France | Éric Zemmour relance le jihad contre l’immigration
Le leader d’extrême droite française Éric Zemmour a saisi l’occasion du cambriolage spectaculaire du musée du Louvre pour relancer ses attaques contre les immigrés, et plus particulièrement contre la communauté algérienne en France. Une stratégie politique bien connue : transformer un fait divers en argument identitaire.
Djamal Guettala
Le 20 octobre, quatre individus ont pénétré dans le musée parisien et dérobé huit bijoux de la couronne française, d’une valeur estimée à 88 millions d’euros. Selon les autorités, deux suspects ont été arrêtés : un jeune homme d’origine algérienne intercepté à l’aéroport Charles-de-Gaulle avant un vol pour Alger, et un autre de nationalité malienne arrêté près de la capitale.
Zemmour, qui dirige le parti Reconquête, n’a pas attendu les résultats de l’enquête pour instrumentaliser l’affaire. Sur France 3, il a déclaré: «L’immigration vole les joyaux de la couronne française.» Et sur la plateforme X (ex-Twitter), il a ajouté : «Voilà que l’Algérie entre en scène dans le cambriolage du Louvre. L’immigration vole nos trésors, notre civilisation. C’est le djihad quotidien.»
Vol de civilisation
Ces propos ont suscité une vague d’indignation sur les réseaux sociaux. De nombreux observateurs y voient une nouvelle tentative du polémiste de détourner le débat public et de nourrir la peur de l’étranger. Plusieurs commentateurs ont rappelé que Zemmour, déjà condamné à plusieurs reprises pour incitation à la haine raciale, recycle depuis des années le même discours : celui d’une France assiégée par ses anciens colonisés.
«C’est un réflexe pavlovien : dès qu’un suspect a un nom maghrébin, Zemmour y voit la preuve du déclin national», analyse un politologue parisien. «C’est une stratégie d’agitation plus qu’un projet politique», ajoute-t-il.
Les réactions ironiques n’ont pas manqué. Des internautes ont souligné que le Louvre conserve lui-même des milliers d’œuvres d’art pillées dans les colonies. «Parler de vol de civilisation quand les vitrines du Louvre exposent le butin de l’expansion coloniale relève de l’amnésie historique», a commenté un journaliste culturel.
Zemmour poursuit ainsi une ligne discursive où la haine devient le principal carburant électoral. Mais son audience s’effrite : selon les derniers sondages, Reconquête ne dépasserait plus les 5 % d’intentions de vote, loin derrière le Rassemblement national de Marine Le Pen, dont le discours anti-immigration apparaît désormais plus «acceptable».
Des suspects permanents
Dans les quartiers populaires, les propos du polémiste sont vécus comme une provocation de plus. «On est Français, on paie nos impôts, on vit ici, mais on reste désignés comme des suspects permanents», confie un jeune enseignant d’origine algérienne à Lyon.
L’affaire du Louvre, spectaculaire sur le plan policier, se transforme donc en nouvelle scène politique. Au lieu d’un débat sur la sécurité des musées ou les trafics internationaux d’art, la France assiste à la énième récupération d’un fait divers par une droite radicale en quête de visibilité et qui fait feu de tout bois.
La surenchère identitaire semble, cette fois encore, avoir éclipsé la complexité du réel. Et derrière les mots de Zemmour, c’est toujours la même rengaine : celle d’un passé colonial mal digéré et d’un présent incapable de penser l’égalité
L’article France | Éric Zemmour relance le jihad contre l’immigration est apparu en premier sur Kapitalis.