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ECLAIRAGES – Taux d’intérêt et l’illusion de relance : Quelques enseignements après la baisse du taux directeur de la BCT

28. März 2025 um 13:14

La récente décision de la Banque centrale de Tunisie de réduire son taux d’intérêt directeur de 50 points de base pour le porter à 7,50% soulève d’importantes réflexions sur l’économie tunisienne et sur les mécanismes de financement d’une économie en transition. Les taux d’intérêt, en tant que baromètres de la santé économique, jouent un rôle déterminant dans l’allocation du capital, la consommation et l’investissement.

L’impact des taux d’intérêt sur l’économie

Les taux d’intérêt influencent directement les décisions d’emprunt et d’épargne. Un taux d’intérêt plus bas peut inciter les entreprises à emprunter davantage pour financer leurs projets, stimulant ainsi l’activité économique. Par exemple, si une entreprise tunisienne emprunte 100 000 dinars à un taux d’intérêt de 7,50% pour investir dans l’achat de nouveaux équipements, elle peut espérer une augmentation de sa productivité et, par conséquent, de ses bénéfices. Cependant, cette dynamique doit être examinée à la lumière de la durabilité de cette croissance.

L’équilibre entre épargne et consommation

La théorie économique souligne que l’épargne est un pilier fondamental du développement économique. Lorsque les Tunisiens épargnent, les banques disposent de plus de capitaux à prêter, ce qui peut entraîner une baisse des taux d’intérêt à long terme. Cela favorise alors les investissements dans des projets à fort potentiel. Cependant, dans un contexte où la culture de l’épargne est moins ancrée, une réduction artificielle des taux d’intérêt peut provoquer des comportements de consommation hâtifs au détriment de l’investissement productif.

Le danger de l’inflation monétaire

Il est important de faire la distinction entre une baisse naturelle des taux d’intérêt résultant d’une augmentation de l’épargne (offre de fonds prêtables à long termes) et une baisse provoquée par une expansion monétaire excessive (offre de liquidités monétaires à court terme). Si la Banque centrale, en réponse à des pressions économiques, augmente la masse monétaire sans une réelle augmentation de la production de biens et services, cela peut entraîner des effets inflationnistes, via à des tensions sur les capacités de production et sur les couts, d’où une hausse des prix. Les entreprises pourraient être incitées à investir dans des projets peu rentables, car le coût de l’emprunt semble faible. Cela peut donner l’illusion d’une prospérité immédiate tout en posant les germes d’une crise économique future.

Les cycles économiques et la réalité de l’illusion de prospérité

Dans une économie en croissance, les taux d’intérêt jouent le rôle de signal. Lorsque ces signaux sont déformés par des politiques monétaires trop accommodantes, il en résulte souvent des cycles de boom et de récession. En Tunisie, cela pourrait se traduire par une surabondance de projets d’infrastructure ou d’investissements dans des secteurs sans demande réelle et/ou immédiate, menant à une situation où, à terme, les entreprises ne pourront pas écouler leurs produits ou services, provoquant des faillites et un chômage accru.

L’importance de l’investissement productif

Pour éviter cette illusion de prospérité, il est primordial que les décideurs politiques et économiques en Tunisie mettent l’accent sur des investissements productifs. Ce qui implique l’amélioration du climat des affaires pour inciter à l’innovation, à la formation et à l’amélioration de la compétitivité des entreprises. Aussi, la réduction du taux d’intérêt doit être accompagnée de mesures visant à renforcer la confiance des investisseurs (producteurs) et des consommateurs/épargnants (rationnels), tout en favorisant une véritable éthique d’épargne/investissement. 

En définitive, la réduction du taux d’intérêt directeur à 7,50% en Tunisie peut fournir un coup de pouce temporaire à l’économie. Cependant, les conséquences à long terme dépendent d’une gestion prudente de la politique monétaire et de la promotion d’une culture de l’épargne et de l’investissement. Sans cela, la transition risque de tomber dans le piège d’une reprise économique illusoire, qui pourrait mener à l’instabilité et à la récession. Les leçons de l’histoire économique montrent que la prospérité durable repose sur des paradigmes solides, et non sur des artifices financiers.

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A lire notre contribution sur L’Economiste maghrébin, numéro 917 – 

« LA BAISSE DU TAUX DIRECTEUR– LA MAUVAISE BONNE NOUVELLE ».

 

 

 

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* Dr. Tahar EL ALMI,

Economiste-Economètre.

Ancien Enseignant-Chercheur à l’ISG-TUNIS,

Psd-Fondateur de l’Institut Africain

D’Economie Financière (IAEF-ONG)

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ECLAIRAGES – Tensions de liquidité et stratégie monétaire en Tunisie : une équation délicate

25. März 2025 um 08:29

L’évolution des indicateurs monétaires et financiers en Tunisie (au 21 mars 2025) met en lumière des tensions grandissantes sur la liquidité, aussi bien au niveau du secteur public que bancaire.

Dans un contexte économique marqué par une croissance atone, une inflation persistante et une pression sur les réserves en devises, la Banque centrale de Tunisie (BCT) adopte une posture prudente, tout en naviguant entre stabilisation macroéconomique et nécessité de relancer l’investissement. Il s’agit de liquidité.

Un Trésor sous pression

La baisse du solde du compte courant du Trésor, qui recule à 296,2 millions de dinars (MDT), témoigne des tensions sur les finances publiques. Cette contraction reflète l’augmentation des décaissements, probablement en raison du règlement des salaires de la fonction publique et/ou du service de la dette.

Dans un contexte où les recettes fiscales peinent à suivre le rythme des dépenses, l’État tunisien pourrait être contraint d’intensifier ses émissions de Bons du Trésor à court terme, accroissant ainsi la pression sur les marchés financiers domestiques.

Cette situation met en exergue un défi majeur : comment concilier la nécessité de financer le déficit budgétaire sans fragiliser davantage l’équilibre financier des banques et sans alourdir la charge de la dette publique.

 

La Tunisie semble opter pour une stratégie d’allongement de la maturité de sa dette, comme en témoigne la progression des Bons du Trésor Assimilables (BTA), qui atteignent désormais 21,4 milliards de dinars. Si cette approche réduit la pression immédiate sur la trésorerie de l’État, elle ne résout pas pour autant la question de la soutenabilité de la dette à moyen terme.

Une liquidité bancaire sous tension

En parallèle, le solde du compte courant des banques affiche un recul, traduisant une demande accrue de liquidités. Ce resserrement pourrait être lié à plusieurs facteurs, notamment une hausse de la demande de crédit ou une augmentation des besoins en monnaie fiduciaire, comme en témoigne la progression des billets et monnaies en circulation, qui s’élèvent à 23,2 milliards de dinars.

Cette évolution suggère un certain essoufflement des dépôts bancaires à court terme, ce qui contraint les établissements financiers à puiser davantage dans leurs réserves pour assurer le bon fonctionnement du système.

Face à cette situation, la BCT ajuste prudemment son intervention sur le marché monétaire. L’encours global des opérations de refinancement s’établit à 12,8 milliards de dinars, en recul de 1,4 milliard par rapport à la période précédente. Si cette contraction témoigne d’un resserrement des conditions monétaires, elle s’inscrit également dans une volonté de maîtriser l’excès de liquidité afin d’atténuer les pressions inflationnistes.

Une politique monétaire sous contrainte

Le maintien du taux directeur à 8 % confirme la posture prudente de la BCT, qui privilégie la lutte contre l’inflation au détriment d’un assouplissement monétaire susceptible de dynamiser l’investissement.

Cette politique vise à stabiliser le dinar et à limiter la fuite des capitaux vers des devises plus attractives. Toutefois, elle a pour effet collatéral de renchérir le coût du crédit, ce qui freine la reprise économique et pénalise les entreprises déjà fragilisées par un environnement incertain.

Le taux du marché monétaire (TMM) évolue autour de 7,99 %, en légère hausse, ce qui reflète une certaine tension sur les taux interbancaires. Ce resserrement des conditions de financement pourrait accentuer les difficultés d’accès au crédit pour les entreprises et les ménages, limitant ainsi les perspectives de croissance.

Les moteurs extérieurs de résilience

Dans ce contexte complexe, les entrées de devises constituent un facteur clé de stabilisation.

Les recettes touristiques affichent une progression de 5,1 % sur un an, atteignant 1 071,6 millions de dinars, confirmant la reprise du secteur après plusieurs années difficiles.

De même, les revenus des Tunisiens à l’étranger augmentent de 7,3 %, représentant un apport essentiel à la balance des paiements.

Cependant, ces signaux positifs ne suffisent pas à compenser la baisse des avoirs nets en devises, qui reculent de 785,3 millions de dinars en un an pour s’établir à 22,6 milliards de dinars.

Cette érosion des réserves, désormais à 99 jours d’importation contre 106 jours précédemment, reflète une dépendance persistante aux financements extérieurs et une vulnérabilité face aux fluctuations des prix des matières premières et de l’énergie sur les marchés internationaux.

Sur le marché des changes, le dinar affiche une évolution contrastée : une légère appréciation face au dollar (+0,24 %), qui pourrait atténuer l’impact de l’inflation importée, mais une dépréciation face à l’euro (-0,15 %), renchérissant le coût des importations essentielles.

Un marché boursier en attente de catalyseurs

Dans ce climat d’incertitude, la Bourse de Tunis fait preuve d’une relative stabilité, avec un indice Tunindex qui progresse modestement à 10 884 points (+0,06 %).

 

Ce calme apparent masque néanmoins une prudence accrue des investisseurs, qui restent attentifs aux évolutions macroéconomiques et aux éventuelles décisions de politique monétaire.

Entre stabilisation et relance : quel cap pour la BCT?

L’analyse des indicateurs monétaires et financiers révèle une économie tunisienne confrontée à des arbitrages délicats. La BCT maintient une politique monétaire restrictive pour contenir l’inflation et préserver la stabilité du dinar, mais cette stratégie se heurte à la nécessité de stimuler une croissance en berne.

Dans un contexte où les marges de manœuvre budgétaires sont réduites et où la liquidité bancaire se tend progressivement, la question centrale demeure : la Tunisie peut-elle se permettre de poursuivre cette politique de rigueur monétaire sans compromettre sa dynamique économique?

Si le pays parvient à mobiliser davantage d’investissements étrangers et à renforcer ses réserves en devises, un certain assouplissement monétaire pourrait être envisagé pour soutenir l’investissement et la consommation.

À défaut, la contrainte financière risque de se durcir davantage, avec des répercussions sur l’activité économique et le marché de l’emploi.

L’équation reste donc complexe : entre nécessité de stabilisation macroéconomique et impératif de relance, la Tunisie devra trouver le juste équilibre pour préserver sa résilience et éviter un enlisement économique.

 

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* Dr. Tahar EL ALMI,

Economiste-Economètre.

Ancien Enseignant-Chercheur à l’ISG-TUNIS,

Psd-Fondateur de l’Institut Africain

D’Economie Financière (IAEF-ONG)

 

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