Par le Colonel Âź Boubaker BENKRAIEM *
Deux ans plus tard, la dĂ©faite de 1967 semble confirmer lâanalyse du leader tunisien qui, affligĂ© comme la plupart des Arabes par cette catastrophe, ne manque pas de rappeler Ă son entourage que si les dirigeants arabes avaient suivi sa mĂ©thode, ils lâauraient Ă coup sĂ»r Ă©vitĂ©e. Cela ne lâempĂȘche pas dâaccueillir en Tunisie, au mois de septembre 1982, les Palestiniens chassĂ©s du Liban par lâarmĂ©e israĂ©lienne.
Tunis devient mĂȘme, durant prĂšs de douze ans, la capitale de lâOrganisation de libĂ©ration de la Palestine (OLP). Et les dirigeants palestiniens se voient, pour la premiĂšre fois, reconnaĂźtre la libertĂ© de prendre les dĂ©cisions quâils jugent nĂ©cessaires pour la cause palestinienne. Ă Tunis, ils sâimprĂšgnent, probablement Ă lâoccasion de discussions avec Habib Bourguiba lui-mĂȘme ou avec ses proches collaborateurs, de lâapproche bourguibienne de la lutte de libĂ©ration nationale fondĂ©e sur le rĂ©alisme, le pragmatisme et la raison. Il est probable que cette libertĂ© de manĆuvre en Tunisie, ajoutĂ©e Ă lâadhĂ©sion au rĂ©alisme bourguibien, aient conduit le chef de lâOLP, Yasser Arafat, Ă Ă©tablir des contacts avec des IsraĂ©liens libĂ©raux, pour aboutir Ă la conclusion Ă Oslo en 1993, câest-Ă -dire plus de vingt-huit ans aprĂšs le discours de JĂ©richo, dâun compromis avec les dirigeants israĂ©liens, premiĂšre Ă©tape vers la restauration de lâentitĂ© palestinienne.
A cette Ă©poque, Habib Bourguiba semble ĂȘtre rĂ©habilitĂ© aux yeux de lâopinion publique arabe, qui commence Ă saisir que sa position sur la Palestine ne relĂšve pas dâune quelconque infĂ©odation Ă lâOccident ou connivence avec lâennemi sioniste, mais dĂ©coule plutĂŽt dâune approche rationnelle et scientifique des rapports de force au Moyen-Orient et dans le monde, qui aboutit Ă la nĂ©cessitĂ© de compromis et des Ă©tapes dans la lutte de libĂ©ration du peuple palestinien.
Plus de dix mille Palestiniens vivaient dans le camp de rĂ©fugiĂ©s de Deheishe, en Cisjordanie. Les anciens nâont pas oubliĂ© lâĂ©poque oĂč ils furent chassĂ©s de leurs villages. CâĂ©tait en 1948, au lendemain de la fondation dâIsraĂ«l. Depuis, le camp a reçu la visite de nombreuses personnalitĂ©s Ă©trangĂšres, mais ils se souviennent surtout de celle que leur rendit, il y aura bientĂŽt soixante ans, lâancien prĂ©sident tunisien Habib Bourguiba, du discours quâil prononça Ă cette occasion dans la ville voisine de JĂ©richo et de la colĂšre quâil suscita dans le monde arabe. « Son approche du conflit au Proche-Orient Ă©tait rĂ©volutionnaire, eu Ă©gard Ă la situation qui prĂ©vaut aujourdâhui dans les territoires palestiniens », confie IsmaĂŻl Awda, un ancien habitant du camp, Ă un journal Ă©lectronique arabe (16 septembre 2004).
Bourguiba dĂ©barqua le 27 fĂ©vrier 1965 Ă Amman, en Jordanie, aprĂšs des sĂ©jours au Caire (du 17 au 22 fĂ©vrier), oĂč il fut reçu en grande pompe par Gamal Abdel Nasser, et Ă Riyad (du 22 au 27 fĂ©vrier), oĂč le roi Fayçal dâArabie, pourtant rĂ©putĂ© pour sa rĂ©serve et sa froideur, lui rĂ©serva un accueil chaleureux. Le 3 mars, les responsables jordaniens, qui, Ă lâĂ©poque, administraient la Cisjordanie, organisĂšrent Ă son intention une visite de lâenclave palestinienne de Deheishe, qui, deux ans plus tard, allait ĂȘtre occupĂ©e par lâarmĂ©e israĂ©lienne. Abou Hilmi Faraj, 70 ans, qui eut lâhonneur de lâaccueillir chez lui, se souvient. « Le directeur du bureau de lâUnrwa [lâorganisme onusien chargĂ© de venir en aide aux rĂ©fugiĂ©s palestiniens] voulait lui faire visiter lâune des maisons du camp. Il choisit la mienne parce que le confort y Ă©tait moins rudimentaire quâailleurs. Elle ne comptait quâune seule chambre, mais disposait dâune courette. Les habitants rĂ©servĂšrent Ă Bourguiba un accueil triomphal. Ils le considĂ©raient comme un hĂ©ros parce quâil avait conduit son peuple Ă lâindĂ©pendance.
«Que faites-vous dans la vie?» Me demanda le prĂ©sident Bourguiba ? Je travaille un jour par semaine et chĂŽme le reste du temps, rĂ©pondis-je. Pourquoi ne construisez-vous pas une seconde chambre ? JâespĂšre rentrer un jour dans mon village. En attendant, je vivrais mĂȘme dans la rue, sâil le fallait. Accepteriez-vous dâavoir des IsraĂ©liens comme voisins ? TroublĂ© par cette question inattendue, je restai sans voix ».
DĂšs quâils apprirent que Bourguiba allait visiter le camp, les gens rĂ©unirent spontanĂ©ment leurs plus beaux meubles et les disposĂšrent dans la maison oĂč il devait se rendre, raconte de son cĂŽtĂ© IsmaĂŻl Awda. Du coup, Bourguiba a cru, Ă tort, que tous les rĂ©fugiĂ©s vivaient dans des conditions plus ou moins acceptables. Cela lâa incitĂ© Ă plaider en faveur dâune politique plus rĂ©aliste.
Ă JĂ©richo, Bourguiba, qui Ă©tait accompagnĂ© du roi Hussein de Jordanie, commença son discours sur le ton de la compassion: « Je ressens une immense douleur face aux conditions de vie difficiles des rĂ©fugiĂ©s, qui traduisent lâampleur de la nakba [catastrophe] que nous avons subie il y a dix-sept ans. Mais votre enthousiasme et votre volontĂ© de recouvrer vos droits mâinspirent un certain optimisme. » AprĂšs ce prĂ©ambule, il entra dans le vif du sujet: « Aussi forts soient-ils, les sentiments ne suffisent pas Ă vaincre la colonisation. Lâenthousiasme est nĂ©cessaire, mais seuls le sacrifice et le martyre pourraient garantir la victoire. » Lançant une pierre dans le jardin du raĂŻs Ă©gyptien, qui se voulait le champion de la cause palestinienne, Bourguiba expliqua Ă ses auditeurs quâils Ă©taient les premiers concernĂ©s par leur cause, quâils devaient ĂȘtre Ă lâavant-garde du combat. Pour espĂ©rer atteindre leur but, la libĂ©ration de leurs territoires, ils devraient Ă©galement « se doter dâune direction douĂ©e dâune capacitĂ© de rĂ©flexion, de planification Ă long terme, dâanticipation des Ă©vĂ©nements, de comprĂ©hension de la psychologie de lâadversaire et dâĂ©valuation des forces en prĂ©sence, afin de sâĂ©pargner une nouvelle dĂ©faite. »
Ce langage de vĂ©ritĂ© fit grincer des dents. Le temps Ă©tait Ă la mobilisation gĂ©nĂ©rale, non aux mises en garde qui sĂšment le doute et divisent les rangs des combattants. Bourguiba nâhĂ©sita pourtant pas Ă enfoncer le clou : « Il est trĂšs facile de se livrer Ă des proclamations enflammĂ©es et grandiloquentes, mais beaucoup plus difficile dâagir avec mĂ©thode et sĂ©rieux, expliqua-t-il. Sâil apparaĂźt que nos forces ne sont pas suffisantes pour anĂ©antir lâennemi ou le jeter Ă la mer » [expression utilisĂ©e par Ahmed Choukeiri, le leader palestinien de lâĂ©poque], nous nâavons aucun intĂ©rĂȘt Ă ignorer ce fait ou Ă le cacher. Il ne faut pas accuser tel ou tel leader arabe de dĂ©faitisme ou de compromission parce quâil propose des solutions partielles ou provisoires. En Palestine, la politique du tout ou rien nous a conduits Ă la dĂ©faite ».
Ă lâappui de son analyse, Bourguiba Ă©voqua longuement lâexpĂ©rience tunisienne. « Nous avons menĂ© notre combat en plusieurs Ă©tapes. Cela a facilitĂ© notre tĂąche, mais aussi celle des Français, qui ont ainsi pu graduer leurs concessions, les Ă©chelonner dans le temps. Ils Ă©taient contents de pouvoir cĂ©der sur une question donnĂ©e, considĂ©rant quâil sâagissait dâun moindre mal et que lâessentiel, le maintien de leur domination coloniale se trouvait sauvegardĂ©. Mais Ă chaque pas franchi, nous nous rapprochions du but. Au fur et Ă mesure que la position de la France sâaffaiblissait et que la nĂŽtre se renforçait, notre marge de manoeuvre et nos capacitĂ©s dâaction devenaient plus grandes. Nous avons pu ainsi alterner les mouvements de protestation et les actions de rĂ©sistance, jusquâĂ la confrontation finale, qui eut lieu Ă Bizerte et fut le prĂ©lude Ă lâĂ©vacuation totale du pays. » Conclusion : « Si nous avions rejetĂ© les solutions incomplĂštes comme les Arabes ont rejetĂ© le projet de la partition de la Palestine, dĂ©cision quâils ont dâailleurs regrettĂ©e par la suite, la Tunisie serait encore aujourdâhui sous occupation Ă©trangĂšre. » .
PrononcĂ©e sur un ton dĂ©libĂ©rĂ©ment moqueur, cette derniĂšre phrase dĂ©clencha la colĂšre de lâassistance. Ă lâissue du discours, les habitants de JĂ©richo comme ceux de Deheishe et des autres camps de Cisjordanie organisĂšrent des marches de protestation oĂč furent scandĂ©s des slogans hostiles au prĂ©sident tunisien. IndiffĂ©rent Ă la tempĂȘte quâil avait dĂ©clenchĂ©e, celui-ci crut devoir dĂ©velopper le fond de sa pensĂ©e lors dâune rencontre avec des journalistes, trois jours plus tard Ă JĂ©rusalem. Oui, IsraĂ«l est un fait colonial, il lâavait toujours dit et nâavait pas changĂ© dâavis, mais « les droits dont les palestiniens ont Ă©tĂ© privĂ©s peuvent ĂȘtre rĂ©tablis progressivement, par paliers », lança-t-il Ă un auditoire scandalisĂ©. Nasser, Choukeiri et les autres dirigeants de la rĂ©gion avaient Ă peine encaissĂ© ces premiĂšres flĂšches que Bourguiba leur en assĂ©na dâautres : « Il est impossible de parvenir Ă quoi que ce soit si les Arabes ne mettent pas sur pied une direction nouvelle et plus qualifiĂ©e, dotĂ©e du sens des rĂ©alitĂ©s ». Puis, encore plus prophĂ©tique : « La meilleure des paix est celle qui ne fait ni vainqueur ni vaincu. Il me semble que lâon peut peut-ĂȘtre parvenir Ă une coexistence avec les juifs. Un jour viendra oĂč il apparaĂźtra clairement que ces tragĂ©dies nâont aucun sens » Paix, coexistence et sens des rĂ©alitĂ©s. Rivalisant dâintransigeance suicidaire, les dirigeants arabes de lâĂ©poque nâĂ©taient pas disposĂ©s Ă entendre de tels propos. Encore moins Ă en comprendre le sens.
« Bourguiba avait raison. Nous aurions dĂ» suivre sa politique qui consiste Ă engranger tout ce qui peut lâĂȘtre Ă un moment donnĂ© et Ă remettre continuellement ses revendications sur le tapis », dit aujourdâhui Abou Hilmi, non sans amertume. « Faudrait-il prĂ©senter des excuses posthumes Ă cet homme injustement vouĂ© aux gĂ©monies ? » sâinterroge le correspondant dâElaph.com. RĂ©ponse dâun jeune homme de Deheishe, qui nâa pas connu le leader tunisien : « Pourquoi devrions-nous nous excuser ? Parce que nos parents ont revendiquĂ© Jaffa et HaĂŻfa ? Mais nous continuons de le faire, nâen dĂ©plaise Ă tous les dirigeants arabes rĂ©unis ! » MĂȘme son de cloche chez Hussein Rahhal, leader du Front de libĂ©ration arabe, lâaile palestinienne du Baas irakien. En 1965, il vivait Ă Deheishe et prit part aux manifestations contre le leader tunisien : « Les masses populaires eurent raison de refuser le dĂ©faitisme de Bourguiba et de poursuivre la lutte. » Conclusion du correspondant dâElaph.com : « Nous ne reconnaissons jamais nos erreurs et ne demandons jamais pardon. Cela ne fait pas partie de notre culture. En fait, nous nâavons pas beaucoup changĂ© depuis le discours de Bourguiba. Les masses populaires sont Ă lâimage de leurs dirigeants, elles sont incapables de tirer le moindre bĂ©nĂ©fice de leurs sacrifices. .
Bourguiba, qui a consacré la majeure partie de son discours à critiquer les dirigeants arabes de son époque, avait donc une bonne évaluation de la situation. »
Discours de Jéricho du président Bourguiba en date du 3 mars 1965 :
Le prĂ©sident Habib Bourguiba se distingue des autres chefs dâĂtat arabes du Moyen-Orient en recommandant lâacceptation de la dĂ©cision de lâONU relative Ă lâexistence dâIsraĂ«l. Il justifie cette position en Ă©voquant son approche des petits pas, prĂ©conisant une marche progressive, par Ă©tapes, vers lâindĂ©pendance des Palestiniens. Ce discours prononcĂ© Ă JĂ©richo, en Cisjordanie, reçoit un accueil froid dans le monde arabe et pourtant⊠soixante ans plus tard, les droits des Palestiniens ont-ils avancĂ© dâun pas ?
Chers frĂšres, Je ressens en ce moment un double sentiment dâĂ©motion et de fiertĂ©. Ămu, je le suis lorsque je pense Ă lâampleur du dĂ©sastre que nous avons subi en Palestine il y a dix-sept ans. Mais en mĂȘme temps, lâenthousiasme qui vous anime, la volontĂ© farouche que je lis sur vos visages, la dĂ©termination Ă reconquĂ©rir vos droits, tout cela me rĂ©conforte et consolide mon optimisme.
Vous savez sans doute que le peuple tunisien, alors quâil menait encore une lutte Ăąpre contre la forme la plus abjecte du colonialisme, a tenu Ă apporter sa contribution dans la guerre de Palestine. De tous les coins de Tunisie, jeunes et vieux sont accourus ici pour prendre effectivement part Ă la lutte dont lâenjeu Ă©tait dâassurer lâintĂ©gritĂ© dâune terre arabe et musulmane quâils considĂ©raient comme leur seconde patrie. Le peuple tunisien a pu, au bout de vingt-cinq ans de lutte, fonder un Ătat solide et moderne sur une terre dâIslam dĂ©barrassĂ©e de toute co-souverainetĂ© et de toute forme de domination politique ou militaire. Mais nous pensons en Tunisie que notre action ne se circonscrit pas Ă lâintĂ©rieur de nos frontiĂšres, la Tunisie, qui a combattu le colonialisme, est consciente du rĂŽle quâelle doit assumer dans la libĂ©ration de chaque pouce de la nation arabe demeurĂ© encore sous lâemprise de lâĂ©tranger. Jâavais dĂ©jĂ proclamĂ© Ă la premiĂšre ConfĂ©rence au sommet arabe que la Tunisie Ă©tait dĂ©cidĂ©e Ă mettre Ă la disposition de la cause palestinienne toutes ses potentialitĂ©s. Je le proclame de nouveau aujourdâhui. Il est toutefois un point sur lequel je voudrais attirer votre attention: vous ĂȘtes les titulaires dâun droit violĂ©; Ă ce titre vous vous devez dâĂȘtre Ă la premiĂšre ligne du front ouvert pour la reconquĂȘte de la Palestine. Il est de mon devoir de vous entretenir en toute franchise dâun certain nombre de vĂ©ritĂ©s que vous devez avoir prĂ©sentes Ă lâesprit dâabord votre rĂŽle dans la lutte est primordial. Câest ce que vous ne devez jamais perdre de vue. Dâautre part, je voudrais dire, en ce moment oĂč je mâadresse Ă tous les Arabes partout oĂč ils se trouvent, que mon expĂ©rience personnelle, issue dâune dure et longue lutte, mâa appris que lâenthousiasme et les manifestations de patriotisme ne suffisent point pour remporter la victoire. Câest une condition nĂ©cessaire. Mais elle nâest pas suffisante. En mĂȘme temps que lâesprit de sacrifice et de mĂ©pris de la mort, il faut un commandement lucide, une tĂȘte pensante qui sache organiser la lutte, voir loin, et prĂ©voir lâavenir. Or, la lutte rationnellement conçue implique une connaissance prĂ©cise de la mentalitĂ© de lâadversaire, une apprĂ©ciation objective du rapport des forces afin dâĂ©viter lâaventure et les risques inutiles qui aggraveraient notre situation.
Il nous faut donc nous armer de luciditĂ©, Ă©laborer soigneusement nos plans et crĂ©er toutes les conditions de succĂšs. Il faut prĂ©parer les hommes et les doter de moyens. Il faut aussi renforcer notre potentiel de lutte par lâappui de lâopinion internationale. Ăviter toute prĂ©cipitation dictĂ©e par la passion, agir avec discernement, en vue dâarriver au but, voilĂ lâessentiel. .
Si toutes ces conditions sont rĂ©unies, alors notre cause triomphera, dâautant plus sĂ»rement que le droit est de notre cĂŽtĂ©. Câest aux responsables quâil revient de rĂ©unir les atouts du succĂšs. Ces atouts nous manquaient lorsque nous avions, il y a quelques annĂ©es, engagĂ© la bataille, cette fois-ci, câest sans rĂ©pit quâil faut travailler pour les rĂ©unir. Nous devons profiter des expĂ©riences passĂ©es et nous imposer un grand effort de rĂ©flexion. DĂ©jĂ nous sommes sur la bonne voie ; mais la voie est longue. Pour aboutir au but, notre action exige loyautĂ©, sĂ©rieux et encouragement moral. (A SUIVRE)
B.B.
(*) Ancien sous chef dâĂ©tat-major de lâArmĂ©e de terre, ancien gouverneur
N.B. : Lâopinion Ă©mise dans cette tribune nâengage que son auteur. Elle est lâexpression dâun point de vue personnel.