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Affaire Tomer-Yerushalmi | Israël face à ses crimes macabres de Sde Teiman

05. November 2025 um 12:07

En pleine guerre de Gaza en 2024, des soldats israéliens ont été accusés d’avoir torturé et violé un prisonnier palestinien. L’extrême-droite israélienne est vent debout et reproche à la procureure générale militaire Yifat Tomer-Yerushalmi d’accuser à tort les soldats et de salir l’armée. Durant la même période, la chaîne américaine CNN diffuse une vidéo de violences sexuelles commises sur un détenu palestinien et révèle l’existence d’un camp de détention sordide appelé Sde Teiman dans le désert du Néguev où les faits se sont déroulés. Coup de théâtre la fin de la semaine dernière ! Les choses ont pris la tournure d’un thriller. (Photo: La base militaire de Sde Teiman, dans le sud d’Israël, où des soldats israéliens ont été accusés de graves sévices infligés à un détenu palestinien. Ph : Avishag Shaar-Yashuv pour le New York Times).

Imed Bahri

La procureure générale militaire acculée de démissionner par le nouveau chef d’état-major Eyal Zamir révèle vendredi dernier dans sa lettre de démission que c’est elle qui a communiqué aux médias des vidéos dont celle de CNN révélant les sévices et le viol. Elle dit avoir agi ainsi pour contrer la propagande de l’extrême-droite qui l’accusait d’entacher la réputation des militaires en temps de guerre.

Durant le week-end, Yifat laisse une lettre d’adieu destinée à ses enfants et disparaît. Des recherches sont lancées après la découverte de sa voiture abandonnée près d’une plage au nord de Tel-Aviv. Des consignes émanant du plus haut sommet de l’armée et de l’État exigent de la retrouver avant qu’elle ne passe à l’acte, ce qui fut fait. L’objectif n’était pas de protéger sa vie mais de la punir. Aussitôt retrouvée, elle a été écrouée. 

Divisions politiques en Israël

Benjamin Netanyahu qui lui en veut à mort l’a accusée d’avoir gravement nui à l’image d’Israël et de son armée car au-delà des crimes commis par des soldats qui furent révélés, elle a permis aussi la révélation de l’existence de Sde Teiman et enfin, elle montre qu’au cœur des institutions de l’État et de l’armée en particulier, il y a des personnes qui se rebellent contre les crimes et la torture alors que jusqu’ici l’attitude de l’État hébreu était de tout nier et d’accuser de mensonges toute partie qui lui lançait de telles accusations. 

Le New York Times a rapporté ce lundi que les avocats des soldats israéliens accusés de torture sur le prisonnier palestinien ont exigé l’abandon des poursuites après la démission de la procureure générale de l’armée, qui a reconnu avoir divulgué une vidéo documentant les sévices. Le journal explique que cette fuite a déclenché une grave crise politique et juridique, révélant les divisions au sein d’Israël quant à la responsabilité des soldats pour leurs exactions contre les Palestiniens, dans un contexte de pressions nationales et internationales croissantes.

Le NYT indique que la démission a envenimé la situation politique. Les avocats représentant le groupe de soldats israéliens accusés de mauvais traitements envers un prisonnier palestinien ont exigé dimanche le classement sans suite de l’affaire prétendant que  la procédure judiciaire est contestable à la suite d’une série d’événements controversés qui ont ébranlé l’establishment militaire israélien.

Leurs déclarations ont été faites lors d’une conférence de presse suivant les aveux de la procureure générale de l’armée, la générale de division Yifat Tomer-Yerushalmi, qui a reconnu avoir autorisé la diffusion des images de vidéosurveillance documentant les allégations de mauvais traitements, dans le but –comme elle l’a affirmé– de contrer la propagande mensongère visant les autorités militaires chargées de l’application de la loi. 

Vague de critiques internationales

Cependant, au lieu d’apaiser la controverse, la fuite a exacerbé les divisions politiques en Israël et suscité une nouvelle vague de critiques internationales concernant le traitement des détenus palestiniens.

En février dernier, le parquet militaire a inculpé cinq soldats de réserve pour avoir agressé et grièvement blessé un détenu palestinien à la prison militaire de Sde Teiman, dans le sud d’Israël, en 2024. Le viol bien qu’il ait eu lieu n’a pas été retenu comme charge. 

Selon l’acte d’accusation, les soldats ont fracturé les côtes du détenu, perforé son poumon gauche et déchiré son rectum à l’aide d’un instrument tranchant.

L’identité du détenu et les noms des cinq soldats n’ont pas été divulgués, conformément à une ordonnance de non-divulgation.

Cette affaire, qualifiée de «l’un des cas de torture les plus graves au sein de l’armée israélienne», a révélé de profondes divisions au sein de la société israélienne quant à la responsabilité des soldats pour les mauvais traitements infligés aux Palestiniens, notamment dans le contexte de la guerre en cours à Gaza et des accusations internationales de crimes de guerre qui en ont découlé, accusations que le gouvernement israélien réfute catégoriquement.

Des allégations de viol à la fuite de documents

L’affaire a éclaté l’année dernière lorsque le parquet a annoncé la détention d’un groupe de soldats soupçonnés d’avoir violé un prisonnier palestinien dans une prison militaire, selon des documents judiciaires.

Cependant, l’acte d’accusation final ne comportait aucune accusation relative à des infractions sexuelles. Il indiquait seulement que l’un des soldats avait utilisé un instrument tranchant pour poignarder le détenu, lui causant une grave lacération interne.

La vidéo divulguée ne montrait pas clairement les détails de l’agression, qui a duré environ 15 minutes, car les soldats et le détenu dissimulaient leurs visages à la caméra. Cependant, des images diffusées par des chaînes israéliennes montraient un groupe de soldats encerclant le détenu et le plaquant contre un mur, avant de le voir gisant immobile au sol.

A gauche, les soldats criminels de Sde Teiman cagoulés avec leur avocat. A droite : la procureure militaire Yifat Tomer-Yerushalmi.

Crise politique et juridique en cours

La démission de Tomer-Yerushalmi a déclenché une vague de réactions politiques et juridiques. Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a réclamé une enquête indépendante et impartiale sur la fuite, déclarant: «L’incident de Sde Teiman a gravement nui à l’image de l’État d’Israël et de son armée»

Toutefois, les avocats de la défense ont profité de la situation pour exiger l’arrêt immédiat du procès, arguant que la fuite constituait une entrave flagrante à la justice.

«Nous avons assisté à un processus judiciaire corrompu et partial. Aujourd’hui, nous exigeons justice: l’annulation immédiate du procès», a déclaré l’avocat Adi Kedar, de l’organisation de droite Honenu –qui représente plusieurs accusés– lors d’une conférence de presse devant la Cour suprême à Jérusalem. Derrière lui se tenaient quatre hommes cagoulés qu’il a identifiés comme étant quatre des cinq soldats accusés. L’un d’entre a déclaré sans aucune gêne: «Je me tiens ici aujourd’hui parce que je suis fatigué du silence. Au lieu de la reconnaissance, nous avons reçu des accusations au lieu de remerciements, il y a eu le silence»

Cette affaire survient alors que le système judiciaire israélien est la cible d’attaques massives de la part de la droite au pouvoir, qui cherche à restreindre ses pouvoirs et à renforcer l’autorité du gouvernement. Une initiative qui inquiète ses opposants, y voyant une menace pour les fondements de la démocratie israélienne.

Les partisans des soldats affirment qu’ils ne devraient pas être jugés compte tenu des «atrocités» commises par le Hamas lors de l’opération Déluge d’Al-Aqsa le 7 octobre 2013. Certains avocats vont jusqu’à mentir et prétendre sans aucune preuve que le détenu appartient à une unité d’élite du Hamas, allégation qui n’a pas été confirmée par le parquet militaire.

Le ministre de la Défense, Israel Katz, s’en est pris à la procureure générale sortante, l’accusant de «diffamation rituelle à l’encontre des soldat».

Sde Teiman, le camp de la mort 

La base de Sde Teiman est devenue un symbole de la controverse entourant les exactions commises par l’armée israélienne contre les détenus palestiniens. L’année dernière, des manifestations ont éclaté en Israël après un raid de la police militaire sur la base de Sde Teiman, visant à arrêter des soldats impliqués dans des mauvais traitements infligés aux prisonniers. Des parlementaires d’extrême droite se sont rassemblés devant la base pour soutenir les soldats et des dizaines d’entre eux ont même pris d’assaut le site, une scène sans précédent.

Les témoignages de centaines de détenus palestiniens font état de tortures graves et de mauvais traitements systématiques au sein de la prison. Une enquête du New York Times, menée l’année dernière et publiée e. juin 2024 soit un mois seulement les révélations de CNN, a révélé que des milliers de détenus originaires de Gaza y avaient été maintenus en détention pendant des mois dans des conditions dégradantes et en dehors de toute procédure légale.

Aujourd’hui, c’est l’ancienne procureure générale qui a révélé les crimes qui dort en prison et les auteurs de ces crimes continuent de vivre librement. Ainsi va ce que les Occidentaux appellent «la démocratie israélienne, la seule du Moyen-Orient»

L’article Affaire Tomer-Yerushalmi | Israël face à ses crimes macabres de Sde Teiman est apparu en premier sur Kapitalis.

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