Les rĂ©gions du Nord-Ouest et du Centre-Ouest, en particulier BĂ©ja, Jendouba, Sidi Bouzid, Kasserine et Kairouan, occupent les derniers rangs dans le classement du dĂ©veloppement rĂ©gional. Câest ce qui ressort du rapport sur lâIndice de DĂ©veloppement RĂ©gional (IDR) 2024, publiĂ© rĂ©cemment par lâInstitut Tunisien de la CompĂ©titivitĂ© et des Ătudes Quantitatives (ITCEQ).
Ce rapport vise Ă Ă©tablir un diagnostic prĂ©cis et Ă mesurer le niveau de dĂ©veloppement de chaque rĂ©gion, afin de dresser une classification selon leur performance et de mettre en lumiĂšre les disparitĂ©s ainsi que les dĂ©faillances rĂ©gionales. Lâobjectif est de guider les politiques publiques sur des bases objectives et rigoureusement documentĂ©es.
Concernant le top 5 des gouvernorats les mieux classĂ©s, on retrouve en tĂȘte Tunis, suivie de Monastir, Ben Arous, Ariana et Sousse.
LâITCEQ souligne, dans ce contexte, une relative stabilitĂ© dans le classement des rĂ©gions les mieux et les moins bien classĂ©es par rapport au rapport IDR 2021. Toutefois, les scores ont Ă©voluĂ© de maniĂšre diffĂ©renciĂ©e. Lâanalyse par gouvernorat rĂ©vĂšle une division du territoire en deux grandes zones : dâun cĂŽtĂ©, les gouvernorats cĂŽtiers, qui bĂ©nĂ©ficient dâun dĂ©veloppement plus avancĂ© ; de lâautre, les rĂ©gions de lâintĂ©rieur, qui accusent un retard important.
Pour rappel, lâIndice de DĂ©veloppement RĂ©gional est calculĂ© sur une Ă©chelle de 0 Ă 1, selon plusieurs facteurs. Ă lâĂ©chelle nationale, lâIDR poursuit sa tendance Ă la baisse depuis une dĂ©cennie : il est passĂ© de 0,502 en 2015, Ă 0,484 en 2018, 0,462 en 2021, pour atteindre 0,461 en 2024. Cette baisse traduit la persistance des difficultĂ©s Ă©conomiques internes et externes, notamment la faiblesse de la croissance, les tensions sur les finances publiques, la stagnation de lâinvestissement privĂ©, etc., selon lâITCEQ.
Le rapport met Ă©galement en lumiĂšre une dĂ©gradation notable de la dimension sociale, en lien avec les pressions Ă©conomiques et inflationnistes affectant le pouvoir dâachat. Cela sâest traduit par une augmentation du nombre de familles nĂ©cessiteuses, dont la moyenne nationale est passĂ©e de 915 en 2021 Ă plus de 979 en 2024.
Par ailleurs, le score relatif Ă lâaccĂšs aux services de santĂ© sâest dĂ©tĂ©riorĂ©, notamment en raison de la baisse du nombre de mĂ©decins (de 10 en 2021 Ă 9 en 2024) et de pharmacies (de 8,1 Ă 7,3 sur la mĂȘme pĂ©riode).
En ce qui concerne le facteur capacitĂ© dâabsorption et Ă©tendue du marchĂ© de lâemploi, il a Ă©galement rĂ©gressĂ© Ă cause du ralentissement Ă©conomique, du faible taux de placement, et de la hausse du chĂŽmage dans certaines rĂ©gions.
Le facteur liĂ© Ă la tension du marchĂ© du travail a, lui aussi, connu une baisse, en lien avec la diminution de la taille moyenne des entreprises (passant de 2 en 2021 Ă 1,7 en 2024) et lâĂ©cart croissant entre la crĂ©ation dâentreprises et lâoffre de travail, ce qui a accentuĂ© la pression sur la demande dâemploi.
Face Ă ces constats, lâITCEQ appelle Ă une sĂ©rie de mesures prioritaires pour remĂ©dier Ă ces dĂ©sĂ©quilibres. Il sâagit notamment : de renforcer lâentretien et la modernisation des infrastructures de base, dâinvestir davantage dans la connectivitĂ© entre les rĂ©gions, dâamĂ©liorer les conditions de travail dans les secteurs clĂ©s (santĂ©, Ă©ducation, etc.) dans les rĂ©gions de lâintĂ©rieur et de consolider les structures dâaccompagnement et de soutien aux entreprises locales.
E
n conclusion, lâInstitut rĂ©affirme que les disparitĂ©s rĂ©gionales demeurent lâun des dĂ©fis majeurs auxquels la Tunisie doit faire face dans sa stratĂ©gie de dĂ©veloppement durable. Lâobjectif ultime des politiques publiques reste la promotion de conditions assurant une vie dĂ©cente sur lâensemble du territoire.
Source