Éruption de l’Etna : Quel danger pour la Tunisie ?
Le volcan sicilien est entré en activité récemment, suscitant des inquiétudes sur d’éventuelles conséquences pour le territoire tunisien.
L’Etna, le célèbre volcan situé en Sicile (sud de l’Italie), a repris son activité volcanique, générant de nombreuses images et vidéos spectaculaires qui circulent sur les réseaux sociaux. Face aux préoccupations des citoyens tunisiens, le professeur Chokri Yaïch, géologue et enseignant universitaire, s’est exprimé sur les ondes d’Express FM pour rassurer la population, le 3 juin 2025.
Selon l’expert, cette éruption de l’Etna est « normale et très habituelle ». Le volcan a connu environ 200 éruptions depuis l’an 1500, confirmant son caractère actif. Cette activité s’explique par la position géologique particulière de la région.
« L’Etna fait partie des volcans actifs du sud de l’Europe, comme le Vésuve, le Stromboli et d’autres volcans près de Naples », explique le géologue. Ces volcans sont situés dans une zone géologiquement active, à la frontière entre les plaques tectoniques africaine et euro-asiatique.
Le professeur Yaïch détaille le processus : « La plaque africaine se déplace progressivement vers le nord en direction de la plaque euro-asiatique et glisse en dessous. Ce glissement génère des températures et des pressions très élevées qui font fondre les roches de la plaque africaine. La lave remonte alors par des fissures dans la croûte terrestre pour atteindre la surface. »
Contrairement au Vésuve, célèbre pour avoir enseveli Pompéi en 79 après J.-C. sous des cendres brûlantes, l’Etna présente des caractéristiques différentes. Les coulées de lave sont moins violentes et s’écoulent autour du volcan sans représenter de danger, sauf pour les zones très proches qui sont généralement inhabitées. Le volcan émet également des cendres et des gaz moins intenses que ceux du Vésuve, notamment du dioxyde de soufre et du dioxyde de carbone.
Aucun risque pour la Tunisie
Le géologue se veut rassurant concernant les conséquences pour la Tunisie. Plusieurs facteurs expliquent cette absence de danger.
Concernant la direction des vents, l’expert précise que « les vents actuels soufflent vers le nord-ouest ». Les zones touchées par les retombées de cendres se limitent principalement à la Sicile et aux régions situées à l’ouest de Malte.
Les relevés de dioxyde de soufre dans l’air montrent des concentrations très différentes selon les régions. En Sicile, les niveaux atteignent jusqu’à 100 milligrammes par mètre cube, tandis qu’en Tunisie, ils oscillent entre 1 et 33 milligrammes par mètre cube. « Ces niveaux sont même inférieurs à ceux que nous connaissons habituellement avec les émissions industrielles de nos usines de phosphate à Gafsa, Gabès et Skhira », compare le professeur Yaïch.
L’Etna fait l’objet d’une surveillance étroite de la part des scientifiques européens et italiens. Le géologue rappelle qu’historiquement, seules les éruptions exceptionnelles comme celle du volcan Kolumbo en Grèce (à l’époque du Bronze) avaient eu des conséquences à l’échelle méditerranéenne, créant un « hiver prolongé » en obscurcissant le soleil.
« À ce jour, il n’y a aucun danger pour la Tunisie », conclut fermement le professeur Chokri Yaïch, invitant la population à ne pas s’inquiéter de cette activité volcanique qui reste dans les paramètres normaux pour l’Etna.