Grèce : l’aquaculture durable en Méditerranée et mer Noire en débat
Les principaux piliers de la croissance durable de l’aquaculture en Méditerranée et en mer Noire se nomment « résilience climatique et économique, gouvernance, innovation, recherche, collecte de données et bien-être animal ».
C’est sur cet enjeu que des représentants d’une trentaine de pays se sont réunis dans la ville grecque d’Héraklion. Et ce, pour la plus grande conférence régionale sur l’aquaculture de la région, lit-on sur le site de la FAO et de la CGPM.
Cette conférence s’intitulée : « Façonner l’avenir de l’aquaculture durable en Méditerranée et en mer Noire ». Elle se déroule sur deux jours, les 5 et 6 décembre 2024, et est organisée par la Commission générale des pêches pour la Méditerranée (CGPM), de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et le gouvernement de la Grèce, avec l’appui financier de l’Union européenne. L’événement a « marqué un tournant historique pour la croissance future du secteur aquacole ».
La conférence a servi de forum pour faire le point sur les progrès accomplis depuis la conférence régionale inaugurale qui s’est tenue à Bari (Italie) en 2022, et « réfléchir à la manière d’englober l’innovation et la durabilité, de renforcer la résilience et de libérer le plein potentiel de l’aquaculture dans la région, en vue de réaliser et dépasser les objectifs de la Stratégie 2030 de la CGPM », explique la FAO.
« L’aquaculture est de plus en plus vitale pour la sécurité alimentaire, l’emploi et le développement économique dans la région de la Méditerranée et la mer Noire. Au cours de la dernière décennie, le secteur a connu une croissance remarquable : la production aquacole marine et en eau saumâtre a augmenté de 91,3 % et les revenus de 74,5 % », ajoute la même source.
Une vision commune
A l’occasion de cette conférence-rencontre, il s’est dégagé « une vision commune pour l’avenir ». Laquelle prend en considération « les principaux enjeux régionaux et mondiaux ». Et plus précisément « l’insécurité alimentaire mondiale croissante à laquelle est confrontée une population de plus en plus nombreuse, le changement climatique, la pollution, la dégradation de la biodiversité et l’instabilité économique ».
D’ailleurs, la directrice générale des affaires maritimes et de la pêche à la Commission européenne, Charlina Vitcheva, n’a pas manqué de se réjouir en ces termes : « Une nouvelle vision du développement durable de l’aquaculture prend forme aujourd’hui. Cette conférence doit marquer une étape importante dans notre parcours. En nous appuyant sur ses conclusions, nous réfléchirons à la meilleure façon de relever les défis, en veillant à ce que nos actions profitent à l’aquaculture et aux communautés locales qui en dépendent. »
A noter que nombreux décideurs et acteurs de haut niveau, y compris des experts en aquaculture et des représentants du secteur académique et de la recherche, d’organisations internationales, intergouvernementales et non gouvernementales, de producteurs et d’associations d’aquaculteurs de la région et au-delà, ont partagé leurs idées et leurs expériences dans le cadre d’une série d’exposés liminaires, de panels et d’événements parallèles, indique la FAO.
A cet égard le ministre grec du Développement rural et de l’Alimentation, Konstantinos Tsiaras, a déclaré : « L’aquaculture est un pilier du développement de notre pays et de toute la région méditerranéenne. Grâce à nos convergences et à nos décisions, nous jetons les bases d’un secteur durable et résilient qui innove et respecte son environnement naturel. Je suis convaincu que la coopération de toutes les parties prenantes nous aidera à faire de l’aquaculture un levier d’innovation, de durabilité et de progrès pour notre pays et pour l’ensemble de la Méditerranée. »
Une aquaculture durable à l’horizon 2030 en 5 priorités
A partir de là, la FAO et la CGPM présentent ce qu’elles considèrent comme les priorités pour le développement d’une aquaculture durable en Méditerranée et mer Noire.
En effet, soulignent-elles, le renforcement de la sécurité alimentaire constitue une priorité. Ce qui réaffirme « le rôle de l’aquaculture dans la fourniture d’aliments accessibles, abordables et nutritifs pour répondre à une demande mondiale croissante. Tout en contribuant aux économies locales et en réduisant la dépendance à l’égard des importations ».
Comme deuxième priorité, la « promotion d’une croissance axée sur les écosystèmes pour appuyer des pratiques aquacoles qui intègrent des approches écosystémiques. Et ce, afin de garantir la résilience sociale et environnementale, tout en améliorant la biodiversité et en restaurant les écosystèmes marins ».
Tertio, « le renforcement de la gouvernance et de la collaboration entre les parties prenantes est essentiel pour améliorer l’harmonisation des cadres réglementaires avec les normes mondiales et impliquer activement les parties prenantes, y compris les producteurs artisanaux et les communautés locales, afin de favoriser une prise de décision équitable et la coopération transfrontalière ».
Avant-dernière priorité, « l’adoption de pratiques innovantes, telles que les espèces adaptées au climat, l’aquaculture multitrophique intégrée et les systèmes avancés pour faire face aux impacts du changement climatique et assurer la durabilité à long terme, constituent également un moteur important pour promouvoir davantage la résilience climatique et l’innovation ».
La cinquième et dernière priorité porte sur comment « garantir la responsabilité sociale et l’inclusivité pour responsabiliser les communautés locales, donner la priorité à l’équité entre les sexes, améliorer le bien-être des travailleurs et travailleuses et promouvoir la participation des jeunes afin de créer un secteur aquacole plus inclusif et socialement responsable ».
In fine, les conclusions de la conférence pourraient « guider la CGPM et ses membres dans la définition de nouvelles actions stratégiques nationales et régionales en faveur du développement durable de l’aquaculture. Y compris dans le contexte de la Conférence des Nations unies sur l’Océan 2025 et de la prochaine déclaration MedFish4Ever », soulignent les deux partenaires (la FAO et la CGPM).
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A propos de la CGPM
La CGPM est une organisation régionale de gestion des pêches qui relève de la FAO et dont la zone de compétence couvre l’ensemble des eaux de la Méditerranée et de la mer Noire. Sa principale mission est d’assurer la préservation et l’utilisation durable des ressources biologiques marines, ainsi que le développement durable de l’aquaculture.
La CGPM est composée de 23 parties contractantes (Albanie, Algérie, Bulgarie, Chypre, Croatie, Égypte, Espagne, France, Grèce, Israël, Italie, Liban, Libye, Malte, Maroc, Monaco, Monténégro, Roumanie, Slovénie, Syrie, Tunisie, Turquie et Union européenne) et six parties non contractantes coopérantes (Arabie saoudite, Bosnie-Herzégovine, Géorgie, Jordanie, Moldova et Ukraine).
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