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CHRONIQUE – Tunisie – Fin 2025 : une stabilité monétaire à l’épreuve de l’économie mondiale

30. Dezember 2025 um 09:00

À la fin de l’année 2025, les indicateurs monétaires et financiers tunisiens dessinent le portrait d’une économie maintenue en équilibre précaire. Derrière une apparente stabilité des taux et un marché monétaire fonctionnel, se cachent des déséquilibres persistants, gérés au prix d’un interventionnisme monétaire élevé et d’arbitrages budgétaires contraints. Cette situation s’inscrit dans un environnement international lui-même marqué par le ralentissement, la fragmentation financière et l’incertitude géopolitique.

Une trésorerie publique structurellement fragile

Le solde du compte courant du Trésor, ramené à 1 269 MDT au 25 décembre, confirme la pression chronique qui pèse sur les finances publiques. En cette période de clôture budgétaire, la concentration des décaissements – salaires, subventions, service de la dette – met en évidence la faiblesse du matelas de trésorerie de l’État et la rigidité de ses recettes.

Cette contrainte n’est plus conjoncturelle mais structurelle. Le Trésor demeure un acteur central de l’absorption de liquidité. Ce qui transfère la tension vers le système bancaire et renforce la dépendance indirecte à la Banque centrale. L’État finance ainsi son équilibre courant moins par la croissance des ressources que par la mobilisation permanente du circuit monétaire.

 

Lire aussi: Abondance financière et déficit d’investissement : le grand paradoxe!

 

Banques : liquidité rare, mais stabilité préservée

Le recul du solde du compte courant des banques, conjugué à la hausse continue des billets et monnaies en circulation – désormais à plus de 26 400 MDT – traduit une raréfaction persistante de la liquidité bancaire. Le phénomène est accentué par des facteurs saisonniers, mais il reflète surtout une économie où l’informalité et la thésaurisation en cash demeurent élevées.

Pour autant, le système bancaire continue de fonctionner sans rupture majeure. Cette stabilité repose largement sur l’action de la Banque centrale de Tunisie, qui assure un rôle d’amortisseur systémique dans un contexte de déséquilibre durable entre les besoins de financement de l’État, ceux de l’économie et les ressources disponibles.

Marché monétaire : un pilotage fin dans un corridor étroit

Avec un refinancement global dépassant 10 400 MDT, la BCT maintient une présence massive sur le marché monétaire. La structure des interventions – appels d’offres à court terme, opérations à plus long terme, ajustements via les facilités permanentes – révèle une gestion fine, destinée à éviter toute rupture de liquidité tout en conservant un signal de discipline monétaire.

Le maintien du taux directeur à 7,50 %, combiné à un taux du marché monétaire légèrement inférieur, traduit une volonté de stabilisation plutôt que de relance franche. La Banque centrale cherche à préserver un équilibre délicat : soutenir le fonctionnement du système financier sans alimenter de nouvelles tensions inflationnistes, dans un contexte où la croissance reste atone.

La progression des transactions interbancaires, notamment à terme, constitue néanmoins un signal positif, indiquant que la confiance entre établissements demeure, malgré la contrainte globale.

 

La Banque centrale cherche à préserver un équilibre délicat : soutenir le fonctionnement du système financier sans alimenter de nouvelles tensions inflationnistes, dans un contexte où la croissance reste atone.

 

Dette intérieure : soulager le présent, alourdir l’avenir

La recomposition rapide de la dette intérieure est l’un des faits saillants de l’année. L’effondrement de l’encours des bons du Trésor à court terme, compensé par une forte hausse des bons assimilables, traduit une stratégie d’allongement des maturités.

Cet arbitrage réduit le risque immédiat de refinancement et atténue les tensions de trésorerie, mais il reporte la charge dans le temps. Il renforce également l’interdépendance entre l’État et le système bancaire domestique, au détriment potentiel du financement de l’investissement productif. La dette devient ainsi plus soutenable à court terme, mais plus rigide à moyen terme.

Un environnement international peu porteur

Cette gestion sous contrainte s’inscrit dans un contexte international défavorable. L’économie mondiale ralentit, sous l’effet du resserrement monétaire prolongé dans les grandes économies, de la fragmentation géopolitique et du tassement du commerce mondial. Les flux financiers vers les pays émergents restent volatils, sélectifs et conditionnés au risque souverain.

La baisse relative du dollar face à certaines devises a offert un répit temporaire à des pays importateurs nets comme la Tunisie, en limitant l’inflation importée. Mais ce facteur est exogène et réversible. Dans un monde où les banques centrales avancent avec prudence et où les marchés restent nerveux, la marge de manœuvre des économies fragiles demeure étroite.

Secteur extérieur : des flux vitaux, un stock vulnérable

Les recettes touristiques et les revenus du travail des Tunisiens à l’étranger continuent de jouer un rôle stabilisateur essentiel. Ces flux, non générateurs de dette, constituent aujourd’hui l’un des principaux remparts contre l’aggravation du déficit courant.

En revanche, les réserves de change, avec une couverture d’environ 108 jours d’importations, restent à un niveau fonctionnel mais insuffisant pour absorber des chocs externes majeurs. Toute perturbation des flux touristiques, des transferts ou des importations énergétiques pourrait rapidement raviver les tensions.

 

Lire également : Tunisie – Baisse de 14% des services de la dette extérieure 

 

Une stabilité sous perfusion

En définitive, la Tunisie termine 2025 dans une situation de stabilité administrée. Le système tient, mais au prix d’un interventionnisme monétaire élevé, d’un endettement intérieur restructuré et d’une croissance toujours insuffisante.

 

La question centrale pour 2026 n’est donc pas celle de la stabilité immédiate, mais celle de sa soutenabilité économique et sociale à moyen terme.

 

Dans un environnement international incertain, cette stabilité reste fragile. Sans relance de l’investissement productif, amélioration durable des finances publiques et réintégration progressive de l’économie informelle, le risque est celui d’une économie figée : ni en crise ouverte, ni en véritable redressement.

La question centrale pour 2026 n’est donc pas celle de la stabilité immédiate, mais celle de sa soutenabilité économique et sociale à moyen terme.

 

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Références :

(1) Sources principales consultées pour le contexte international : World Bank MENAAP (26dec. 2025), données prix Brent / marché pétrolier (26dec. 2025), minutes Fed / prises de position récentes, analyses Reuters sur la réaction des marchés aux tensions régionales. (Banque Mondiale)

(2) (*) https://www.bct.gov.tn/bct/siteprod/indicateurs.jsp

(**) https://www.ins.tn/

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* Dr. Tahar EL ALMI,

Economiste-Economètre.

Ancien Enseignant-Chercheur à l’ISG-TUNIS,

Psd-Fondateur de l’Institut Africain

D’Economie Financière (IAEF-ONG)

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Analyse des indicateurs monétaires et financiers au 19 décembre 2025

22. Dezember 2025 um 09:00

À l’approche de 2026, l’environnement économique international demeure marqué par une dissymétrie profonde entre le ralentissement de l’inflation et la persistance de vulnérabilités structurelles. Les grandes banques centrales ont amorcé un infléchissement de leur discours, mais sans opérer de rupture franche avec le régime monétaire restrictif instauré depuis 2022. Cette prudence reflète moins une confiance retrouvée qu’une gestion défensive des risques systémiques.

A l’international,

Aux États-Unis, le reflux de l’inflation s’est confirmé, mais la Réserve fédérale reste confrontée à une économie encore résiliente et à un marché du travail tendu. Dans ce contexte, toute détente monétaire trop rapide serait susceptible de raviver les pressions inflationnistes, notamment via les services et les salaires. La trajectoire des taux américains reste ainsi élevée en termes réels, maintenant une forte attractivité des actifs libellés en dollars et exerçant une pression persistante sur les devises des économies émergentes.

Dans la zone euro, la situation est plus ambivalente. Le ralentissement économique est désormais tangible, avec une croissance atone, une industrie en difficulté et une demande intérieure fragilisée par plusieurs années d’érosion du pouvoir d’achat. La Banque centrale européenne (BCE) se trouve ainsi prise en étau entre la nécessité de soutenir l’activité et l’impératif de crédibilité monétaire. Cette tension explique un assouplissement extrêmement graduel, qui limite les effets positifs à court terme pour les partenaires commerciaux de l’Europe du Sud, dont la Tunisie.

Lire aussi: BCE : Lagarde veut améliorer la position mondiale de l’euro 

 

Sur le plan géopolitique, l’économie mondiale reste exposée à des foyers de tension durables. Les conflits au Moyen-Orient, la militarisation croissante des échanges commerciaux et la fragmentation des chaînes de valeur mondiales continuent d’alimenter une prime de risque élevée sur les marchés. Cette situation entretient une volatilité accrue des prix de l’énergie et des matières premières, pénalisant particulièrement les pays importateurs nets et à faible marge budgétaire.

Par ailleurs, le mouvement de reconfiguration du commerce international, souvent qualifié de friend-shoring ou de near-shoring, avance lentement et de manière asymétrique. Si certains pays émergents en tirent profit, ceux dont l’environnement institutionnel reste instable ou peu lisible peinent à capter ces flux d’investissement. La concurrence pour l’attraction des capitaux productifs s’est ainsi intensifiée, rendant les critères de gouvernance, de stabilité réglementaire et de visibilité macroéconomique déterminants.

Dans ce contexte, les conditions financières internationales demeurent restrictives malgré la détente progressive des taux directeurs. Les spreads souverains des pays à risque élevé restent sous tension, traduisant une sélectivité accrue des investisseurs. L’accès aux marchés internationaux reste coûteux, voire fermé, pour plusieurs économies en développement, renforçant la dépendance aux financements domestiques et multilatéraux.

En Tunisie,

Cet environnement international signifie que la marge de manœuvre externe reste limitée. La stabilisation récente des réserves de change et du taux de change s’inscrit davantage dans une amélioration conjoncturelle des flux qu’à la faveur d’un retournement structurel du cycle mondial. Tant que les conditions financières internationales ne se normaliseront pas pleinement, la stratégie économique nationale devra continuer à privilégier la prudence, la résilience et la consolidation interne.

La fin de l’année 2025 s’inscrit dans un contexte international marqué par une inflexion progressive mais prudente des politiques monétaires dans les économies avancées. Si la Réserve fédérale et la BCE ont amorcé un discours plus accommodant, les conditions financières mondiales demeurent restrictives, avec des taux réels encore élevés, une croissance mondiale modérée et des flux de capitaux toujours sélectifs à l’égard des économies émergentes.

 

Lire également: La BCE laisse inchangés ses taux directeurs pour la quatrième fois, mais…

 

Dans ce cadre, les pays importateurs nets d’énergie et fortement dépendants du financement extérieur, comme la Tunisie, restent exposés à une double contrainte : pression sur les finances publiques et arbitrages délicats en matière de politique monétaire.

Liquidité bancaire : détente relative mais fragile

Les indicateurs monétaires du 19 décembre confirment une stabilisation progressive de la liquidité bancaire, sans pour autant signaler un retour à une situation confortable.

Le volume global du refinancement s’établit à 11 034 MDT, en légère baisse par rapport à la veille et en net repli par rapport à 2024. Cette évolution traduit à la fois un meilleur ajustement des flux de liquidité et une action plus ciblée de la Banque centrale de Tunisie (BCT), notamment via la réduction des opérations d’open market, dont l’encours recule de plus de 2 000 MDT en glissement annuel.

Le maintien du taux directeur à 7,50 %, aligné sur le taux du marché monétaire, confirme une phase de pause monétaire. La BCT semble privilégier la stabilité des anticipations plutôt qu’un assouplissement prématuré, dans un contexte où l’inflation reste sous contrôle mais structurellement élevée.

Finances publiques : une tension persistante sur la trésorerie de l’État

Le solde du compte courant du Trésor, à 1 535 MDT, enregistre une contraction significative par rapport à la veille et surtout par rapport à 2024. Cette évolution illustre la persistance des tensions de trésorerie, liées à la rigidité des dépenses publiques et à une mobilisation encore insuffisante des ressources fiscales structurelles.

La structure de la dette intérieure confirme ce diagnostic. La forte progression de l’encours des Bons du Trésor Assimilables, désormais au-delà de 30 milliards de dinars, traduit un recours accru à l’endettement à moyen et long terme, au détriment des bons à court terme dont l’encours s’est fortement contracté. Ce basculement réduit le risque de refinancement immédiat, mais accroît la charge d’intérêts future.

Secteur extérieur : amélioration relative, mais vulnérabilité persistante

Les indicateurs du secteur extérieur apportent des signaux plus favorables. Les recettes touristiques cumulées atteignent 7,7 milliards de dinars, en progression sensible par rapport à 2024, confirmant le redressement structurel du secteur. Les revenus du travail des Tunisiens à l’étranger poursuivent également leur hausse, dépassant 8,2 milliards de dinars, jouant un rôle stabilisateur crucial pour la balance courante.

Cette dynamique se reflète dans les avoirs nets en devises de la BCT, qui s’établissent à 25,1 milliards de dinars, soit 106 jours d’importation. Bien que ce niveau reste inférieur à celui de 2024, il traduit une capacité de résistance appréciable dans un contexte international incertain.

Taux de change : une relative appréciation du dinar

Le dinar tunisien affiche une appréciation notable face au dollar et au yen, tandis qu’il reste globalement stable vis-à-vis de l’euro. Cette évolution est cohérente avec la détente relative sur le marché des changes et la consolidation des réserves. Elle contribue à contenir l’inflation importée, mais pose à moyen terme la question de la compétitivité-prix des exportations.

 

Lire : Euro en reprise, dollar affaibli : quelles implications pour le dinar tunisien ?

Perspectives à court et moyen terme : un équilibre précaire

À court terme, l’économie tunisienne évolue dans un équilibre fragile, reposant sur trois piliers : la stabilité monétaire, l’amélioration partielle des flux extérieurs et une gestion active de la liquidité bancaire. Toutefois, cet équilibre demeure vulnérable à tout choc externe ou dérapage budgétaire.

À moyen terme, la soutenabilité macroéconomique dépendra moins des ajustements conjoncturels que de la capacité à engager des réformes structurelles crédibles, notamment en matière de finances publiques, de gouvernance économique et de relance de l’investissement productif. Sans ces leviers, la stabilisation actuelle risque de se transformer en stagnation prolongée.

 

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Références :

(1) Sources principales consultées pour le contexte international : World Bank MENAAP (19 dec. 2025), données prix Brent / marché pétrolier (19 dec. 2025), minutes Fed / prises de position récentes, analyses Reuters sur la réaction des marchés aux tensions régionales. (Banque Mondiale)

(2) (*) https://www.bct.gov.tn/bct/siteprod/indicateurs.jsp

(**) https://www.ins.tn/

 

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* Dr. Tahar EL ALMI,

Economiste-Economètre.

Ancien Enseignant-Chercheur à l’ISG-TUNIS,

Psd-Fondateur de l’Institut Africain

D’Economie Financière (IAEF-ONG)

 

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Analyse économique des indicateurs monétaires et financiers au 19 décembre 2025

22. Dezember 2025 um 19:08

Stabilisation monétaire interne, tensions budgétaires persistantes et environnement international toujours contraignant

À l’approche de 2026, l’environnement économique international demeure marqué par une dissymétrie profonde entre le ralentissement de l’inflation et la persistance de vulnérabilités structurelles. Les grandes banques centrales ont amorcé un infléchissement de leur discours, mais sans opérer de rupture franche avec le régime monétaire restrictif instauré depuis 2022. Cette prudence reflète moins une confiance retrouvée qu’une gestion défensive des risques systémiques.

A l’INTERNATIONAL,

Aux États-Unis, le reflux de l’inflation s’est confirmé, mais la Réserve fédérale reste confrontée à une économie encore résiliente et à un marché du travail tendu. Dans ce contexte, toute détente monétaire trop rapide serait susceptible de raviver les pressions inflationnistes, notamment via les services et les salaires. La trajectoire des taux américains reste ainsi élevée en termes réels, maintenant une forte attractivité des actifs libellés en dollars et exerçant une pression persistante sur les devises des économies émergentes.

Dans la zone euro, la situation est plus ambivalente. Le ralentissement économique est désormais tangible, avec une croissance atone, une industrie en difficulté et une demande intérieure fragilisée par plusieurs années d’érosion du pouvoir d’achat. La Banque centrale européenne se trouve ainsi prise en étau entre la nécessité de soutenir l’activité et l’impératif de crédibilité monétaire. Cette tension explique un assouplissement extrêmement graduel, qui limite les effets positifs à court terme pour les partenaires commerciaux de l’Europe du Sud, dont la Tunisie.

Sur le plan géopolitique, l’économie mondiale reste exposée à des foyers de tension durables. Les conflits au Moyen-Orient, la militarisation croissante des échanges commerciaux et la fragmentation des chaînes de valeur mondiales continuent d’alimenter une prime de risque élevée sur les marchés. Cette situation entretient une volatilité accrue des prix de l’énergie et des matières premières, pénalisant particulièrement les pays importateurs nets et à faible marge budgétaire.

Par ailleurs, le mouvement de reconfiguration du commerce international, souvent qualifié de friend-shoring ou de near-shoring, avance lentement et de manière asymétrique. Si certains pays émergents en tirent profit, ceux dont l’environnement institutionnel reste instable ou peu lisible peinent à capter ces flux d’investissement. La concurrence pour l’attraction des capitaux productifs s’est ainsi intensifiée, rendant les critères de gouvernance, de stabilité réglementaire et de visibilité macroéconomique déterminants.

Dans ce contexte, les conditions financières internationales demeurent restrictives malgré la détente progressive des taux directeurs. Les spreads souverains des pays à risque élevé restent sous tension, traduisant une sélectivité accrue des investisseurs. L’accès aux marchés internationaux reste coûteux, voire fermé, pour plusieurs économies en développement, renforçant la dépendance aux financements domestiques et multilatéraux.

En Tunisie,

Cet environnement international signifie que la marge de manœuvre externe reste limitée. La stabilisation récente des réserves de change et du taux de change s’inscrit davantage dans une amélioration conjoncturelle des flux qu’à la faveur d’un retournement structurel du cycle mondial. Tant que les conditions financières internationales ne se normaliseront pas pleinement, la stratégie économique nationale devra continuer à privilégier la prudence, la résilience et la consolidation interne.

La fin de l’année 2025 s’inscrit dans un contexte international marqué par une inflexion progressive mais prudente des politiques monétaires dans les économies avancées. Si la Réserve fédérale et la BCE ont amorcé un discours plus accommodant, les conditions financières mondiales demeurent restrictives, avec des taux réels encore élevés, une croissance mondiale modérée et des flux de capitaux toujours sélectifs à l’égard des économies émergentes.

Dans ce cadre, les pays importateurs nets d’énergie et fortement dépendants du financement extérieur, comme la Tunisie, restent exposés à une double contrainte : pression sur les finances publiques et arbitrages délicats en matière de politique monétaire.

Liquidité bancaire : détente relative mais fragile

Les indicateurs monétaires du 19 décembre confirment une stabilisation progressive de la liquidité bancaire, sans pour autant signaler un retour à une situation confortable.

Le volume global du refinancement s’établit à 11 034 MDT, en légère baisse par rapport à la veille et en net repli par rapport à 2024. Cette évolution traduit à la fois un meilleur ajustement des flux de liquidité et une action plus ciblée de la Banque Centrale de Tunisie (BCT), notamment via la réduction des opérations d’open market, dont l’encours recule de plus de 2 000 MDT en glissement annuel.

Le maintien du taux directeur à 7,50 %, aligné sur le taux du marché monétaire, confirme une phase de pause monétaire. La BCT semble privilégier la stabilité des anticipations plutôt qu’un assouplissement prématuré, dans un contexte où l’inflation reste sous contrôle mais structurellement élevée.

Finances publiques : une tension persistante sur la trésorerie de l’État

Le solde du compte courant du Trésor, à 1 535 MDT, enregistre une contraction significative par rapport à la veille et surtout par rapport à 2024. Cette évolution illustre la persistance des tensions de trésorerie, liées à la rigidité des dépenses publiques et à une mobilisation encore insuffisante des ressources fiscales structurelles.

La structure de la dette intérieure confirme ce diagnostic. La forte progression de l’encours des Bons du Trésor Assimilables, désormais au-delà de 30 milliards de dinars, traduit un recours accru à l’endettement à moyen et long terme, au détriment des bons à court terme dont l’encours s’est fortement contracté. Ce basculement réduit le risque de refinancement immédiat, mais accroît la charge d’intérêts future.

Secteur extérieur : amélioration relative, mais vulnérabilité persistante

Les indicateurs du secteur extérieur apportent des signaux plus favorables. Les recettes touristiques cumulées atteignent 7,7 milliards de dinars, en progression sensible par rapport à 2024, confirmant le redressement structurel du secteur. Les revenus du travail des Tunisiens à l’étranger poursuivent également leur hausse, dépassant 8,2 milliards de dinars, jouant un rôle stabilisateur crucial pour la balance courante.

Cette dynamique se reflète dans les avoirs nets en devises de la BCT, qui s’établissent à 25,1 milliards de dinars, soit 106 jours d’importation. Bien que ce niveau reste inférieur à celui de 2024, il traduit une capacité de résistance appréciable dans un contexte international incertain.

Taux de change : une relative appréciation du dinar

Le dinar tunisien affiche une appréciation notable face au dollar et au yen, tandis qu’il reste globalement stable vis-à-vis de l’euro. Cette évolution est cohérente avec la détente relative sur le marché des changes et la consolidation des réserves. Elle contribue à contenir l’inflation importée, mais pose à moyen terme la question de la compétitivité-prix des exportations.

Perspectives à court et moyen terme : un équilibre précaire

À court terme, l’économie tunisienne évolue dans un équilibre fragile, reposant sur trois piliers : la stabilité monétaire, l’amélioration partielle des flux extérieurs et une gestion active de la liquidité bancaire. Toutefois, cet équilibre demeure vulnérable à tout choc externe ou dérapage budgétaire.

À moyen terme, la soutenabilité macroéconomique dépendra moins des ajustements conjoncturels que de la capacité à engager des réformes structurelles crédibles, notamment en matière de finances publiques, de gouvernance économique et de relance de l’investissement productif. Sans ces leviers, la stabilisation actuelle risque de se transformer en stagnation prolongée.

 

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Références :

(1) Sources principales consultées pour le contexte international : World Bank MENAAP (19 dec. 2025), données prix Brent / marché pétrolier (19 dec. 2025), minutes Fed / prises de position récentes, analyses Reuters sur la réaction des marchés aux tensions régionales. (Banque Mondiale)

(2) (*) https://www.bct.gov.tn/bct/siteprod/indicateurs.jsp

(**) https://www.ins.tn/

 

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* Dr. Tahar EL ALMI,

Economiste-Economètre.

Ancien Enseignant-Chercheur à l’ISG-TUNIS,

Psd-Fondateur de l’Institut Africain

D’Economie Financière (IAEF-ONG)

 

L’article Analyse économique des indicateurs monétaires et financiers au 19 décembre 2025 est apparu en premier sur Leconomiste Maghrebin.

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