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Impressions d’Espaces” : Quand art et sciences redessinent les portes des médinas tunisiennes

Von: hechmi
15. Januar 2025 um 14:54

Depuis 2023, le duo “Processus” porté par Ouissem Moalla, artiste plasticien-visuel, et Jérémie Descamps, urbaniste et docteur en géographie, explore les représentations mentales de l’espace et du territoire ainsi que la mémoire collective des lieux à travers des protocoles de recherche-création. En se penchant sur les portes urbaines, ils interrogent les notions de seuil, de passage et de frontière, ce qui les amène à redéfinir celles du territoire.

En résidence à la Villa Salammbô de l’Institut Français de Tunisie (Sousse) depuis le 15 novembre 2024, ils ont lancé le projet “Impressions d’Espaces”, un travail hybride entre art et sciences humaines et sociales centré sur le dispositif de la porte urbaine, notamment à travers la flânerie. Leur sujet d’étude : les portes urbaines de trois médinas tunisiennes. Le résultat, dévoilé au public le 21 décembre 2024, est un corpus artistique et scientifique comprenant des inventaires et un recueil d’impressions par captations sonores.

Qu’est-ce qui vous a inspiré à travailler sur les portes et les seuils ?

“Nous avons d’abord échangé autour de philosophes comme Pierre Sansot et Walter Benjamin, qui évoquent poétiquement les lieux, les seuils et les frontières, visibles ou invisibles, constituant la ville. La porte urbaine nous intéresse en tant qu’angle d’interprétation des liens et ruptures dans la ville. Elle reflète à la fois les dimensions mémorielle, géographique et urbanistique de l’espace.”

Comment articulez-vous votre approche art-science ?

“Nous croisons nos références en urbanisme, géographie, philosophie, histoire, art et sociologie. Nos méthodes, parfois opposées, convergent dans une forme inédite qui ‘pense’. Nous partageons une même pratique du terrain, collectant des données sensibles et explorant les lieux observés.”

Pourquoi avoir choisi les portes des médinas de Tunis, Sfax et Sousse ?

“Ces villes se distinguent par la préservation de leurs portes urbaines, souvent seuils d’entrée dans les villes anciennes. Elles racontent une histoire culturelle et architecturale marquant la centralité de la Tunisie dans l’histoire mondiale. Chaque pouvoir y a laissé son empreinte, de l’Antiquité à la modernité.”

En quoi les récits des habitants enrichissent-ils votre projet ?

“Les portes reflètent les scènes de vie des habitants : un transporteur à Sfax, un guide touristique à Sousse, ou des flâneurs à Tunis. Ces anecdotes nourrissent une représentation sensorielle et visuelle unique de ces lieux.”

Quelles mutations urbanistiques observez-vous dans ces villes ?

“La médina de Sfax, bien que préservée, souffre d’un manque d’entretien. Sousse, restaurée grâce au tourisme et à l’UNESCO, perd en authenticité. Tunis, intégrée au tissu urbain moderne, continue d’alimenter l’imaginaire collectif. Ces évolutions reflètent des paradoxes entre tradition et modernité.”

Quels liens faites-vous avec d’autres contextes, comme Mulhouse ?

“Contrairement aux médinas tunisiennes, Mulhouse a été remodelée par l’industrialisation, avec peu de considération pour son patrimoine. Pourtant, l’imaginaire des habitants y attache des impressions semblables à celles des villes tunisiennes.”

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