Surpopulation carcérale en Tunisie : un rapport alerte sur des taux dépassant les 200%
Le taux de surpopulation carcérale dans certaines prisons tunisiennes a dépassé les 200 %, et le nombre de prisonniers a augmenté de 10 000 au cours des deux dernières années, révèle un rapport de la Ligue Tunisienne des Droits de l’Homme (LTDH).
Dans son rapport sur les conditions de détention dans les prisons tunisiennes (2022-2025), la Ligue explique que le taux d’occupation dans la plupart des prisons s’élève à 150 %, et que ce chiffre peut dépasser les 200 % dans certains établissements pénitentiaires.
Dans ce contexte, le président de la Ligue, Bassem Trifi, a mis en avant les répercussions de ce phénomène sur la qualité de vie en milieu carcéral.
La surpopulation carcérale peut transformer les prisons en foyers épidémiques et affecter l’état psychologique des prisonniers ainsi que des agents pénitentiaires, a-t-il mis en garde.
Trifi a toutefois admis qu’une nette amélioration a été enregistrée par rapport à la situation qui prévalait avant la révolution. Il a appelé le ministère de la Défense à augmenter le budget du Comité Général des Prisons et de la Rééducation afin d’atteindre les normes humanitaires de détention.
La Ligue a précisé que ce rapport a été élaboré sur la base d’une série de visites effectuées, entre 2022 et 2025, dans les prisons tunisiennes, ajoutant que ce travail inclut un état des lieux des prisons, ainsi que des recommandations au niveau structurel et législatif.
De son côté, le président de l’Instance Nationale pour la Prévention de la Torture (INPT), Fethi Jarray, a considéré que les prisons tunisiennes ont enregistré, durant les deux dernières années, “une surpopulation exceptionnelle”, avec une hausse de plus de 10 000 prisonniers.
Le nombre total de prisonniers est passé de 23 000 à 33 000, a relevé le président de l’INPT, qui impute cette hausse aux “arrestations arbitraires ainsi qu’à la lenteur du processus judiciaire”. Pourtant, a-t-il fait observer, la capacité d’accueil dans l’ensemble des prisons tunisiennes ne dépasse pas les 17 000.
Il a déclaré que la Tunisie, qui a mis en place le premier mécanisme de prévention contre la torture dans la région du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord, mérite d’être le premier pays exempt de torture. Il a affirmé que l’Instance et la Ligue cherchent à garantir que les lieux de détention ne soient pas des lieux de privation des droits.
Le rapport, qui s’étend sur plus de 70 pages, comprend quatre sections. La première couvre le cadre juridique et institutionnel régissant les lieux de détention en Tunisie, tandis que la deuxième est consacrée au suivi de l’état actuel des prisons tunisiennes, en mettant l’accent sur la prévention et l’investigation. Les cas de violations observés par l’équipe de la LTDH sont cités dans la troisième section, tandis que la quatrième section comporte la conclusion et les recommandations.
Le rapport de la LTDH a été présenté lors d’une conférence nationale marquant le 48e anniversaire de la création de l’organisation.