Archéologie | La vraie fausse affaire Zama
C’est une simple action de coopération archéologique entre la Tunisie et l’Italie que certains médias locaux ont voulu transformer en une affaire de corruption administrative, conformément à l’air du temps dans notre pays.
Il s’agit d’une collaboration entre le Parc archéologique du Colisée de Rome et l’Institut national du patrimoine (INP) pour l’organisation d’une exposition itinérante, à Rome, du 5 juin au 5 novembre 2025, qui présentera d’importantes découvertes archéologiques trouvées dans le site tunisien de Zama Regia, dans le gouvernorat de Siliana.
C’est ce qu’a annoncé le directeur général de l’INP, Tarek Bacchouche, lors d’une conférence de presse au Musée du Bardo, vendredi 28 février 2025, en précisant qu’avant leur exposition à Rome, certains objets feront l’objet d’une restauration minutieuse en Italie entre mars et mai. Et c’est ce qui explique leur envoi à Rome où certains médias, en quête de buzz facile, ont cru déceler une tentative de trafic d’objets archéologiques. La ficelle était trop grosse…

Cette opération confirme le haut niveau des relations dans le domaine archéologique entre la Tunisie et l’Italie, pays leader pour les missions archéologiques dans la région, a expliqué Baccouche, en présentant l’accord de coopération archéologique tuniso-italienne pour la réhabilitation et la restauration du site de Zama, dans le cadre de la coopération bilatérale. Cet accord s’étend sur quatre ans, et prévoit que la partie italienne allouera à la Tunisie une dotation totale de 800 000 euros, soit 200 000 euros par an. Il comprend un volet dédié à la formation, à la restauration et à la valorisation de certains sites archéologiques (site de Puput Hammamet, El-Jem et Zama) et à leur promotion à travers l’organisation d’expositions et de séminaires communs.
Les 30 objets archéologiques sélectionnés du site de Zama présentés au Bardo seront restaurés à Rome avec les technologies les plus modernes et avec la participation de deux chercheurs tunisiens. Ils font partie d’une vaste collection remontant à différentes périodes, avant et après le Christ, composée de temples et de lieux de culte et qui témoignent de la richesse de la vie religieuse, culturelle et sociale de l’ancienne Zama.
Bien qu’ils aient été découverts entre 2001 et 2006, ces objets sont révélés au public pour la première fois, a indiqué Bacchouche, soulignant que de récents inventaires et recherches documentaires ont permis de les identifier et de les classer avec précision.
La directrice de l’Inventaire et des Etudes de l’INP, Samira Shili, a expliqué que le site de Zama, d’origine numide, a été influencé par la civilisation punique puis carthaginoise jusqu’à l’époque romaine, ce qui en fait un témoin de l’imbrication des civilisations en Tunisie.
Les 30 objets sélectionnés appartiennent à différentes époques et représentent de multiples aspects de la vie religieuse et culturelle de Zama. Parmi les pièces les plus importantes trouvées figurent des statuettes représentant des divinités païennes, des vases en céramique et divers outils qui renseignent sur le mode de vie de l’époque.

Les fouilles de Zama se sont déroulées en plusieurs phases, dans le cadre d’expéditions archéologiques débutées en 1996, qui ont permis d’accumuler les découvertes au cours des dernières décennies. Selon Shili, «ces découvertes revêtent une grande importance pour promouvoir la recherche scientifique et nous permettent de mieux comprendre l’histoire de la région».
Zama Regia était une ville appartenant à l’empire carthaginois où, en 202 avant J.-C., les Romains remportèrent la dernière bataille de la Seconde Guerre punique.
I. B.
L’article Archéologie | La vraie fausse affaire Zama est apparu en premier sur Kapitalis.