Gaza : À Jabalia, il ne reste plus rien!
Fief de la résistance palestinienne devenu le cauchemar de l’armée israélienne où elle a essuyé de grandes pertes et où la brigade Golani a subi un guet-apens qu’elle ne risque pas d’oublier de sitôt, le camp de Jabalia, dans le nord de la bande de Gaza, est le théâtre des pires crimes de la soldatesque israélienne qui l’a réduit à néant. Les images qui en proviennent rappellent les dévastations de Hiroshima et Nagazaki au Japon pendant la seconde guerre mondiale ou bien celles causées par les plus violents tremblements de terre et les tsunamis les plus emblématiques. Il ne reste plus rien.
Imed Bahri
Haaretz a publié une longue enquête sur ce camp de réfugiés, confirmant qu’il est devenu une ville fantôme après avoir été l’un des endroits les plus densément peuplés au monde avant la guerre.
L’analyste des affaires militaires du journal israélien Amos Harel a indiqué que l’armée avait complètement détruit environ 70% de ses bâtiments lors de ses opérations militaires qui y ont débuté le 5 octobre 2024. Haaretz précise que c’est la troisième fois que l’armée israélienne envahit ce camp, la première fois en décembre 2023 et la deuxième en mai dernier.
Au cours d’une courte visite au camp, Harel a écrit: «Il était possible de constater que même les quelques bâtiments restants avaient subi des dommages collatéraux».
Il est difficile de comparer les sites géants du Hezbollah détruits par l’armée israélienne dans les villages du sud du Liban et l’axe de Philadelphie élargi à Rafah (sud de Gaza) avec ce qui s’est passé au cours des deux derniers mois et demi dans le camp de Jabalia en termes de gravité et d’ampleur des destructions, estime le journaliste, qui compare ce camp de réfugiés à une ville fantôme. «Dehors, vous pouvez voir des groupes de chiens errant à la recherche de restes de nourriture», écrit-il. Des vidéos diffusées par la chaîne Al-Jazira ont montré des chiens errants manger des cadavres, l’armée israélienne empêchant que les corps de Palestiniens tués soient récupérés.
La 162e division blindée israélienne opère avec quatre brigades de combat à Jabalia et dans les villes voisines de Beit Hanoun et Beit Lahia.
Selon Harel, Izz Al-Din Haddad, le commandant de la branche militaire du Hamas dans le nord de la bande de Gaza, coordonne les efforts pour affronter les forces israéliennes dans le camp. Il écrit que le Hamas y mène ses combats par le biais de petits groupes de 4 ou 5 individus armés d’armes légères, de missiles RBG et d’engins explosifs.
Depuis le début de la dernière invasion en octobre dernier, 35 soldats de l’armée israélienne ont été tués dans des combats dans et autour du camp et des centaines d’entre eux ont été blessés, rapporte le journaliste.
Après que les forces israéliennes ont enregistré un nombre relativement important de morts et de blessés notamment en pénétrant dans les maisons bombardées, une méthode d’opération différente a été adoptée, indique l’analyste de Haaretz, en expliquant que l’armée israélienne a commencé à adopter un mouvement plus lent et plus prudent qui laisse derrière elle des destructions massives mais réduit le nombre de morts dans ses rangs.
Au cours des deux premières semaines de l’opération, les habitants ont hésité à quitter le camp mais l’armée israélienne a accru la pression notamment en tirant à proximité des civils pour les forcer à partir rapidement, rapporte encore Harel. Il souligne que ce qui se passe dans le camp de Jabalia s’inscrit dans le contexte du plan des généraux qui vise à expulser l’ensemble de la population civile palestinienne du nord et du sud de la bande jusqu’au couloir Netzarim qui coupe en deux la bande de Gaza.
Le plan des généraux été proposé début septembre dernier par l’ancien chef du Conseil national de sécurité israélien, le général de division Giora Eiland et soutenu par des dizaines d’officiers supérieurs actuels et anciens de l’armée israélienne. Selon le journal Yedioth Ahronoth, ce plan vise à permettre le contrôle d’Israël sur la distribution de l’aide humanitaire en imposant un siège au nord de la bande de Gaza et en déplaçant ses habitants. Selon ce plan, toute la zone au nord du corridor de Netzarim c’est-à-dire la ville de Gaza et tous ses quartiers deviendront une zone militaire fermée.
En d’autres termes, l’ensemble de la population de la région que l’armée estime à environ 300 000 personnes sera contrainte de quitter immédiatement par des couloirs que l’armée prétend sûrs.
Les Palestiniens ne font pas confiance à ce qu’Israël considère comme des passages ou des zones sûrs car ils ont été auparavant déplacés de force vers des zones jugées sûres puis ont été exposés à plusieurs reprises aux bombardements israéliens qui ont causé des morts, des blessés et engendré des destructions massives.
Le 5 octobre, l’armée israélienne a de nouveau envahi le nord de la bande de Gaza sous prétexte d’empêcher le Hamas de reprendre son pouvoir dans la région alors que les Palestiniens affirment que Tel-Aviv veut occuper la région et en faire une zone tampon après les avoir chassés.
Il est à rappeler qu’avec le soutien indéfectible américain, Israël commet un interminable génocide à Gaza depuis le 7 octobre 2023 ayant causé un très lourd bilan humain, 153 000 Palestiniens martyrs et blessés pour la plupart des enfants et des femmes et plus de 11 000 disparus dans un contexte de destruction massive et de famine qui a tué beaucoup d’enfants et de personnes âgées. Israël poursuit ses massacres ignorant deux mandats d’arrêt émis par la Cour pénale internationale le 21 novembre contre le Premier ministre Benjamin Netanyahu et l’ancien ministre de la Défense Yoav Galant pour avoir commis des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité contre les Palestiniens à Gaza.
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