Microfinance en Tunisie : accès limité au crédit et défis du refinancement au cœur d’une étude de Tunisie Valeurs
L’accès limité aux crédits pour certaines populations, les conditions de financement « parfois contraignantes », ainsi que la sous-représentation des zones rurales, tels sont les principaux défis auxquels fait face le secteur de la microfinance en Tunisie.
C’est ce qui ressort d’une étude publiée par l’intermédiaire en bourse, Tunisie Valeurs, intitulée « Le secteur de la microfinance en Tunisie : Etats des lieux et perspectives ».
Si des progrès importants ont été réalisés depuis les années 1960, grâce à un cadre législatif renforcé et à des politiques inclusives, l’accès au financement et l’appui aux bénéficiaires demeurent des obstacles entravant le développement du secteur.
Selon l’étude, l’accès aux crédits reste limité bien que les Institutions de microfinance (IMF) aient développé des mécanismes de financement adaptés aux populations vulnérables.
S’ajoutent à cela la hausse des taux d’intérêt et des conditions de financement perçues comme contraignantes, susceptibles de décourager une partie des emprunteurs, d’autant que les zones rurales restent largement sous-desservies, avec seulement 218 agences pour les Institutions de microfinance Société Anonyme (IMF-SA) recensées en 2023.
Evoquant les IMF, Tunisie Valeurs souligne qu’elles sont interdites de collecter les dépôts et d’accéder au refinancement de la Banque Centrale. Par conséquent, elles peinent à se refinancer à faible coût, ce qui impacte leur capacité à offrir des crédits à des conditions favorables.
Actuellement, ces institutions se financent majoritairement par des emprunts bancaires octroyés auprès des banques locales et par des lignes de financement extérieures. Pour pallier le manque de financement, elles se tournent de plus en plus vers le marché obligataire domestique.
La première émission d’obligations sans recours à l’appel public à l’épargne par une institution de microfinance en Tunisie remonte à l’année 2017. Elle a été réalisée par ENDA TAMWEEL pour un montant global de 14 MD, selon la même source.
Sur les deux dernières années, observe l’étude, les institutions de microfinance ont confirmé « leur appétit croissant » pour les émissions obligataires devenant un émetteur récurrent avec des émissions de 116 MD (soit 15 % du total des émissions du marché obligataire corporate) en 2023 et de 123 MD (soit 27 % des émissions globales du marché obligataire privé) en 2024.
Ainsi, en 2024 et pour la première fois en Tunisie, les IMF ont réussi à émettre des obligations par appel public à l’épargne. ENDA TAMWEEL, a ainsi ouvert le bal en mai 2024 avec une émission de 50 MD. Elle a été suivie par TAYSIR MICROFINANCE en août (une émission de 40 MD).
Impératif d’harmoniser les conditions de refinancement
Selon Tunisie Valeurs, le refinancement des institutions de microfinance en Tunisie souffre d’un manque de cohérence et reste très limité.
D’une part, les Associations de Microcrédits (AMC) se refinancent par l’intermédiaire de la Banque Tunisienne de Solidarité (BTS) à des taux préférentiels et dans des conditions relativement favorables.
D’autre part, les Institutions de microfinance Société Anonyme n’ont accès qu’aux refinancements commerciaux des banques locales ou à des fonds internationaux gérés par des véhicules d’investissement en microfinance (VIM). Ces derniers proposent leurs lignes à des taux relativement élevés, en raison notamment du coût de la couverture du risque de change.
Pour développer un système de refinancement des institutions de microfinance à la fois globalement efficace et efficient, il est impératif d’harmoniser les conditions de refinancement, afin de faciliter l’accès des IMF à des sources de financement adaptées et durables, capables de soutenir leur croissance, souligne Tunisie Valeurs.
Malgré ces défis, l’intermédiaire en bourse estime que le secteur bénéficie d’une dynamique favorable, portée par l’intégration de nouvelles technologies telles que la banque mobile et les plateformes de financement participatif (crowdfunding), qui pourraient améliorer l’accès aux services financiers, en particulier dans les zones rurales.
De plus, l’établissement de partenariats avec des entreprises privées et des initiatives de financement inclusif pourraient aider à diversifier les sources de financement pour les institutions de microfinance tunisienne.
À moyen et long terme, la microfinance pourrait devenir un levier stratégique de transformation économique, en soutenant l’inclusion financière des publics marginalisés et en consolidant la stabilité du tissu économique face aux chocs extérieurs, conclut l’étude.
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