Sauvons Tunisair tant qu’il est encore temps !
Il ne m’est pas facile d’écrire ces mots, mais c’est nécessaire. Et urgent. Quand on a aimé une compagnie, qu’on lui a donné du temps, de l’énergie, parfois même des sacrifices personnels… voir ce qu’elle devient aujourd’hui, c’est douloureux. Tunisair n’a jamais été parfaite. Mais elle n’était jamais descendue aussi bas.
Rihab Said Guissouma *
On a connu les retards, les galères, les pannes. Mais malgré tout, il y avait une âme. Des équipes soudées, du respect pour les passagers, une fierté de servir notre drapeau dans les airs.
Aujourd’hui, ce que je vois me brise le cœur : des vols annulés sans explication; des passagers laissés seuls, sans informations ni soutien; des équipes au sol très qualifiées, mais qui manquent cruellement de moyens pour faire leur travail correctement. Tout va mal
On ne peut plus se taire. Il faut parler. Il faut agir. Et surtout, il faut respecter. Respecter les voyageurs qui paient pour un service digne. Respecter les employés qui donnent tout avec peu de moyens. Respecter le nom de Tunisair, parce qu’il représente plus qu’une entreprise. C’est un symbole national. Ce n’est pas trop tard. Il faut remettre les avions en état. Il faut reconstruire la confiance avec des gestes simples : informer, accompagner, s’excuser quand il le faut. Il faut des responsables présents, visibles, engagés. Et surtout, il faut arrêter de faire semblant que tout va bien. Parce que non, tout ne va pas bien. Et il n’y a rien de honteux à l’admettre.
Une seconde chance
À ceux qui portent encore l’uniforme : respect et courage. Je sais ce que vous vivez. Je sais que vous tenez la baraque comme vous pouvez. Vous méritez mieux. Vous méritez qu’on vous écoute. Qu’on vous soutienne. Qu’on vous rende les moyens de faire votre travail avec fierté. Et c’est justement pour cela que je m’adresse aujourd’hui au ministre du Transport : Tunisair ne peut plus être traitée comme un simple dossier administratif. Elle doit devenir une affaire d’État. Je demande la création d’une cellule de crise nationale, avec de vrais experts; un budget annuel structuré et suivi, dédié à la relance du transport aérien; une révision complète des responsabilités, avec obligation de résultats; et surtout, une vision à long terme, claire, ambitieuse, transparente.
Je ne me fais pas d’illusions. Mais je refuse de rester silencieuse face à l’effondrement d’une compagnie que des générations ont servie avec loyauté et honneur.
Tunisair mérite une seconde chance. Elle mérite mieux que des réponses automatiques. Elle mérite une vraie décision politique. Avec respect, mais sans silence.
* Ancienne employée de Tunisair.
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