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ZOOM – Emploi en Tunisie : et si on changeait de logique?

12. Juni 2025 um 10:00

Alors que la Tunisie est confrontée à une crise économique persistante et à un chômage structurel, notamment chez les jeunes diplômés, une question lancinante refait surface : quel type d’emploi voulons-nous vraiment créer? Loin des solutions de court terme et des réponses statistiques, il devient urgent de repenser notre modèle d’emploi autour de l’investissement productif, de l’innovation sociale et d’une économie enfin tournée vers l’humain.

Quel est le meilleur emploi pour la Tunisie?

En Tunisie, où le chômage des jeunes dépasse 36 % et où l’économie peine à retrouver une dynamique inclusive, la question du « meilleur emploi » n’est pas un simple débat théorique. Elle se pose avec acuité et urgence. Car le meilleur emploi n’est pas seulement celui qui est disponible : c’est celui qui dure, qui crée de la richesse, qui incite à innover, et qui s’inscrit dans une logique de progrès collectif. C’est un emploi qui génère un effet multiplicateur, capable de nourrir un tissu économique solide et de renforcer la cohésion sociale.

Dans une conjoncture marquée par l’essoufflement des moteurs de croissance traditionnels, la résilience du tissu productif passe désormais par une refonte profonde de notre approche de l’emploi et de l’investissement.

 

Car le meilleur emploi n’est pas seulement celui qui est disponible : c’est celui qui dure, qui crée de la richesse, qui incite à innover, et qui s’inscrit dans une logique de progrès collectif. C’est un emploi qui génère un effet multiplicateur, capable de nourrir un tissu économique solide et de renforcer la cohésion sociale.

Pas d’emploi sans investissement durable

La crise économique mondiale, conjuguée à nos propres fragilités structurelles, a mis en évidence une vérité trop souvent ignorée : il n’y a pas d’emplois sans investissements. Et ces derniers ne peuvent exister sans un climat de confiance, une stabilité politique minimale et une visibilité sur les règles du jeu économique.

En Tunisie, l’erreur serait de continuer à considérer l’emploi comme une simple variable d’ajustement ou comme un indicateur statistique déconnecté des réalités productives. L’entreprise n’embauche pas pour « rendre service », mais parce qu’elle anticipe un gain, une valeur ajoutée, une contribution au rendement global. Et cela est légitime, à condition que ce rendement profite aussi à la collectivité. C’est là que l’équation entre rentabilité économique et utilité sociale doit être repensée.

 

L’entreprise n’embauche pas pour « rendre service », mais parce qu’elle anticipe un gain, une valeur ajoutée, une contribution au rendement global. Et cela est légitime, à condition que ce rendement profite aussi à la collectivité.

L’économie de marché… mais au service de l’humain

Faut-il encore débattre de l’économie de marché en Tunisie ? Oui, mais en dépassant les clivages idéologiques. L’économie de marché n’est pas incompatible avec le progrès social. Elle peut, si elle est régulée, devenir un instrument de développement humain. Le défi est de mettre le marché au service de l’homme, et non l’inverse.

Cela suppose une reconfiguration de notre système de formation, souvent déconnecté des besoins réels du tissu économique. Aujourd’hui, des milliers de diplômés attendent un emploi dans des filières saturées, tandis que des secteurs entiers — agriculture, industrie manufacturière, services numériques — peinent à recruter. Ce décalage traduit un « retour sur investissement » nul pour la collectivité, à la fois économiquement inefficace et socialement contre-productif.

Vers une économie sociale de marché tunisienne

L’avenir passe par un décloisonnement entre l’économique et le social. Il ne s’agit plus de penser l’emploi comme une finalité, mais comme un levier de transformation. Il s’agit de construire une économie sociale de marché à la tunisienne, où les investissements sont orientés vers des secteurs à forte intensité d’emplois, porteurs d’innovation, ancrés dans les territoires, et socialement responsables.

 

L’avenir passe par un décloisonnement entre l’économique et le social. Il ne s’agit plus de penser l’emploi comme une finalité, mais comme un levier de transformation.

Mais ce modèle est-il réellement accessible sans un climat d’affaires assaini, incitatif et transparent, capable de restaurer la confiance des investisseurs ?

Peut-on espérer une relance efficace sans un État stratège, apte à orienter les investissements vers les priorités nationales et à jouer son rôle de régulateur ?

Comment adapter notre système éducatif et de formation si une réforme ambitieuse de l’enseignement supérieur ne vient pas répondre aux besoins concrets du marché du travail ?

Et que valent ces efforts sans une véritable synergie entre les entreprises, les collectivités locales et les acteurs sociaux ?

Enfin, peut-on réellement avancer sans une volonté politique forte, capable de rompre avec le pilotage à vue et d’inscrire l’action publique dans une vision claire, cohérente et de long terme ?

 

Le meilleur emploi pour la Tunisie, c’est celui qui redonne confiance à une jeunesse désabusée, celui qui stabilise les trajectoires de vie, qui permet d’accéder à un logement, de fonder une famille, de croire à nouveau en un avenir ici, et non ailleurs.

Réconcilier la jeunesse avec le travail

Le meilleur emploi pour la Tunisie, c’est celui qui redonne confiance à une jeunesse désabusée, celui qui stabilise les trajectoires de vie, qui permet d’accéder à un logement, de fonder une famille, de croire à nouveau en un avenir ici, et non ailleurs.

Repenser l’emploi, c’est repenser le contrat social. C’est faire du travail non pas un privilège, mais un droit, adossé à un modèle de croissance équitable et durable. Et c’est peut-être là, la vraie réforme dont la Tunisie a aujourd’hui le plus besoin.

 

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* Dr. Tahar EL ALMI,

Economiste-Economètre.

Ancien Enseignant-Chercheur à l’ISG-TUNIS,

Psd-Fondateur de l’Institut Africain

D’Economie Financière (IAEF-ONG)

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ECLAIRAGES – La fin du mythe dollar : vers une nouvelle donne monétaire mondiale ?

09. Juni 2025 um 07:39

Est-ce la fin du mythe dollar? Depuis le début de l’année 2025, le dollar américain subit une dépréciation marquée, avec un recul de près de 9 % face à l’euro et de 8,9 % par rapport à un panier de grandes devises internationales. Ce mouvement, loin d’être un simple ajustement technique, traduit une recomposition plus profonde du paysage monétaire mondial.

À l’origine de cette dynamique, une gouvernance américaine traversée par des choix économiques clivants, une stratégie commerciale erratique et un climat politique empreint d’incertitudes, le tout incarné par l’approche iconoclaste de l’administration Trump.

La politique économique de Trump : entre protectionnisme et incertitudes…

La volonté de Donald Trump de réorienter l’économie américaine autour d’un nationalisme économique exacerbé a profondément perturbé les équilibres commerciaux. Les mesures protectionnistes, notamment les droits de douane sur les importations, visaient à renforcer la production locale. Mais l’effet boomerang est rapidement apparu : hausse des prix à l’importation, érosion du pouvoir d’achat des ménages, et inquiétude des partenaires commerciaux.

L’OCDE, dans ses dernières prévisions, abaisse la croissance attendue du PIB américain à 1,6 % pour 2025, mettant en exergue les effets délétères de cette stratégie sur la dynamique économique globale du pays.

Au-delà des chiffres, c’est surtout l’imprévisibilité de la gouvernance américaine qui inquiète. L’absence de cap lisible, l’instrumentalisation des leviers économiques à des fins politiques et les attaques répétées contre les institutions – à commencer par la Réserve fédérale – ont fragilisé l’image d’une économie autrefois perçue comme pilier de stabilité.

Fin de l’exception dollar ?

Autrefois valeur refuge par excellence, le dollar semble perdre peu à peu son statut de monnaie hégémonique. Le changement de perception est net : les investisseurs, autrefois confiants, procèdent à une « rotation de portefeuille », réduisant leur exposition aux actifs libellés en dollars au profit de devises perçues comme plus stables, à l’image de l’euro, du yen ou du franc suisse. Cette dynamique traduit une réévaluation profonde des risques associés aux actifs américains, dopée par les incertitudes politiques et les menaces répétées de Trump à l’égard de la Fed.

La défiance ne se limite pas au court terme : Goldman Sachs alerte sur les dérives budgétaires à venir, pointant des déficits structurels qui pourraient peser durablement sur la balance courante des États-Unis. Or, un déficit persistant de cette balance est souvent interprété comme un signal de déséquilibre fondamental, propice à une dépréciation durable de la monnaie.

Une dynamique euro plus affirmée

Par contraste, l’euro bénéficie d’un regain de confiance. Plusieurs banques internationales, dont Deutsche Bank et Nomura, anticipent une poursuite de son appréciation, avec un objectif de 1,20 dollar d’ici la fin de l’année. Cette dynamique s’explique autant par l’affaiblissement du dollar que par une conjoncture plus favorable en Europe : politique budgétaire plus volontariste, relance des investissements publics – notamment en Allemagne – et perspective d’un resserrement monétaire progressif de la BCE.

L’euro, longtemps affaibli par les incertitudes institutionnelles et le manque de coordination budgétaire, retrouve ainsi une nouvelle vigueur en se positionnant comme une alternative crédible dans un monde monétaire en recomposition.

Vers une reconfiguration durable ?

La baisse du dollar ne saurait être considérée comme un simple épisode conjoncturel. Elle traduit une perte de crédibilité liée à une gouvernance perçue comme imprévisible et déséquilibrée, dans un contexte où la confiance des investisseurs est devenue une ressource aussi stratégique que volatile. Le retour à un dollar fort supposerait un rééquilibrage structurel : apaisement du climat politique, restauration de l’indépendance des institutions économiques, et clarification des orientations commerciales.

Dans l’attente de ce changement de cap, les investisseurs sont contraints de revoir leurs allocations, en intégrant cette nouvelle donne géopolitique et monétaire. Car au-delà de la volatilité des devises, c’est bien la hiérarchie mondiale des valeurs refuges qui semble en passe d’être redéfinie.

 

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* Dr. Tahar EL ALMI,

Economiste-Economètre.

Ancien Enseignant-Chercheur à l’ISG-TUNIS,

Psd-Fondateur de l’Institut Africain

D’Economie Financière (IAEF-ONG)

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