses bailleurs de fonds étrangers. Cette évaluation tarde malheureusement à être faite, et c’est la vision de l’UE et ses intérêts qui continuent de prévaloir dans cette relation très déséquilibrée.       

Imed Bahri

Le 30e anniversaire de l’accord d’association entre la Tunisie et l’UE intervient dans un contexte de tensions géopolitiques croissantes, dans un monde marqué par la crise du multilatéralisme, la remise en cause des droits fondamentaux et la pression de défis mondiaux tels que le changement climatique et les flux migratoires, indique le service de presse et d’information de la délégation de l’UE en Tunisie.

Le communiqué rappelle que, premier du genre au Maghreb, l’Accord d’association UE-Tunisie a offert, au fil des ans, un cadre privilégié pour renforcer le dialogue politique et promouvoir une coopération multisectorielle, fondée sur des valeurs communes : le développement durable, la solidarité et la prospérité mutuelle. En trois décennies, le partenariat s’est intensifié et élargi à des domaines clés, de la politique à l’économie, de la science à la culture, générant des résultats concrets pour les citoyens, les institutions et les entreprises des deux rives de la Méditerranée.

Une trop grande dépendance

Selon les données officielles publiées par la délégation de l’UE en Tunisie, l’UE est le premier partenaire commercial de notre pays, absorbant 70 % de nos exportations. L’Union est également notre premier investisseur étranger : 88% du total des IDE proviennent des pays européens, tout comme 47% de leur valeur totale. Les entreprises européennes génèrent également 90% des emplois liés aux investissements étrangers en Tunisie.

L’accord a favorisé l’intégration de la Tunisie dans les chaînes de valeur industrielles européennes, notamment dans les secteurs du textile, de l’agroalimentaire et des composants automobiles, grâce à l’exonération progressive des droits de douane.

Du protocole d’accord signé en 2023 à l’élaboration actuelle d’un «Pacte pour la Méditerranée», l’UE et la Tunisie ambitionnent désormais de renforcer davantage leur partenariat et d’en faire un pilier de la stabilité régionale.

Les priorités stratégiques incluent la gestion coordonnée des migrations, la transition écologique et énergétique, l’innovation technologique, la formation professionnelle, l’inclusion des jeunes et des femmes, la sécurité alimentaire et le soutien aux PME.

Le programme Erasmus+ a également permis à des milliers d’étudiants et de chercheurs tunisiens de se former en Europe, tandis que les fonds européens ont contribué à la rénovation d’écoles, d’hôpitaux et d’infrastructures locales, ainsi qu’au soutien de projets en faveur de l’égalité des sexes, de l’emploi des jeunes et de la numérisation.

 La société civile tunisienne, soulignent des sources européennes, a joué un rôle clé dans ce processus, contribuant au renforcement démocratique du pays, notamment après 2011.

«À l’occasion de ce trentième anniversaire, les deux partenaires souhaitent revitaliser leurs relations. Le dialogue stratégique engagé ces dernières années porte sur les défis communs d’avenir : le changement climatique, la gestion humaine et inclusive des flux migratoires, l’innovation technologique, la formation et la sécurité alimentaire», écrit l’UE. Qui poursuit : «La célébration de cet anniversaire nous invite à réfléchir aux opportunités d’approfondir notre partenariat, fondé sur le respect mutuel, l’adhésion à des valeurs fondamentales partagées et une meilleure prise en compte des intérêts de toutes les parties, notamment le soutien aux jeunes, l’inclusion des femmes, la gestion collaborative des migrations, les réformes économiques, les PME et le développement territorial.»

Au cours du premier semestre 2025, conférences, expositions, publications et projets culturels ont déjà mis en lumière les réalisations de ce partenariat unique, tout en initiant un dialogue inclusif sur son avenir.

La Journée de l’Europe, célébrée le 9 mai, a marqué un point d’orgue, avec des événements dans différentes régions de Tunisie. «Trente ans après sa signature, l’accord d’association UE-Tunisie demeure un pilier essentiel du partenariat euro-méditerranéen. Il a contribué à construire des ponts solides entre les peuples, les institutions et les économies. Mais au-delà des réalisations, il est désormais temps de se tourner vers l’avenir. Les prochaines décennies doivent être l’occasion de se projeter vers l’avenir, avec la volonté commune de relever ensemble les défis du XXIe siècle », conclut le communiqué.

L’autre face de la médaille

Il n’en reste pas moins que, vu de Tunis, le partenariat avec Bruxelles reste très déséquilibré et le principal intérêt de l’UE dans notre pays demeure la gestion des flux migratoires. Dans ce contexte, les Européens, sous l’impulsion de la présidente du conseil italien, Giorgia Meloni, ont réussi à entraîner notre pays dans une politique qui est en train de le transformer d’une zone de transit à une zone d’installation des migrants subsahariens empêchés de partir vers l’Europe.

Outre la coopération sécuritaire très avancée, les Européens ont désormais un autre grand axe d’intérêt en Tunisie : le développement d’une coopération énergétique fondée sur la production d’énergies renouvelables et d’hydrogène vert, dont on connaît l’impact destructeur sur l’environnement.

Autre sujet de préoccupation à Tunis : le partenariat privilégié avec l’UE est en passe de devenir problématique pour la Tunisie, trop dépendante d’un ensemble actuellement en régression et qui est traversé par des contradictions et des divisions croissantes. La crise économique en Europe provoquée par la guerre russo-ukrainienne où les Européens sont fortement engagés se répercute très négativement sur l’économie tunisienne, elle-même en crise depuis 2011.  

Pour sa part, la société civile tunisienne reproche à l’UE l’oubli de ce qu’elle appelle ses «valeurs», dès qu’il s’agit de défendre ses intérêts, aux dépens des droits des peuples partenaires. Et dans ce contexte, la «blague» des «valeurs partagées»  dont se gargarisent les diplomates européens n’amuse plus personne au sud de la Méditerranée où l’Europe suscite moins de désir que de répulsion.

Quant à la complicité européenne – et le mot n’est pas fort – avec les crimes de guerre israéliens au Moyen-Orient, elle choque désormais les plus europhiles parmi les Tunisiens. Et cela nos amis européens devraient le sentir dans leurs relations avec leurs partenaires locaux. Et si la Tunisie cherche aujourd’hui à développer ses relations avec la Chine et, à un degré moindre, la Russie, c’est parce qu’elle sent que son tête-à-tête avec l’Europe est devenu harassant et intenable à moyen et long terme.

L’article Tunisie-UE | 30 ans d’association, un bilan mitigé est apparu en premier sur Kapitalis.

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