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Gestern — 27. Juni 2025Haupt-Feeds

ZOOM – Dollar en chute libre, devises en ébullition – le marché des changes à l’ère du chaos monétaire

27. Juni 2025 um 06:00

À l’heure où la politique monétaire américaine vacille sous les coups d’un président en campagne, le dollar recule, les devises alternatives s’emballent, et l’équilibre du marché des changes mondial bascule.

Derrière les variations de taux et les courbes de change, se dessine une remise en cause historique de l’ordre monétaire fondé sur l’hégémonie du billet vert.

L’indépendance de la Fed en sursis

La Réserve fédérale des États-Unis, institution longtemps considérée comme un rempart de stabilité, est désormais au centre d’une tempête politique. Donald Trump, dans une offensive sans précédent, multiplie les attaques contre son président, Jerome Powell, lui reprochant son refus de baisser les taux d’intérêt au rythme souhaité. L’hypothèse d’une révocation anticipée, relayée par la presse américaine, ébranle la confiance des marchés dans l’indépendance de la Banque centrale.

En quelques jours, l’indice du dollar a chuté à son plus bas niveau depuis trois ans, précipitant un glissement généralisé sur le marché des devises.

 

Lire aussi : USA : À cause de sa militarisation, craintes d’une « dédollarisation » de l’économie mondiale

 

La perspective d’une Fed soumise aux intérêts politiques de la Maison-Blanche installe un climat d’incertitude, transformant ce qui relevait du pilotage technique en bras de fer institutionnel. Pour les investisseurs, le doute n’est plus permis : la boussole de la politique monétaire américaine perd le nord.

Une remise en cause du leadership du billet vert

L’érosion de la crédibilité de la Fed se conjugue à des fragilités structurelles de l’économie américaine. L’endettement public dépasse les 37 000 milliards de dollars, la stabilité fiscale est menacée, et les tensions commerciales relancées par les tarifs douaniers de Trump accentuent les risques inflationnistes. Dans ce contexte, la perte d’attractivité du dollar n’est plus conjoncturelle, mais potentiellement structurelle.

 

Chaos monétaire

 

Les marchés, désormais, envisagent ouvertement un monde où le dollar ne jouerait plus seul le rôle de monnaie de réserve. Ainsi, l’euro, malgré une conjoncture européenne atone, grimpe face au billet vert, atteignant son plus haut niveau depuis 2021. La livre sterling, elle aussi, regagne du terrain, tandis que le yen japonais et le franc suisse profitent de leur statut de valeurs refuges.

La défiance envers le dollar redonne de la vigueur à des monnaies longtemps éclipsées par sa domination.

L’Asie en embuscade, le yuan en progression

Le recul du dollar profite aussi aux devises asiatiques. Le yuan chinois s’apprécie, dopé par les annonces de nouvelles mesures de relance à Pékin. Dans un contexte où la Chine renforce sa stratégie de dédollarisation, le renforcement de sa monnaie est autant économique que politique. Le yen japonais se raffermit, soutenu par des anticipations de hausse des taux de la Banque du Japon face à une inflation persistante. Le won sud-coréen, le dollar taïwanais, la roupie indienne et le dollar australien affichent tous des gains notables.

 

Lire également : ZOOM – Dédollarisation – l’Afrique redéfinit ses règles du jeu — Une voie stratégique pour le Maghreb

 

Cette dynamique suggère une recomposition en profondeur de l’équilibre monétaire mondial, avec un déplacement progressif du centre de gravité vers l’Asie. Le dollar n’est plus l’unique repère, et l’idée d’un marché multipolaire des devises n’est plus une vue de l’esprit.

Le change, reflet des désordres géopolitiques

À cette crise monétaire s’ajoute une incertitude géopolitique persistante. Si le cessez-le-feu entre Israël et l’Iran, obtenu sous médiation américaine, a momentanément stabilisé les marchés, il souligne la fragilité d’un environnement international sous tension. Les devises ne réagissent plus seulement aux chiffres de l’inflation ou de l’emploi, mais aux fluctuations d’un ordre mondial instable. Le marché des changes devient le baromètre immédiat des crispations géopolitiques, des offensives commerciales et des ruptures institutionnelles.

Vers un nouvel ordre monétaire ou un désordre globalisé ?

L’actuelle dépréciation du dollar marque peut-être la fin d’une époque. Celle d’une domination monétaire sans partage, adossée à une banque centrale indépendante et à une économie puissante. L’avenir pourrait voir émerger un monde plus fragmenté, où plusieurs devises fortes coexisteraient sans qu’aucune ne parvienne à s’imposer totalement.

Mais cette transition n’est pas sans risques : instabilité accrue, arbitrages complexes, tensions sur les flux de capitaux. À court terme, l’absence de repères clairs sur le marché des changes alimente la volatilité. À long terme, elle pose la question du pilier sur lequel reposera le futur système monétaire international.

In fine, un basculement historique en marche

Le marché des changes est à la dérive, non pas par déséquilibre macroéconomique classique, mais parce que les fondements institutionnels et politiques qui garantissaient la stabilité du dollar sont remis en cause. Dans ce contexte, chaque devise devient le reflet d’un rapport de force, d’une stratégie nationale, ou d’une incertitude géopolitique. Le chaos monétaire actuel n’est pas un simple épisode conjoncturel : c’est le signal d’une recomposition stratégique en cours, où l’économie mondiale cherche une nouvelle boussole.

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* Dr. Tahar EL ALMI,

Economiste-Economètre.

Ancien Enseignant-Chercheur à l’ISG-TUNIS,

Psd-Fondateur de l’Institut Africain

D’Economie Financière (IAEF-ONG)

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ZOOM – Dédollarisation – l’Afrique redéfinit ses règles du jeu — Une voie stratégique pour le Maghreb

24. Juni 2025 um 06:17

Alors que l’Afrique s’emploie à réduire sa dépendance au dollar par des mécanismes de paiement régionaux innovants, le Maghreb peut transformer cette dynamique en levier stratégique. Moins exposé aux secousses monétaires mondiales, plus ancré dans l’espace continental, il a l’occasion de repositionner sa politique économique à l’échelle africaine.

Le déclin silencieux d’un monopole

Le dollar a longtemps été la clef de voûte du système monétaire mondial. Depuis les accords de Bretton Woods, il s’est imposé comme l’étalon de référence, régissant les flux commerciaux, les réserves internationales et les prix des matières premières. Mais cette domination, à la fois politique et technique, s’effrite à mesure que les déséquilibres se creusent et que les acteurs émergents contestent la centralité américaine. Si la Chine, la Russie ou le Brésil ont déjà engagé des stratégies alternatives, c’est désormais l’Afrique qui, dans une discrétion stratégique, avance ses propres pions.

 Une infrastructure de souveraineté : le PAPSS

Le Système panafricain de paiements et de règlements (PAPSS) constitue la réponse africaine à l’hyper-dépendance monétaire. Développé par la Banque africaine d’import-export (Afreximbank) ce système permet des transactions en monnaies locales entre pays africains, sans passer par des devises fortes comme le dollar ou l’euro. Déjà opérationnel dans une quinzaine de pays, et soutenu par plus de 150 banques commerciales, le PAPSS incarne une volonté nouvelle : celle de repenser les échanges sur une base endogène, libérée des frictions imposées par l’extérieur.

En permettant à une entreprise sénégalaise de payer un fournisseur ghanéen en franc CFA pendant que celui-ci reçoit du cedi (la monnaie ghanéenne), sans conversion en dollar, le PAPSS réduit les délais, les coûts, et surtout la dépendance aux circuits bancaires occidentaux. C’est un acte de souveraineté monétaire autant qu’une rationalisation économique.

 Lire aussi: Nizar Yaïche à HEC Paris : « Pourquoi l’Afrique a besoin d’une monnaie numérique commune »

Une transition soutenue, mais non idéologique

Il serait réducteur de voir dans cette évolution une opposition frontale à l’ordre monétaire mondial. La démarche africaine est d’abord pragmatique. Il ne s’agit pas de boycotter le dollar, mais d’en faire un usage mesuré, contextuel, lorsqu’il est nécessaire. En supprimant les circuits longs et coûteux qui transitent par des banques correspondantes étrangères, l’Afrique cherche avant tout à gagner en efficience.

Cette rationalité est soutenue par des institutions internationales comme la SFI, qui accorde désormais des prêts en monnaies locales pour protéger les acteurs économiques du risque de change.

Derrière cette mutation, ce sont les fondations d’une économie africaine plus autonome qui se dessinent.

 Le Maghreb à la croisée des chemins

Pour les pays du Maghreb, cette dynamique continentale constitue une opportunité décisive. Longtemps arrimés à l’Europe, ils disposent désormais d’un levier concret pour rééquilibrer leur stratégie économique vers le sud. Intégrer le PAPSS, c’est s’ouvrir à une nouvelle zone d’échanges plus fluide, plus sécurisée, où les contraintes liées aux devises fortes sont réduites.

Dans un contexte où les réserves en devises se contractent, où les dettes extérieures pèsent lourdement sur les équilibres budgétaires, la possibilité de commercer et d’investir en monnaies africaines constitue une voie de résilience stratégique. Cela concerne autant les flux commerciaux que les expansions bancaires, les investissements directs ou les partenariats industriels.

Mais ce repositionnement ne va pas de soi. Il suppose une volonté politique claire, des réformes monétaires internes, et une redéfinition du rôle du Maghreb dans l’économie continentale. Il implique aussi une diplomatie économique active dans les instances panafricaines, notamment au sein de la ZLECAf, dont le succès dépend en partie de la fluidité monétaire et du bon fonctionnement du PAPSS.

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De la périphérie à l’interface stratégique

Ce qui se joue, au fond, dépasse les seules considérations techniques. L’Afrique est en train de bâtir une architecture économique plus cohérente avec ses besoins, ses priorités et ses réalités. En intégrant cette dynamique, le Maghreb peut passer du statut de périphérie euro-méditerranéenne à celui de plateforme charnière entre Afrique du Nord et Afrique subsaharienne.

La dédollarisation n’est pas une fin en soi. C’est un outil de transformation, un moyen de réduire les vulnérabilités structurelles tout en stimulant l’innovation institutionnelle. C’est également une invitation à repenser les modèles d’intégration régionale à l’aune d’une autonomie mieux maîtrisée.

In fine, saisir le moment africain

Le PAPSS n’est pas qu’un système de paiement. C’est le signal d’un continent qui prend en main ses leviers monétaires, qui cherche à commercer selon ses propres règles et à orienter ses flux financiers vers des circuits plus adaptés. Le Maghreb, s’il en comprend l’enjeu, a tout à gagner à s’y insérer pleinement.

Dans un monde fragmenté et incertain, construire sa souveraineté ne se résume plus à défendre ses frontières ou ses institutions. C’est aussi savoir maîtriser ses instruments monétaires, orienter ses partenariats, et, surtout, choisir les espaces dans lesquels projeter son avenir. Pour le Maghreb, le moment est venu d’ancrer sa stratégie dans le « moment africain ».

 

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* Dr. Tahar EL ALMI,

Economiste-Economètre.

Ancien Enseignant-Chercheur à l’ISG-TUNIS,

Psd-Fondateur de l’Institut Africain

D’Economie Financière (IAEF-ONG).

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