Fitch Ratings prévoit une croissance de 1,5 % et 1,6 % en 2025 et en 2026 pour la Tunisie
Nouvelle estimation de la croissance économique de la Tunisie pour 2025. Cette fois, elle provient de Fitch Ratings. L’agence de notation a mis à jour une série de ratings de banques locales. Et, dans l’analyse, elle présente quelques chiffres macroéconomiques intéressants.
Fitch estime que la croissance du PIB réel sera de 1,5 % en 2025 et de 1,6 % en 2026. L’inflation va décélérer mais restera élevée à 6 % en moyenne. L’absence de réformes structurelles continuera à peser sur la confiance des entreprises. La demande de crédit est faible, les prêts n’ayant augmenté que de 1,8 % en glissement annuel au cours des neuf premiers mois de 2024.
Ces prévisions sont cependant moins optimistes que celles de Moody’s qui table sur une croissance moyenne de 2,4 % en 2025-2026. Mais elles sont aussi pessimistes si on les compare aux estimations du gouvernement qui vise 3,2 % dans sa loi des finances. Il faut passer rapidement en revue ce qui se passe dans les différents secteurs d’activité pour voir où nous sommes actuellement.
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L’agriculture : une bonne saison en vue
Bien que la campagne oléicole de cette année ait été très compliquée, la production était au rendez-vous. Maintenant, il faut réussir la saison céréalière qui s’avère, elle aussi, bonne et meilleure que celle de l’année dernière.
Idem pour la production des dattes. Les conditions climatiques, marquées par une pluviométrie proche de la normale, ont contribué à l’amélioration des perspectives de cette année.
Une seconde année consécutive de croissance du secteur agricole est possible. Cet élément semble faire la différence entre les estimations des deux agences de notation ; Moody’s l’a pris en compte plus que Fitch.
L’industrie : la demande européenne inquiète
Les perspectives de croissance révisées à la baisse dans la zone euro ne sont pas une bonne nouvelle pour la Tunisie. La consommation y demeure modeste. Ce qui limite notre potentiel à l’exportation. L’Europe va se concentrer sur le secteur de la défense, dans lequel nous n’avons pas de présence significative.
En outre, l’industrie manufacturière tunisienne est en phase de reconversion vers des processus plus respectueux de l’environnement. Cette phase d’investissement est un passage obligatoire, afin de réduire l’empreinte carbone. Ce qui donnera son impact positif dans les années à venir.
Ce qui pourrait faire la différence est le comportement des industries extractives. En repli l’année dernière, il est possible que le gouvernement prenne les choses en main cette année, notamment dans les phosphates. Même si nous ne pouvons pas atteindre un rythme de production normal, il est possible d’atteindre les 4 millions de tonnes, qui donneront un coup de pouce aux avoirs en devises.
Idem pour le gaz naturel et le pétrole, deux activités qui nous causent une hémorragie de devises. Sans cette reprise, l’année serait modeste pour l’industrie et comparable aux performances de 2024.
Les services : le stress test de la consommation
Le secteur touristique semble tenir encore bon cette année. Il va tirer avec lui le transport et la restauration. Néanmoins, la consommation locale est à observer de près. La chute libre de l’utilisation des chèques ne passera pas sans laisser des traces sur le volume d’activité global. Il est déjà observé et relayé par les commerçants.
En guise de conclusion, avec l’agriculture comme locomotive et l’industrie et les services en manque de carburant, la croissance tendrait plus vers les estimations de Fitch Ratings. C’est toujours insuffisant par rapport au potentiel et aux besoins de ce pays.
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