Comment « Bloquons tout » menace-t-il d’aggraver la crise politique en France ?
Le Premier ministre français François Bayrou a annoncé mardi sa démission à Emmanuel Macron, au lendemain d’un vote de confiance perdu à l’Assemblée nationale. Les députés ont massivement rejeté sa déclaration de politique générale, centrée sur la réduction du déficit public. Seuls 194 parlementaires l’ont soutenu, contre 364 qui ont voté contre.
Face à cette impasse, l’Élysée a précisé que le chef de l’État nommerait rapidement un nouveau Premier ministre.
Sébastien Lecornu désigné pour former un gouvernement
Quelques heures plus tard, le président Macron a nommé le ministre des Armées, Sébastien Lecornu, à la tête du gouvernement. Sa mission immédiate : consulter les partis afin de construire des accords permettant de débloquer les prochaines décisions budgétaires.
Cette nomination intervient dans un contexte de forte tension politique et sociale, marqué par la montée d’un mouvement inédit baptisé « Bloquons tout ».
« Bloquons tout » : un mouvement insaisissable
Né sur les réseaux sociaux en mai, « Bloquons tout » s’est diffusé sans structure centralisée. Parti de groupes classés à droite, il a depuis été repris par la gauche et l’extrême gauche. L’appel est clair : mettre la France à l’arrêt le 10 septembre, en visant aéroports, gares et autoroutes.
Le gouvernement prévoit le déploiement de 80 000 policiers et gendarmes pour contenir des actions pouvant rassembler environ 100 000 personnes. « On ne tolérera aucun blocage, aucune violence », a averti le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau.
Colère sociale et comparaisons avec les « Gilets jaunes »
Les témoignages recueillis auprès de sympathisants expriment une colère profonde contre les élites et les politiques d’austérité. Certains réclament une révision de la Constitution, d’autres la démission du président ou une taxation accrue des plus riches.
Pour plusieurs observateurs, « Bloquons tout » rappelle le mouvement des « Gilets jaunes » de 2018, dont la contestation avait duré six mois avant de s’essouffler.
Deux syndicats, la CGT et Solidaires, ont déjà affiché leur soutien, tandis qu’une nouvelle grève nationale est annoncée pour le 18 septembre.
Un terreau alimenté par les coupes budgétaires
Selon Paola Sedda, spécialiste des mouvements en ligne à l’université de Lille, l’origine de « Bloquons tout » se trouve dans la colère face aux coupes budgétaires défendues par François Bayrou.
Les services de renseignement français relèvent par ailleurs des tentatives d’amplification en ligne par des groupes étrangers, sans que cela modifie la dynamique du mouvement, jugée largement domestique.
Dans ce climat, Emmanuel Macron entame un nouveau chapitre de son quinquennat, contraint d’arbitrer entre urgence budgétaire et risque d’instabilité sociale.
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