❌

Normale Ansicht

Es gibt neue verfĂŒgbare Artikel. Klicken Sie, um die Seite zu aktualisieren.
Gestern — 20. April 2025Haupt-Feeds

Affaire de complot | Le détail des condamnations

20. April 2025 um 11:57

La 5e chambre criminelle spĂ©cialisĂ©e dans les affaires du terrorisme auprĂšs du tribunal de premiĂšre instance de Tunis a prononcĂ©, tard dans la nuit de vendredi 18 avril 2025, des peines de prison Ă  l’encontre des accusĂ©s dans l’affaire dite du «complot contre la sĂ»retĂ© de l’État».

Les peines varient entre 4 et 66 ans de réclusion, a indiqué le substitut du procureur de la République auprÚs du PÎle judiciaire de lutte contre le terrorisme dans une déclaration à Tap.

D’aprĂšs une liste nominative publiĂ©e ce samedi par l’avocat Abdessattar Messaoudi, membre du collectif de dĂ©fense, les condamnations concernent 37 accusĂ©s, certains sont dĂ©tenus, d’autres en libertĂ© provisoire.

Pour les accusĂ©s en fuite, les peines ont Ă©tĂ© assorties de l’exĂ©cution immĂ©diate.

Trois accusĂ©s ont Ă©tĂ© radiĂ©s du dossier aprĂšs avoir formĂ© un pourvoi en cassation contre la dĂ©cision de la chambre d’accusation de la cour d’appel.

Il s’agit de Riadh ChaĂŻbi (en libertĂ©), Kamel Jendoubi (en fuite), et Noureddine Ben Ticha (en fuite).

Les charges retenues contre les accusĂ©s portent sur des infractions graves, dont le complot contre la sĂ»retĂ© de l’État, constitution et appartenance Ă  une organisation terroriste, atteinte visant Ă  changer la forme du gouvernement ou Ă  inciter les citoyens Ă  s’entre-tuer, troubles, meurtres et pillages liĂ©s Ă  des crimes terroristes et atteinte Ă  la sĂ©curitĂ© alimentaire et Ă  l’environnement.

Liste des condamnés :

· Kamel Letaïef (détenu) : 66 ans;

· Khayam Turki (détenu) : 48 ans;

· Noureddine Bhiri (détenu): 43 ans;

· Issam Chebbi (détenu): 18 ans;

· Jawher Ben Mbarek (détenu): 18 ans;

· Ghazi Chaouachi (détenu): 18 ans;

· Ridha Belhadj (détenu): 18 ans;

· Abdelhamid Jelassi (détenu) : 13 ans;

· Fathi Hattab Slama (détenu): 4 ans;

· Ahmed Néjib Chebbi (liberté): 18 ans;

· Chaïma Issa: 18 ans;

· Mohamed Lazhar Akremi (en liberté): 8 ans;

· Chokri Bahriya (en liberté): 13 ans;

· Ayachi Hamami (en liberté): 8 ans;

· Mohamed El Hamdi (en liberté): 13 ans;

· Riadh Chaïbi (en liberté): radié;

· Noureddine Boutar (liberté): 10 ans;

· Ridha Charfeddine (détenu dans une autre affaire): 16 ans;

· Sahbi Atig (détenu dans une autre affaire): 13 ans;

· Essaied Ferjani (détenu dans une autre affaire): 13 ans;

· Kamel El Bedoui (détenu dans une autre affaire): 13 ans;

· Mohamed Bedoui (liberté): 13 ans;

· Ali El Hlioui (en fuite): 33 ans avec exécution immédiate;

· Hamza Meddeb (en fuite): 33 ans avec exécution immédiate;

· Monji Dhaouadi (en fuite): 33 ans avec exécution immédiate;

· Kamel El Guizani (en fuite): 33 ans avec exécution immédiate;

· Ridha Idriss (en fuite): 33 ans avec exécution immédiate;

· Mustapha Kamel Nabli (en fuite): 33 ans avec exécution immédiate;

· Mohamed Kamel Jendoubi (en fuite): radié;

· Noureddine Ben Ticha (en fuite): radié;

· Kawther El Daassi (en fuite): 33 ans avec exécution immédiate;

· Abdelraouf Khalfallah (en fuite): 33 ans avec exécution immédiate;

· Abdelmajid Ezzar (en fuite) : 33 ans avec exécution immédiate:

· Tasnime Kheriji (en fuite) : 33 ans avec exécution immédiate;

· Nadia Akacha (en fuite) : 33 ans avec exécution immédiate;

· Karim Guellati (liberté): 25 ans;

· Rafik Chaùbouni (en fuite): 33 ans avec exécution immédiate;

· Najla Letaief (en fuite): 33 ans avec exécution immédiate;

· Bochra Belhaj Hmida (en fuite): 33 ans avec exécution immédiate;

· Bernard-Henri Lévy (en fuite): 33 ans avec exécution immédiate.

D’aprùs Tap.

L’article Affaire de complot | Le dĂ©tail des condamnations est apparu en premier sur Kapitalis.

Ältere BeitrĂ€geHaupt-Feeds

Youssef Chaouachi commente la condamnation de son pĂšre Ghazi Ă  18 ans de prison

19. April 2025 um 12:05

RĂ©agissant dans un poste Facebook aux lourdes condamnations prononcĂ©es dans l’affaire dite du complot contre l’Etat oĂč son pĂšre, l’ancien ministre Ghazi Chaouachi est l’un accusĂ©s, Youssef Chaouachi a Ă©crit : «La condamnation de mon pĂšre Ă  18 ans de prison est un honneur qui ajoute Ă  notre fierté».   

«En vĂ©ritĂ©, il n’y a pas de grande diffĂ©rence entre les condamnations Ă  13, 19, 48 ou 66 ans, parce que nous sommes convaincus que leur incarcĂ©ration durera tant que KaĂŻs SaĂŻed rĂ©sidera au Palais de Carthage», a-t-il aussi Ă©crit, ajoutant : «Nous avons certes perdu une bataille, mais nous n’avons pas perdu la guerre et notre combat se poursuivra pour le faire tomber et faire libĂ©rer tous les dĂ©tenus».        

«Un dernier message adressĂ© Ă  tout un chacun qui se serait impliquĂ© dans ce dossier : nous ne pardonnerons pas et nous n’oublierons pas. Si Ghazi et le groupe de ses co-accusĂ©s ne vous jugeront pas, ce seront les enfants de Ghazi, Ridha [Belhadj], Issam [Chebbi], Khayam [Turki], Abdelhamid [Jelassi], Jawher [Ben Mbarek], Chaima [Issa], Kamel [Eltaief] et tous les autres qui vous jugeront», a-t-il conclu son poste.

I. B.

L’article Youssef Chaouachi commente la condamnation de son pùre Ghazi à 18 ans de prison est apparu en premier sur Kapitalis.

Tunisie | Reprise du procÚs de «complot» sous haute surveillance

18. April 2025 um 13:40

La troisiĂšme audience du procĂšs dit de «complot contre la sĂ»retĂ© de l’État» s’est ouverte, ce vendredi 18 avril 2025, au tribunal de premiĂšre instance de Tunis, en l’absence de la majoritĂ© des accusĂ©s. ٍVidĂ©o.

Peu avant l’ouverture de l’audience, des familles de dĂ©tenus, soutenues par des militants politiques, ont organisĂ© un sit-in pour rĂ©clamer des procĂšs en prĂ©sence des accusĂ©s et demander leur libĂ©ration.

Les proches des accusés ont scandé des slogans appelant à une «justice équitable et indépendante».

L’audience s’est dĂ©roulĂ©e sous haute surveillance. L’accĂšs Ă  la salle a Ă©tĂ© interdit aux journalistes, militants politiques et membres de la sociĂ©tĂ© civile. Seuls les avocats et un membre de chaque famille d’accusĂ© ont Ă©tĂ© autorisĂ©s Ă  y accĂ©der.

Les journalistes ont protestĂ© contre cette dĂ©cision en organisant un rassemblement devant le tribunal, appelant Ă  leur permettre de couvrir le procĂšs et d’informer l’opinion publique sur ses diffĂ©rentes Ă©tapes et dĂ©tails.

Le tribunal avait dĂ©cidĂ© la tenue des audiences Ă  distance pour les accusĂ©s jusqu’à l’émission d’une dĂ©cision finale sur l’ensemble du dossier. Une dĂ©cision contestĂ©e par la dĂ©fense, qui a insistĂ© lors des deux prĂ©cĂ©dentes audiences sur la prĂ©sence physique des accusĂ©s en salle pour pouvoir se dĂ©fendre dans un procĂšs digne de ce nom.

Les avocats ont dĂ©clarĂ© dans leurs plaidoiries que les accusĂ©s attendent, depuis l’ouverture de l’affaire il y a deux ans, de pouvoir comparaĂźtre devant la justice et ĂȘtre entendus directement. Pour eux, un procĂšs Ă  distance ne garantit pas les conditions d’un procĂšs Ă©quitable.

Dans une correspondance adressĂ©e Ă  l’Ordre des avocats, la prĂ©sidence du tribunal a justifiĂ© sa dĂ©cision par «l’existence d’un danger rĂ©el», dĂ©cision qui s’applique Ă©galement aux affaires pĂ©nales prĂ©vues devant le PĂŽle judiciaire antiterroriste durant le mois de mars 2025.

La juridiction a fondĂ© sa dĂ©cision sur l’article 73 de la loi relative Ă  la lutte contre le terrorisme et le blanchiment d’argent, ainsi que sur l’article 141 bis du Code de procĂ©dure pĂ©nale relatif Ă  la possibilitĂ© d’un procĂšs Ă  distance.

L’affaire remonte Ă  fĂ©vrier 2023, date Ă  laquelle des hommes politiques, responsables, anciens ministres, avocats et hommes d’affaires ont Ă©tĂ© arrĂȘtĂ©s pour des accusations liĂ©es notamment Ă  la «formation d’une entente pour comploter contre la sĂ»retĂ© intĂ©rieure et extĂ©rieure de l’État».

Selon le dossier de l’accusation, on reproche aux prĂ©venus ou Ă  certains d’entre eux d’avoir eu des rencontres avec des diplomates Ă©trangers accrĂ©ditĂ©s en Tunisie, or, aucun de ces diplomates, qui auraient complotĂ© contre la Tunisie, n’est poursuivi par la justice. Pour les avocats, cet Ă©lĂ©ment prouve, Ă  lui seul, que les accusations ne reposent pas sur aucun fait matĂ©riel tangible.

Cette affaire implique 40 accusĂ©s, dont 9 sont actuellement en dĂ©tention. Parmi eux, figurent des hommes politiques, d’anciens responsables, des avocats et des hommes d’affaires, notamment Ridha Belhadj, ancien directeur de cabinet de l’ancien prĂ©sident Beji CaĂŻd Essebsi, Ghazi Chaouachi, ancien secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral du parti Attayar et ancien ministre, Issam Chebbi, secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral du Parti rĂ©publicain, Abdelhamid Jelassi, ancien dirigeant (dĂ©missionnaire) du mouvement Ennahdha, Sayed Ferjani, dirigeant du mĂȘme parti, Jawher Ben Mbarek, professeur universitaire et activiste politique, les hommes d’affaires et activistes politiques Kamel Eltaief, Khayam Turki et Ridha Charfeddine. Tous ces prĂ©venus sont en  dĂ©tention. D’autres sont en libertĂ©, notamment l’ancienne dĂ©putĂ©e Bochra Belhaj Hmida, l’activiste Chayma Issa et le philosophe français Bernard-Henri LĂ©vy, lui aussi citĂ© dans le dossier.

I. B. (avec Tap).

Vidéo 2.

L’article Tunisie | Reprise du procĂšs de «complot» sous haute surveillance est apparu en premier sur Kapitalis.

Tunisie | Bras-de-fer entre pouvoir exécutif et opposition démocratique

12. April 2025 um 07:23

Le Centre pour le respect des libertĂ©s et des droits de l’homme en Tunisie (CRLDHT) a publiĂ© un rapport dĂ©taillĂ© sur l’audience du 11 avril 2025 dans l’affaire dite du «complot contre la sĂ»retĂ© de l’État» sous le titre «Une justice d’exception au service de la rĂ©pression politique». Nous le reproduisons ci-dessous


Mobilisation devant le tribunal et verrouillage policier / L’audience du 11 avril 2025 s’est dĂ©roulĂ©e dans un climat lourd, symptomatique d’un procĂšs politique transformĂ© en bras-de-fer entre le pouvoir exĂ©cutif et l’opposition dĂ©mocratique tunisienne. Tandis qu’à l’intĂ©rieur du tribunal les dĂ©bats judiciaires Ă©taient censĂ©s avoir lieu, Ă  l’extĂ©rieur, la rue vibrait de slogans dĂ©nonçant une mascarade judiciaire.
DĂšs l’aube, des familles de dĂ©tenus politiques, figures de l’opposition, militants de la sociĂ©tĂ© civile et journalistes se sont rassemblĂ©s devant le palais de justice de Tunis pour dĂ©noncer la nature politique du procĂšs.

L’accĂšs Ă  la salle d’audience leur a cependant Ă©tĂ© massivement refusĂ©, Ă  l’exception d’un membre par famille. Ce filtrage discriminatoire s’est doublĂ© de manƓuvres policiĂšres visant Ă  intimider les manifestants pacifiques, notamment par un quadrillage renforcĂ© des abords du tribunal et des dispositifs d’empĂȘchement physique de l’entrĂ©e.
Des cris se sont Ă©levĂ©s pour exiger la transparence du procĂšs, l’annulation des comparutions Ă  distance et la libĂ©ration des dĂ©tenus. Ce mouvement de protestation a Ă©tĂ© soutenu par plusieurs leaders politiques, dont Ahmed NĂ©jib Chebbi, qui a dĂ©noncĂ© la volontĂ© du rĂ©gime de «terroriser l’opposition» et d’imposer une culture de la peur.
Les manifestants ont brandi des photos des détenus, scandé des slogans réclamant un procÚs équitable, tandis que les avocats ont confirmé leur refus de participer à une audience sans la présence physique des accusés. Les autorités judiciaires ont maintenu le dispositif de comparution à distance décidé dÚs la premiÚre audience du 4 mars.

Une audience entre huis-clos et entraves mĂ©diatiques / Les conditions rĂ©elles d’accĂšs ont rendu cette audience de fait fermĂ©e. Plusieurs journalistes – dont Zied El Heni, Khawla Boukrim, Monia Arfaoui, Lotfi Hajji – ont Ă©tĂ© empĂȘchĂ©s d’y assister.
Les reprĂ©sentants des organisations nationales ont Ă©galement Ă©tĂ© tenus Ă  l’écart, tandis que seuls les reprĂ©sentants de chancelleries occidentales ont Ă©tĂ© autorisĂ©s Ă  y assister. Étaient notamment prĂ©sents des dĂ©lĂ©guĂ©s des ambassades de France, d’Allemagne, du Canada, de Belgique, des Pays-Bas et de l’Union europĂ©enne. Ce traitement diffĂ©renciĂ© a Ă©tĂ© largement perçu comme une tentative de contrĂŽle de l’image Ă  l’international tout en muselant les relais locaux critiques.

Refus collectif de la visioconfĂ©rence et paralysie procĂ©durale / L’audience a Ă©tĂ© dominĂ©e par le refus des dĂ©tenus politiques de comparaĂźtre Ă  distance depuis leur lieu de dĂ©tention. Les avocats ont unanimement soutenu que cette mĂ©thode viole l’article 141 bis du Code de procĂ©dure pĂ©nale tunisien, en particulier l’exigence d’un consentement prĂ©alable du prĂ©venu, d’une motivation Ă©crite et d’une dĂ©cision judiciaire individualisĂ©e, toutes absentes dans ce dossier.
Cette comparution Ă  distance a Ă©tĂ© qualifiĂ©e de «simulacre de procĂšs» relevant plus d’une opĂ©ration de communication politique que d’un vĂ©ritable dĂ©bat judiciaire.
Me Abdelaziz Essid a dĂ©clarĂ© Ă  l’AFP : «Nous refusons de plaider dans ces conditions et nous ne voulons pas ĂȘtre les tĂ©moins complices de cette parodie.»
Me Ayachi Hammami a ajoutĂ© : «Par solidaritĂ© avec les dĂ©tenus, nous refusons Ă©galement d’intervenir Ă  distance.»

Des accusĂ©s Ă  l’étranger rĂ©clament Ă  ĂȘtre auditionnĂ©s / Deux des inculpĂ©s rĂ©sidant Ă  l’étranger, en l’occurrence Mohamed Kamel Jendoubi et Ridha Driss, traduits sans avoir Ă©tĂ© auditionnĂ©s lors des phases d’enquĂȘte et d’instruction, ont demandĂ© Ă  ĂȘtre entendus dans cette audience, en tant qu’accusĂ©s mais aussi comme tĂ©moins, par visioconfĂ©rence. Ils ont invoquĂ© l’application de l’article 73 de la loi organique antiterroriste qui permet ce type de procĂ©dure si l’intĂ©rĂȘt de la justice le justifie.

Situation critique des dĂ©tenus : grĂšves de la faim et maltraitance / Un autre moment marquant de cette audience fut la dĂ©claration de Me Dalila Msadek indiquant que cinq dĂ©tenus Ă  Mornaguia, Ă  savoir Ghazi Chaouachi, Ridha Belhaj, Khayem Turki, Issam Chebbi et Abdelhamid Jelassi, ainsi que Jaouhar Ben Mbarek Ă  Belli (Nabeul), sont en grĂšve de la faim – ce dernier depuis plus de 13 jours – pour protester contre la comparution Ă  distance et l’interdiction de s’exprimer devant leurs juges.
Cette grĂšve de la faim est l’expression ultime de la volontĂ© d’ĂȘtre entendus dans un procĂšs oĂč le pouvoir tente d’étouffer toute voix dissonante. Elle est aussi un cri d’alarme face Ă  des conditions de dĂ©tention inhumaines.

Un procĂšs sans lĂ©gitimitĂ© judiciaire ni morale / L’instruction du dossier repose sur des tĂ©moignages anonymes, des accusations sans preuves matĂ©rielles, des interpellations spectaculaires sans mandat et une absence totale de contre-interrogatoire des tĂ©moins-clĂ©s.

L’ancien juge d’instruction, dĂ©sormais en fuite, et le chef de la police judiciaire, aujourd’hui incarcĂ©rĂ©, illustrent la fragilitĂ© institutionnelle de l’affaire.
La composition mĂȘme du tribunal est jugĂ©e illĂ©gale et inconstitutionnelle. En effet, la chambre criminelle en charge du dossier a Ă©tĂ© constituĂ©e par simple note administrative Ă©mise par la ministre de la Justice, en contradiction manifeste avec les dispositions du dĂ©cret-loi n° 11-2022 relatif au Conseil supĂ©rieur de la magistrature, qui stipule que les juges doivent ĂȘtre dĂ©signĂ©s selon des mĂ©canismes indĂ©pendants garantissant l’impartialitĂ© de la justice.
La dĂ©fense a ainsi mis en cause la lĂ©gitimitĂ© de l’ensemble du bureau du tribunal, composĂ© des magistrats suivants : LassĂąd Chamakhi (prĂ©sident), Moez El Gharbi, Ahmed Barhoumi, Fatma Boukattaya, Afef BetaĂŻeb.
La défense et les experts ont dénoncé publiquement cette composition, affirmant devant la cour que ses décisions seront sans valeur et que cette mascarade judiciaire sera inévitablement corrigée une fois la légalité restaurée.

Maitre Bassam Trifi a dĂ©clarĂ© : «On ne peut pas qualifier ce procĂšs de procĂšs Ă©quitable. Il comporte de nombreuses irrĂ©gularitĂ©s
 Des citoyens, des reprĂ©sentants de la sociĂ©tĂ© civile, des journalistes et les familles des accusĂ©s ont Ă©tĂ© empĂȘchĂ©s d’assister Ă  l’audience. Or, la publicitĂ© des dĂ©bats est un pilier fondamental et essentiel du procĂšs Ă©quitable. Les personnes concernĂ©es par ce dossier, dĂ©tenues et menacĂ©es de lourdes peines, sont les premiĂšres Ă  avoir le droit d’ĂȘtre prĂ©sentes Ă  l’audience. Les avocats ont respectĂ© le tribunal, mais le tribunal ne nous a pas respectĂ©s, car il nous est demandĂ© de plaider alors que nos clients ne sont pas prĂ©sents dans la salle. Sous Ben Ali, nous avons assistĂ© Ă  de nombreuses affaires oĂč tous les accusĂ©s Ă©taient amenĂ©s, y compris certains transportĂ©s en raison de leur Ă©tat de santĂ©. MĂȘme dans l’affaire de Soliman, oĂč les accusĂ©s avaient pris les armes contre l’État, ils ont Ă©tĂ© amenĂ©s en personne Ă  l’audience. Idem pour d’autres affaires comme celles du Bardo ou de l’attentat de l’Imperial Sousse
 Et aujourd’hui, dans l’affaire du ‘‘complot’’, on refuse de faire comparaĂźtre les accusĂ©s dans la salle d’audience. C’est pourquoi nous avons dĂ©cidĂ© de ne pas entrer dans le fond de l’affaire tant que les accusĂ©s ne seront pas physiquement prĂ©sents Ă  l’audience.»

Une justice instrumentalisĂ©e Ă  des fins de rĂ©pression / Comme l’ont soulignĂ© plusieurs avocats et observateurs, l’objectif de ce procĂšs n’est pas de juger des crimes rĂ©els, mais de criminaliser l’opposition politique. Les accusations de «complot», «terrorisme», ou «atteinte Ă  la sĂ©curitĂ© de l’État» visent des figures dĂ©mocratiques connues pour leur attachement Ă  l’action politique pacifique : avocats, syndicalistes, universitaires, anciens ministres, journalistes.
KaĂŻs SaĂŻed, en qualifiant publiquement les accusĂ©s de «terroristes» et en affirmant que «quiconque les acquitte est leur complice», a minĂ© d’avance toute prĂ©somption d’innocence et toute possibilitĂ© d’un procĂšs Ă©quitable.
Le prĂ©sident accuse Ă©galement certains d’entre eux de «collusion avec des diplomates Ă©trangers», des contacts que la dĂ©fense qualifie de parfaitement normaux dans le cadre du travail politique et associatif.

Une crise judiciaire rĂ©vĂ©latrice de la dĂ©rive autoritaire / Au-delĂ  de ses irrĂ©gularitĂ©s, ce procĂšs rĂ©vĂšle une crise plus large du systĂšme judiciaire tunisien : perte d’indĂ©pendance, immixtion de l’exĂ©cutif, dĂ©signation arbitraire des juges, censure de la presse et criminalisation de l’opinion. Il illustre la descente aux enfers de l’État de droit depuis le 25 juillet 2021.
L’audience du 11 avril 2025 a confirmĂ© que l’«affaire du complot» est une opĂ©ration politique de rĂ©pression de la dissidence menĂ©e Ă  coups de lois d’exception et de procĂ©dures bĂąclĂ©es. Ce n’est pas seulement un procĂšs contre quarante individus, mais un procĂšs contre l’opposition et l’idĂ©e mĂȘme de l’État de droit et de la dĂ©mocratie.

La communauté nationale et internationale doit se mobiliser pour exiger
– la fin des comparutions à distance;
– la libĂ©ration des prisonniers politiques;
– le respect des garanties d’un procĂšs Ă©quitable;
– l’arrĂȘt de la rĂ©pression des opposants.

Il est Ă  rappeler que la Cour africaine des droits de l’Homme et des peuples a ordonnĂ© Ă  la Tunisie, dans l’affaire n° 04/2023, des mesures provisoires concernant le dĂ©tenu politique Ghazi Chaouachi depuis le 28 octobre 2023, relatives aux droits les plus fondamentaux Ă  la dĂ©fense et aux soins mĂ©dicaux. L’État tunisien ne s’est pas contentĂ© d’ignorer cette dĂ©cision : il a osĂ© demander le retrait de ces mesures sous prĂ©texte d’avoir retirĂ© la dĂ©claration dĂ©posĂ©e en 2017 au sens de l’article 34.6 du Protocole de la Cour africaine.
Par ailleurs, le Groupe de travail du Conseil des droits de l’homme des Nations unies a qualifiĂ© la dĂ©tention de Khayem Turki, Ghazi Chaouachi, Ridha Belhadj, Noureddine Bhiri, Jaouhar Ben Mbarek, ChaĂŻma Issa et Lazhar Akremi d’arbitraire et a invitĂ© les autoritĂ©s tunisiennes Ă  les libĂ©rer et Ă  les indemniser.

Audience Ă©courtĂ©e, vĂ©ritĂ© censurĂ©e, dĂ©fense debout / Le ministĂšre public s’en est remis Ă  la chambre pour statuer sur la possibilitĂ© de faire comparaĂźtre les accusĂ©s lors de la prochaine audience, tout en s’opposant Ă  toutes les demandes de libĂ©ration.
L’audience s’est achevĂ©e de maniĂšre abrupte, alors mĂȘme que les avocats plaidaient encore pour la prĂ©sence des dĂ©tenus dans la salle. Ce fut un jour emblĂ©matique de la nĂ©gation du droit Ă  un procĂšs Ă©quitable, public et contradictoire. Un jour oĂč s’est dĂ©voilĂ©e la peur d’un rĂ©gime face Ă  la vĂ©ritĂ©. Un jour, aussi, oĂč l’on a tentĂ© d’abuser de la conscience collective des Tunisiennes et des Tunisiens.
Le procĂšs a Ă©tĂ© reportĂ© au 18 avril 2025 / Mais ce fut surtout un jour de dignitĂ©, portĂ© par la tĂ©nacitĂ© et l’engagement exemplaire d’une dĂ©fense qui ne recule pas lorsqu’elle dĂ©fend des causes justes.

Communiqué.

L’article Tunisie | Bras-de-fer entre pouvoir exĂ©cutif et opposition dĂ©mocratique est apparu en premier sur Kapitalis.

Tunisie | Tensions au procùs de complot contre l’Etat

11. April 2025 um 12:43

La Chambre criminelle spĂ©cialisĂ©e dans l’examen des affaires terroristes auprĂšs Tribunal de premiĂšre instance de Tunis a levĂ©, ce vendredi 11 avril 2025, la seconde audience relative Ă  l’affaire de complot contre la sĂ»retĂ© de l’Etat, peu de temps aprĂšs son ouverture.

L’audience, qui reprendra en dĂ©but d’aprĂšs-midi, s’est ouverte dans une ambiance tendue suite aux protestations des avocats qui exigeaient un procĂšs public en prĂ©sence des prĂ©venus afin que ces derniers puissent rĂ©pondre des accusations portĂ©es Ă  leur encontre, sachant qu’ils ont refusĂ© de comparaĂźtre
 Ă  distance, comme cela a Ă©tĂ© dĂ©cidĂ© par les autoritĂ©s judiciaires.  

Le procĂšs s’est ouvert en prĂ©sence de reprĂ©sentants du corps diplomatique et d’organisations internationales accrĂ©ditĂ©s Ă  Tunis. Mais les familles des prĂ©venues ont Ă©tĂ© empĂȘchĂ©es de pĂ©nĂ©trer dans l’enceinte du Palais de Justice.

Rappelons que la premiĂšre audience relative Ă  ce procĂšs Ă©minemment politique a eu lieu le 4 mars dernier, en prĂ©sence de quelques accusĂ©s en Ă©tat de libertĂ©, les prĂ©venus en dĂ©tention ayant tous refusĂ© d’ĂȘtre jugĂ©s Ă  distance.

Selon leurs avocats, un procĂšs Ă  distance et en l’absence des prĂ©venus ne saurait garantir les conditions minimales d’un procĂšs Ă©quitable.

L’affaire a Ă©clatĂ© en fĂ©vrier 2023 avec l’arrestation de nombreux acteurs politiques, activistes de la sociĂ©tĂ© civile, homme d’affaires et avocats accusĂ©s de comploter contre la sĂ»retĂ© intĂ©rieure et extĂ©rieure de l’Etat. Parmi les prĂ©venus on citera Khayam Turki, Issam Chebbi, Abdelhamid Jelassi, Ghazi Chaouachi, Ridha Belhadj et Jawher Ben Mbarek, Kamel Eltaief et Chaima Issa.

I. B.

L’article Tunisie | Tensions au procùs de complot contre l’Etat est apparu en premier sur Kapitalis.

Tunisie | Six détenus politiques exigent le droit à un procÚs équitable

09. April 2025 um 10:04

Nous reproduisons ci-dessous le communiquĂ© publiĂ© Ă  Tunis, le 8 avril 2025, par six dĂ©tenus politiques de l’affaire dite du «complot contre la sĂ»retĂ© de l’Etat», qui ont entamĂ© une nouvelle grĂšve de faim pour exiger le droit Ă  un procĂšs Ă©quitable.    

Nous, personnes injustement poursuivies dans ce que l’on appelle l’affaire du complot contre la sĂ»retĂ© intĂ©rieure et extĂ©rieure de l’État, et face Ă  l’obstination des autoritĂ©s Ă  maintenir une politique d’opacitĂ© visant Ă  masquer les falsifications et Ă  dissimuler la vĂ©ritĂ©, en protestation contre notre exclusion du procĂšs aprĂšs plus de deux annĂ©es de dĂ©tention arbitraire, de privation du droit de contester les fausses accusations et les procĂšs-verbaux falsifiĂ©s, et en rĂ©affirmant notre refus de voir le ministĂšre de la Justice continuer de gĂ©rer le dossier en interdisant toute couverture mĂ©diatique, en ayant recours Ă  des tĂ©moins anonymes et en organisant un procĂšs dĂ©pourvu des garanties minimales d’un procĂšs Ă©quitable, et en nous accrochant Ă  nos droits lĂ©gitimes et Ă  notre responsabilitĂ© nationale, nous annonçons ce qui suit :

– nous entamons une grĂšve de la faim ;

– nous rejetons catĂ©goriquement toute participation Ă  une procĂ©dure judiciaire qui ne respecte pas les conditions Ă©lĂ©mentaires d’un procĂšs Ă©quitable et refusons donc de comparaĂźtre Ă  distance Ă  ces audiences simulĂ©es;

– nous appelons les forces nationales, les organisations de la sociĂ©tĂ© civile et toutes les consciences libres Ă  Ă©lever leur voix contre l’instrumentalisation de la justice Ă  des fins de rĂ©pression politique et Ă  dĂ©fendre le droit du peuple tunisien Ă  la libertĂ© et Ă  la dĂ©mocratie;

– nous saluons le rĂŽle jouĂ© par nos comitĂ©s de dĂ©fense et appelons l’ensemble des avocats Ă  poursuivre leur mobilisation contre l’injustice et pour le droit Ă  un procĂšs Ă©quitable.

Signataires :
Issam Chebbi
Abdelhamid Jelassi
Khayam Turki
Ridha Belhaj
Ghazi Chaouachi
Jaouhar Ben Mbarek (en grĂšve de la faim depuis le 30 mars 2025).

L’article Tunisie | Six dĂ©tenus politiques exigent le droit Ă  un procĂšs Ă©quitable est apparu en premier sur Kapitalis.

❌
❌