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DOSSIER SPECIAL (IV) – Trump et le Maghreb : Entre défis et opportunités dans un monde reconfiguré

14. November 2024 um 06:29

La présidence de Donald Trump, marquée par son style de gouvernance non conventionnel et son approche centrée sur les intérêts américains, aurait des répercussions significatives sur les relations internationales et sur les pays du Maghreb, dont la Tunisie.

Dans un contexte global marqué par les rivalités géopolitiques, les tensions commerciales et une polarisation accrue, les choix de politique étrangère de Trump pourraient introduire des incertitudes. Tout en offrant des opportunités de repositionnement stratégique pour les pays maghrébins.

 

ZOOM  4 – Quatrième incertitude : positionnement face à la Chine et à la Russie… dilemmes pour les pays du Maghreb

Les tensions croissantes entre les États-Unis et des puissances comme la Chine et la Russie ont un impact non négligeable sur les pays du Maghreb, qui se retrouvent à jongler entre leurs liens traditionnels avec l’Occident et leur intérêt grandissant pour les partenariats avec ces nouveaux acteurs. Cette situation expose les pays maghrébins à des choix stratégiques complexes, les amenant à réfléchir à leur positionnement et aux compromis qu’ils devront faire pour préserver leur souveraineté et sécuriser leurs intérêts économiques et politiques.

Les pays du Maghreb, notamment le Maroc, l’Algérie et la Tunisie, ont des relations de longue date avec l’Europe et les États-Unis.

Ces liens incluent des accords commerciaux privilégiés, des investissements directs, et des programmes d’aide au développement. La coopération avec les États-Unis se manifeste également sur le plan sécuritaire, dans le cadre de la lutte contre le terrorisme et du contrôle des flux migratoires.

Ces relations traditionnelles apportent une stabilité économique et politique aux pays maghrébins, mais créent aussi une dépendance vis-à-vis des partenaires occidentaux, qui influencent souvent leurs politiques nationales et régionales.

 

  • Effets de l’intérêt croissant pour la Chine et la Russie : opportunités et contraintes

Ces dernières années, les pays du Maghreb ont élargi leurs partenariats économiques et politiques avec la Chine et la Russie, attirés par des alternatives aux conditions strictes souvent imposées par les partenaires occidentaux.

La Chine, par exemple, propose des investissements massifs dans les infrastructures, notamment dans le cadre de l’initiative des Nouvelles Routes de la Soie. Plusieurs projets chinois, tels que la construction de ports, d’autoroutes et de centrales énergétiques, répondent aux besoins criants en infrastructures dans la région, particulièrement en Algérie et au Maroc.

La Russie, de son côté, a renforcé sa présence en Afrique du Nord dans des domaines comme la sécurité et l’énergie. Son partenariat avec l’Algérie dans le domaine des hydrocarbures et ses accords militaires témoignent d’une volonté d’influence accrue dans la région.

Pour les pays du Maghreb, ces partenariats représentent des opportunités d’accéder à de nouvelles ressources, de diversifier leurs exportations et de bénéficier de nouvelles technologies, sans les conditions politiques souvent associées aux investissements occidentaux.

 

  • Effets des pressions américaines et des équilibres délicats

Sous la présidence de Trump, les États-Unis ont adopté une position plus ferme face à la Chine et la Russie, exhortant leurs partenaires internationaux à limiter leurs interactions avec ces puissances. Ce climat de confrontation pourrait avoir des conséquences pour les pays maghrébins, qui pourraient se retrouver sous pression pour limiter leurs partenariats avec la Chine et la Russie afin de ne pas compromettre leurs relations avec l’Occident.

Par exemple, une coopération trop visible avec la Chine dans des secteurs stratégiques comme les télécommunications pourrait être perçue comme une menace pour la sécurité par les États-Unis et leurs alliés. Ce qui risquerait de compliquer les relations diplomatiques.

Toutefois, céder à ces pressions pourrait être perçu comme une atteinte à leur souveraineté nationale par les gouvernements du Maghreb, qui souhaitent avant tout préserver leur indépendance dans leurs choix de partenariats.

Par ailleurs, limiter les interactions avec la Chine et la Russie pourrait priver les pays du Maghreb d’opportunités de financement et d’infrastructures cruciales pour leur développement économique.

 

  • Effets entre la neutralité et la diversification des partenariats

Dans ce contexte complexe, une option pour les pays du Maghreb pourrait consister à adopter une posture de neutralité vis-à-vis des rivalités entre les grandes puissances, afin de bénéficier à la fois des relations avec l’Occident et des partenariats avec la Chine et la Russie.

Cette position pourrait cependant être difficile à maintenir si les pressions américaines s’intensifient. Une neutralité trop marquée pourrait même être perçue comme un manque de loyauté par leurs partenaires traditionnels.

Une alternative pourrait être de renforcer leurs relations avec des puissances régionales émergentes comme la Turquie et le Qatar, qui, tout en étant moins hégémoniques, ont montré une volonté de soutenir des projets économiques et sécuritaires au Maghreb.

La Turquie, par exemple, s’implique de plus en plus dans le secteur de la construction et de la défense. Tandis que le Qatar investit dans les infrastructures et le tourisme.

Cette diversification permettrait aux pays du Maghreb d’éviter une trop grande dépendance envers une seule puissance et de maintenir une certaine flexibilité dans leurs alliances internationales.

 

  • Effets des risques de dépendance stratégique et de l’instabilité géopolitique

S’engager plus étroitement avec des puissances comme la Chine ou la Russie pourrait cependant engendrer de nouveaux risques de dépendance stratégique pour les pays du Maghreb.

En effet, ces partenaires alternatifs pourraient demander, en échange de leur soutien, des concessions économiques ou politiques qui limiteront la marge de manœuvre des États maghrébins.

Par ailleurs, un rapprochement excessif avec la Chine ou la Russie pourrait isoler le Maghreb de ses alliés traditionnels occidentaux. Ce qui pourrait nuire à ses intérêts dans des domaines comme l’aide au développement et les accords commerciaux privilégiés.

Enfin, la région maghrébine elle-même pourrait devenir un terrain de compétition géopolitique entre les grandes puissances, comme en témoignent les tensions autour de la Libye, où plusieurs acteurs externes cherchent à influencer l’avenir politique du pays.

Un contexte d’intérêts divergents pourrait alors compliquer la coopération régionale, fragiliser la stabilité politique et potentiellement polariser les pays du Maghreb en fonction de leurs alliances.

 

En définitive, les pays du Maghreb se trouvent dans une situation stratégique délicate, tiraillés entre la préservation de leurs liens avec l’Occident et les opportunités offertes par la Chine et la Russie.

Dans ce contexte de tensions internationales croissantes, ils devront faire preuve de diplomatie et de pragmatisme pour adopter un positionnement qui préserve leurs intérêts nationaux, tout en évitant des dépendances excessives.

La diversification de leurs alliances, notamment en renforçant les relations avec des partenaires régionaux comme la Turquie et le Qatar, pourrait être une solution pour maintenir un équilibre. Mais cette stratégie demande une grande habileté diplomatique et une vigilance constante face aux évolutions géopolitiques.

 

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* Dr. Tahar EL ALMI,

Economiste-Economètre.

Ancien Enseignant-Chercheur à l’ISG-TUNIS,

Psd-Fondateur de l’Institut Africain

D’Economie Financière (IAEF-ONG)

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Gestern — 13. November 2024Haupt-Feeds

DOSSIER SPECIAL (III) – Trump et le Maghreb : entre défis et opportunités dans un monde reconfiguré

13. November 2024 um 07:10

La présidence de Donald Trump, marquée par son style de gouvernance non conventionnel et son approche centrée sur les intérêts américains, aurait des répercussions significatives sur les relations internationales et sur les pays du Maghreb, dont la Tunisie.

Dans un contexte global marqué par les rivalités géopolitiques, les tensions commerciales et une polarisation accrue, les choix de politique étrangère de Trump pourraient introduire des incertitudes. Tout en offrant des opportunités de repositionnement stratégique pour les pays maghrébins.

 

ZOOM 3 – Troisième incertitude : immigration et sécurité… des politiques plus restrictives

Les politiques migratoires et sécuritaires adoptées sous la présidence de Donald Trump ont marqué une volonté claire de restriction, avec un renforcement de la surveillance des frontières et un resserrement des conditions d’accès aux États-Unis pour certaines catégories de migrants.

Dans ce contexte, les pays du Maghreb se trouvent à la croisée des enjeux migratoires et sécuritaires. Avec des impacts potentiels tant pour leurs diasporas aux États-Unis que pour leur coopération en matière de sécurité.

 

  • Effets des restrictions sur l’immigration et l’impact sur les diasporas maghrébines

La présidence de Trump a introduit une série de mesures visant à limiter l’immigration aux États-Unis, avec une forte attention portée aux migrations en provenance de pays considérés comme des sources de risques potentiels pour la sécurité nationale.

Les diasporas maghrébines, constituées en majorité de communautés marocaines, algériennes et tunisiennes, pourraient faire face à des restrictions accrues pour les demandes de visas de travail, de regroupement familial ou même de visas étudiants. Ces restrictions risquent de réduire les opportunités de mobilité pour les Maghrébins. Ce qui pourrait affaiblir les liens économiques et culturels entre les diasporas et leurs pays d’origine.

Pour de nombreux Maghrébins, les États-Unis représentent une destination pour des opportunités académiques et professionnelles. Et ce, notamment dans des secteurs comme la technologie, l’ingénierie et les sciences. Cependant, des mesures restrictives pourraient freiner la participation des étudiants et des jeunes professionnels aux programmes d’échanges académiques ou de stages, réduisant ainsi le transfert de connaissances et d’expertise vers les pays du Maghreb.

La fermeture de certaines portes pourrait également limiter l’apport de fonds par les diasporas maghrébines vers leurs familles restées au pays. Ce qui aurait un effet indirect sur l’économie locale.

 

  • Effets de la priorité accordée à la sécurité et à la lutte contre le terrorisme

La politique de sécurité de l’administration Trump a fait de la lutte contre le terrorisme une priorité stratégique, renforçant les pressions sur les pays partenaires, y compris ceux d’Afrique du Nord, pour intensifier leur coopération sécuritaire. Cette priorité pourrait se traduire par des demandes accrues de la part des États-Unis pour que les pays du Maghreb renforcent leurs dispositifs de sécurité intérieure. Et ce, notamment en matière de contrôle aux frontières, de partage de renseignements et de surveillance des flux migratoires.

Toutefois, malgré l’intensification de la coopération en matière de sécurité, les pays du Maghreb pourraient ne pas recevoir en retour un soutien financier ou technologique significatif. En d’autres termes, ils seraient encouragés à augmenter leurs efforts dans la lutte contre le terrorisme, sans pour autant obtenir les moyens nécessaires pour renforcer leur infrastructure sécuritaire. Ce manque de soutien pourrait aggraver la pression économique et logistique sur les gouvernements du Maghreb. Surtout si ces mesures de sécurité exigent des investissements considérables.

 

  • Effets des conséquences pour les relations bilatérales et la stabilité régionale**

L’absence de soutien financier ou technologique substantiel dans le cadre de la coopération sécuritaire pourrait mettre à mal les relations bilatérales entre les États-Unis et les pays du Maghreb. Ces derniers pourraient percevoir la coopération sécuritaire comme un engagement unilatéral, dans lequel ils assument les coûts opérationnels sans bénéficier des avantages de ressources ou de formation.

À long terme, ce déséquilibre pourrait affaiblir la stabilité régionale. Car les États du Maghreb seraient contraints de détourner des ressources de projets de développement vers des programmes sécuritaires. Et ce, au détriment des investissements dans les infrastructures, la santé ou l’éducation.

Par ailleurs, une pression sécuritaire accrue pourrait exacerber la surveillance des populations locales et engendrer des tensions internes, en particulier si des politiques de contrôle et de répression sont mal perçues par les citoyens.

Dans un contexte social souvent fragile, ces mesures pourraient générer des sentiments de frustration et d’injustice, affectant la confiance envers les gouvernements locaux.

 

  • Effets des répercussions sociales et perte de capital humain

Les politiques restrictives de Trump en matière d’immigration affectent également le capital humain du Maghreb.

De nombreux talents maghrébins, qui pourraient contribuer à des secteurs clés aux États-Unis ou y acquérir des compétences avancées avant de retourner dans leurs pays d’origine, pourraient voir leurs parcours compromis.

La limitation des échanges académiques et professionnels réduit les perspectives pour les jeunes générations et affaiblit la compétitivité des pays maghrébins, en freinant l’accès aux connaissances technologiques de pointe et aux réseaux internationaux.

Dans un monde globalisé, ces restrictions se traduisent par une forme d’isolement intellectuel, qui pourrait compromettre la capacité des pays maghrébins à rester compétitifs sur le marché international.

En privant les jeunes talents d’opportunités de développement à l’étranger, les États-Unis risquent de couper un lien essentiel entre les diasporas et leurs pays d’origine. Avec des conséquences de long terme pour le développement humain de la région.

 

En définitive, les politiques migratoires et sécuritaires restrictives de l’administration Trump posent des défis majeurs pour le Maghreb.

En limitant les opportunités de mobilité pour les diasporas et en exigeant une coopération sécuritaire sans soutien financier accru, ces mesures risquent d’affaiblir les relations bilatérales, de réduire le capital humain et d’accroître les pressions internes dans les pays du Maghreb.

Dans ce contexte, les gouvernements maghrébins devront naviguer avec prudence pour équilibrer leur engagement sécuritaire avec la protection de leurs intérêts économiques et sociaux. Tout en cherchant des partenariats alternatifs pour pallier les restrictions imposées.

 

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* Dr. Tahar EL ALMI,

Economiste-Economètre.

Ancien Enseignant-Chercheur à l’ISG-TUNIS,

Psd-Fondateur de l’Institut Africain

D’Economie Financière (IAEF-ONG)

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DOSSIER SPECIAL (II) – Trump et le Maghreb : entre défis et opportunités dans un monde reconfiguré

12. November 2024 um 06:35

La présidence de Donald Trump, sera marquée par son style de gouvernance non conventionnel et son approche centrée sur les intérêts américains, aurait des répercussions significatives sur les relations internationales et sur les pays du Maghreb, dont la Tunisie.

Dans un contexte global marqué par les rivalités géopolitiques, les tensions commerciales et une polarisation accrue, les choix de politique étrangère de Trump pourraient introduire des incertitudes, tout en offrant des opportunités de repositionnement stratégique pour les pays maghrébins.

 

ZOOM 2 – Deuxième incertitude : un rapprochement avec les régimes stricts et la stabilisation des alliances en Afrique du Nord

Sous l’administration Trump, l’approche pragmatique et souvent transactionnelle envers les régimes stricts a mis en avant la stabilité et les intérêts économiques comme priorités stratégiques, souvent au détriment des droits de l’Homme.

Cette vision pourrait renforcer les alliances des États-Unis avec certains gouvernements d’Afrique du Nord, assurant une stabilité politique immédiate, mais suscitant des préoccupations quant à l’avenir des réformes démocratiques dans la région.

 

  • Effets de l’approche pragmatique et du soutien aux régimes stricts en Afrique du Nord

Trump a adopté une approche plus tolérante vis-à-vis des régimes stricts, considérant la stabilité politique comme un levier pour sécuriser les intérêts économiques et stratégiques américains dans des zones géopolitiquement sensibles.

En Afrique du Nord, où plusieurs pays connaissent des tensions sociales et politiques, cette politique pourrait se traduire par un soutien accru à des gouvernements qui maintiennent un pouvoir strict pour éviter l’instabilité.

Des pays comme l’Égypte et la Libye, confrontés à des défis sécuritaires, pourraient bénéficier de ce pragmatisme dans la mesure où les États-Unis privilégieraient la lutte contre le terrorisme et le contrôle des flux migratoires; même si cela implique un renforcement de mesures répressives locales.

Une telle dynamique pourrait permettre aux gouvernements autoritaires en Afrique du Nord d’obtenir un soutien diplomatique et financier des États-Unis sans être soumis à des pressions pour adopter des réformes démocratiques.

La Tunisie, en tant que seul pays ayant véritablement réussi une transition démocratique après les révolutions de 2011, pourrait quant à elle se retrouver isolée. Car son modèle de gouvernance axé sur la participation démocratique et les droits de l’Homme ne s’inscrirait pas forcément dans les priorités de cette vision pragmatique.

 

  • Effets de l’impact sur les aspirations démocratiques et les droits de l’Homme

Bien que cette approche puisse assurer une certaine stabilité à court terme, elle risque d’étouffer les aspirations démocratiques de la société civile dans les pays du Maghreb. En l’absence de soutien extérieur pour promouvoir les réformes institutionnelles, les mouvements « pro-démocratie » pourraient se retrouver affaiblis. Et les dirigeants pourraient renforcer leur pouvoir en adoptant des mesures de contrôle social et politique plus strictes.

La jeunesse et les groupes civils, qui ont été les moteurs des demandes de changement et d’ouverture politique dans les pays du Maghreb, pourraient ressentir une frustration croissante. Ce blocage des aspirations pourrait également engendrer de nouvelles tensions sociales et politiques à moyen terme, les citoyens percevant cette alliance stratégique comme un abandon des valeurs démocratiques au profit de simples intérêts économiques et sécuritaires.

 

  • Effets sur le repositionnement géopolitique et le renforcement des alliances alternatives

La réévaluation des relations de Trump avec les alliés traditionnels des États-Unis, notamment les pays européens, crée une opportunité pour les États nord-africains de renforcer leurs relations avec des puissances émergentes telles que la Chine et la Russie.

Ces puissances alternatives, qui adoptent également une approche pragmatique et moins regardante sur les pratiques strictes, pourraient offrir un soutien économique et technologique substantiel aux pays du Maghreb en échange d’un alignement stratégique.

Le Maroc, par exemple, pourrait poursuivre ses collaborations avec la Chine dans le cadre de l’initiative de la « Nouvelle Route de la Soie » avec des investissements dans les infrastructures et les zones industrielles.

De son côté, l’Algérie, riche en ressources énergétiques, pourrait intensifier sa coopération militaire avec la Russie pour diversifier ses partenariats de défense.

 

  • Effets sur les risques d’une dépendance stratégique

Toutefois, un repositionnement vers des alliances avec la Chine et la Russie n’est pas sans risques. Les pays du Maghreb pourraient devenir stratégiquement dépendants de ces puissances. Se retrouvant parfois contraints d’adopter des orientations politiques et économiques alignées sur les intérêts de Pékin et/ou de Moscou.

Cette dépendance pourrait également limiter leur autonomie décisionnelle dans des domaines critiques comme la politique énergétique, la gestion des infrastructures et la technologie.

La Chine, par exemple, pourrait profiter de son influence pour imposer des conditions économiques favorables à ses propres entreprises, limitant le développement d’une industrie locale.

De plus, une dépendance accrue vis-à-vis de ces partenaires pourrait engendrer des tensions avec les partenaires occidentaux. Et particulièrement avec l’Union européenne, principale partenaire commerciale du Maghreb. Ce qui rendrait la position diplomatique des pays nord-africains plus délicate et polarisée.

 

En définitive, le pragmatisme de l’administration Trump pourrait renforcer le soutien à des régimes stricts en Afrique du Nord, en échange de garanties de stabilité et de coopération dans les domaines économiques et sécuritaires.

Cette approche pourrait offrir une stabilité immédiate mais compromettrait les réformes démocratiques à moyen terme.

Dans le même temps, les pays du Maghreb pourraient chercher à élargir leurs alliances en se rapprochant de la Chine et de la Russie, diversifiant ainsi leurs partenariats économiques et militaires.

Néanmoins, cette stratégie comporte des risques de dépendance et de tensions avec les partenaires occidentaux, rendant le positionnement géopolitique de la région plus complexe et potentiellement instable.

 

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* Dr. Tahar EL ALMI,

Economiste-Economètre.

Ancien Enseignant-Chercheur à l’ISG-TUNIS,

Psd-Fondateur de l’Institut Africain

D’Economie Financière (IAEF-ONG)

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DOSSIER SPECIAL (I) – Trump et le Maghreb : Entre défis et opportunités dans un monde reconfiguré

11. November 2024 um 06:30

La présidence de Donald Trump, qui sera marquée par son style de gouvernance non conventionnel et son approche centrée sur les intérêts américains, aurait des répercussions significatives sur les relations internationales et sur les pays du Maghreb, dont la Tunisie.

Dans un contexte global marqué par les rivalités géopolitiques, les tensions commerciales, et une polarisation accrue, les choix de politique étrangère de Trump pourraient introduire des incertitudes, tout en offrant des opportunités de repositionnement stratégique pour les pays maghrébins.

 

ZOOM 1  – Première incertitude : Le retour du nationalisme économique

Le retour du nationalisme économique, incarné par la doctrine « America First » de Donald Trump, marque une rupture significative dans les échanges commerciaux et les flux d’investissements internationaux.

Cette doctrine de protectionnisme assumé, qui cherche à favoriser l’économie américaine en limitant sa dépendance aux importations et en réévaluant les accords commerciaux, risque d’avoir des répercussions directes pour les pays du Maghreb.

Ce retour aux politiques protectionnistes pourrait affecter non seulement le commerce entre les États-Unis et les pays maghrébins, mais également les investissements dans des secteurs stratégiques.

 

  • Effets sur le commerce maghrébin

Les relations commerciales entre les États-Unis et certains pays du Maghreb, notamment le Maroc et la Tunisie, bénéficient d’accords qui facilitent l’accès aux marchés américains.

Par exemple, le Maroc a signé en 2006 un accord de libre-échange avec les États-Unis, favorisant les exportations marocaines vers le marché américain, en particulier dans les secteurs textile et agricole.

En Tunisie, le régime du Système généralisé de préférences (SGP) permet également au marché américain un accès privilégié pour certaines catégories de produits.

Toutefois, une réévaluation de ces accords, conformément à une politique protectionniste, pourrait altérer ces relations commerciales. Le Maroc et la Tunisie verraient leurs marges commerciales se réduire si les États-Unis imposaient de nouvelles barrières tarifaires ou non-tarifaires pour protéger leur propre industrie. En cas de durcissement des conditions d’accès, les exportations de textile, de produits agricoles, et d’autres biens manufacturés du Maghreb vers les États-Unis pourraient en pâtir.

Cela pourrait également freiner la croissance de certaines industries tournées vers l’exportation, augmentant ainsi la pression économique locale.

 

  • Effets sur la réduction potentielle des investissements américains au Maghreb

Le programme économique de Trump cherche à encourager les entreprises américaines à rapatrier leur production, voire leurs capitaux investis à l’étranger.

Si les entreprises américaines réduisaient leurs investissements directs au Maghreb, les effets pourraient être significatifs, car les États-Unis jouent un rôle important dans les IDE au Maroc, en Tunisie et en Algérie.

Les investissements dans les secteurs de l’industrie manufacturière, de l’agroalimentaire et des services risqueraient d’être freinés, limitant l’accès aux technologies et aux compétences américaines.

La réduction des IDE américains pourrait aggraver le manque de financement dans certains secteurs clés de l’économie maghrébine et affaiblir le potentiel de croissance dans des secteurs stratégiques comme les infrastructures, les services financiers et les nouvelles technologies.

La dépendance des économies maghrébines aux flux de capitaux étrangers, surtout pour le financement de projets d’infrastructure et de développement économique, rend ces pays vulnérables face aux changements de priorités économiques des partenaires étrangers.

 

  • Effets sur la transition énergétique au Maghreb

Un autre point crucial est l’impact sur la transition énergétique. L’administration Trump, ayant soutenu les industries fossiles aux dépens des énergies renouvelables, pourrait ralentir les projets de partenariats dans le domaine des énergies propres avec les pays maghrébins. Or, le Maghreb, en raison de ses ressources naturelles abondantes en soleil et en vent, a récemment manifesté un intérêt croissant pour les énergies renouvelables.

Les pays comme le Maroc, très avancé dans sa transition énergétique, comptent sur les partenariats internationaux pour atteindre leurs objectifs. La réduction des soutiens et des partenariats dans les énergies renouvelables pourrait limiter l’accès aux technologies, aux financements et aux savoir-faire américains, ralentissant ainsi l’expansion de ce secteur clé pour le développement durable et l’indépendance énergétique.

 

  • Effets sur la stratégie économique du Maghreb

Face à ce retour du nationalisme économique, les pays maghrébins pourraient être contraints de revoir leur stratégie de diversification économique.

Le Maghreb pourrait chercher à renforcer ses relations commerciales avec d’autres blocs économiques comme l’Union européenne, la Chine ou encore les pays du Golfe. L’approfondissement de partenariats au sein de la région africaine, à travers des initiatives comme la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECA), pourrait également représenter une alternative pour compenser les effets d’un retrait américain.

Cette dynamique pourrait également pousser les économies maghrébines à investir davantage dans leur marché intérieur, à encourager la production locale et à réduire leur dépendance vis-à-vis des marchés extérieurs, s’inscrivant ainsi dans une logique de résilience économique face aux changements géopolitiques mondiaux.

 

En définitive, le retour du nationalisme économique incarné par la politique de « America First » pourrait engendrer des perturbations majeures dans les relations commerciales et les investissements des pays du Maghreb avec les États-Unis.

La remise en question des accords commerciaux, la réduction potentielle des investissements américains, et le frein mis aux partenariats dans les énergies renouvelables pourraient ralentir le développement économique de la région.

Pour y faire face, le Maghreb devra intensifier ses partenariats avec d’autres régions, diversifier ses sources d’investissement et renforcer son marché intérieur pour limiter sa vulnérabilité face à l’incertitude des politiques protectionnistes internationales.

 

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Vers une refondation de l’économie tunisienne

10. November 2024 um 11:13

Au début de ce second quinquennat, l’économie tunisienne se trouve confrontée à plusieurs défis majeurs qui menacent sa stabilité et son développement à court et moyen termes. 

Ces défis touchent à la fois des aspects structurels, macroéconomiques et sociaux, créant un contexte difficile pour la croissance économique et la cohésion sociale.

Cette analyse vise à examiner ces enjeux de manière approfondie et à esquisser les perspectives envisageables pour les mois et les années à venir.

 

Les cinq défis abordés – l’endettement public et les déséquilibres budgétaires, l’inflation persistante et la baisse du pouvoir d’achat, la faible attractivité des investissements étrangers, le taux de chômage élevé et la migration des talents, ainsi que l’instabilité politique et sociale – forment un ensemble complexe de problèmes interdépendants qui plongent la Tunisie dans une situation économique et sociale critique.

  • Interdépendance aggravante des défis :

Chaque défi a des répercussions profondes sur les autres. L’endettement public chronique limite la capacité de l’État à intervenir efficacement pour soutenir la croissance ou lutter contre les inégalités sociales, tandis que l’inflation persistante érode le pouvoir d’achat des ménages, alimentant un mécontentement social de plus en plus palpable. Parallèlement, la fuite des cerveaux et la faible attractivité des investissements étrangers privent l’économie de deux leviers essentiels pour relancer la croissance et améliorer la compétitivité. Ces difficultés, amplifiées par une instabilité politique permanente, ont pour effet de maintenir la Tunisie dans un cercle vicieux de stagnation, où les mesures correctives sont limitées par les pressions sociales et financières.

  • Spectre d’une aggravation des crises, à court terme :

À court terme, les perspectives économiques et sociales restent préoccupantes. La Tunisie fait face à une croissance molle, une détérioration continue des conditions de vie et des réformes bloquées par un climat politique polarisé. L’endettement élevé et les déficits budgétaires récurrents limitent la marge de manœuvre du gouvernement, tandis que la fuite des talents et la faiblesse des investissements étrangers freinent la création d’emplois. De plus, l’inflation persistante, combinée à des politiques monétaires restrictives, aggrave le ralentissement économique et limite les perspectives d’amélioration à court terme.

Dans ce contexte, la Tunisie pourrait connaître de nouvelles tensions sociales, attisées par une frustration croissante face à l’inaction politique et l’aggravation des conditions de vie. Le mécontentement populaire risque d’intensifier l’instabilité, mettant en péril la cohésion nationale et freinant encore davantage les efforts de redressement économique.

  • Impératif de réformes structurelles, à moyen terme :

Cependant, à moyen terme, il est possible d’inverser cette trajectoire si des réformes structurelles profondes et cohérentes sont mises en œuvre. Le pays doit impérativement réformer son cadre macroéconomique en s’attaquant aux déséquilibres budgétaires, en renforçant l’efficacité fiscale et en maîtrisant ses dépenses publiques. De même, l’amélioration du climat des affaires, avec une lutte renforcée contre la corruption et une simplification des procédures bureaucratiques, est cruciale pour attirer les investissements étrangers et revitaliser les secteurs clés de l’économie.

L’investissement dans des secteurs porteurs tels que les énergies renouvelables et les technologies numériques est également essentiel pour diversifier l’économie et créer des opportunités d’emploi. Parallèlement, des politiques actives pour freiner la migration des talents et promouvoir l’innovation intérieure sont indispensables pour renforcer le potentiel de modernisation de l’économie.

  • Nécessité d’un consensus politique et social :

Une condition sine qua non de la réussite de ces réformes est un consensus politique et social fort. Le dialogue entre les différents acteurs – gouvernement, partis politiques, société civile, syndicats – doit être relancé pour parvenir à des compromis nécessaires. Ce consensus permettra de surmonter les résistances face aux réformes souvent perçues comme impopulaires, tout en garantissant une meilleure répartition des fruits de la croissance.

 

Un tournant décisif pour la Tunisie

La Tunisie se trouve à un tournant décisif de son histoire économique et politique. La combinaison de ces cinq défis montre l’ampleur des réformes à entreprendre pour restaurer la stabilité et relancer la croissance. Si les obstacles sont immenses, des opportunités existent, à condition de faire preuve de volonté politique et d’engagement collectif. Seule une approche globale tenant compte des enjeux économiques, sociaux et politiques permettra à la Tunisie de sortir de cette spirale et de retrouver une trajectoire de développement durable et inclusif.

 

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Le cinquième défi : Instabilité politique et sociale

09. November 2024 um 12:00

Au début de ce second quinquennat, l’économie tunisienne se trouve confrontée à plusieurs défis majeurs qui menacent sa stabilité et son développement à court et moyen termes. 

Ces défis touchent à la fois des aspects structurels, macroéconomiques et sociaux, créant un contexte difficile pour la croissance économique et la cohésion sociale.

Cette analyse vise à examiner ces enjeux de manière approfondie et à esquisser les perspectives envisageables pour les mois et les années à venir.

 

L’instabilité politique et sociale en Tunisie constitue l’un des plus grands obstacles à son développement économique et à sa cohésion sociale. Depuis le 14 janvier 2011, la Tunisie a traversé plusieurs phases de transition démocratique, mais sans parvenir à une stabilité politique durable. Ce climat d’incertitude a des répercussions directes sur les dynamiques économiques, affectant à la fois la confiance des investisseurs et la performance des institutions publiques.

  • Polarisation et absence de consensus : 

Le paysage politique tunisien reste marqué par une fragmentation des forces politiques et une polarisation croissante entre les partis et les acteurs sociaux. Cette absence de consensus complique la mise en œuvre de réformes économiques cruciales, car chaque tentative de réforme se heurte à des résistances politiques ou sociales. En 2024, l’opposition sur la nature et l’ampleur des réformes à adopter est perceptible, ce qui paralyse le processus de décision et conduit à des mesures temporaires plutôt qu’à des solutions structurelles durables.

La situation est également exacerbée par l’érosion de la confiance dans les institutions politiques. La perception d’une corruption endémique et d’une mauvaise gestion publique alimente un mécontentement social croissant. Cette instabilité complique la tâche des gouvernements successifs, qui peinent à instaurer des réformes face à une société civile de plus en plus mobilisée et critique.

  • Tensions sociales :

L’instabilité politique est intimement liée aux tensions sociales exacerbées par la hausse des prix et la détérioration des services publics. En raison de la stagnation économique, l’érosion du pouvoir d’achat, combinée à un chômage élevé, a provoqué un mécontentement social qui se traduit par des grèves, des manifestations et parfois des mouvements de protestation violents.

La gestion des subventions sur les produits de première nécessité, comme les carburants et les denrées alimentaires, demeure une question très sensible. Alors que le gouvernement est contraint de réduire ces subventions pour répondre aux conditions des bailleurs de fonds internationaux, ces mesures risquent de provoquer une escalade de la contestation sociale. Les coupes dans les subventions sont souvent perçues comme injustes par une population qui souffre déjà d’un niveau de vie en baisse. La détérioration des infrastructures de santé, d’éducation et de transport public alimente également le mécontentement, augmentant ainsi le risque de protestations massives.

  • Incertitude et paralysie économique, à court terme :

À court terme, cette instabilité politique et sociale crée un climat d’incertitude qui affecte profondément les acteurs économiques. Les investisseurs, qu’ils soient nationaux ou étrangers, hésitent à engager des capitaux dans un environnement où les perspectives de stabilité sont faibles et où les réformes économiques sont bloquées par des considérations politiques.

Cette paralysie a un impact direct sur la croissance économique. En l’absence de réformes économiques structurelles, la Tunisie peine à attirer de nouveaux investissements productifs, tandis que les entreprises locales sont réticentes à engager de nouveaux projets ou à embaucher dans un contexte d’incertitude croissante. Cela renforce le cercle vicieux de stagnation économique et de mécontentement social, créant un terrain fertile pour des crises sociales récurrentes.

  • Risques de fragmentation sociale et économique, à moyen terme :

Si la situation politique et sociale ne s’améliore pas, la Tunisie risque de connaître des vagues de protestations sociales de plus en plus intenses. À moyen terme, l’absence de réponse adéquate aux revendications sociales pourrait mener à une fragmentation encore plus marquée de la société tunisienne. Les tensions entre les régions côtières, mieux développées, et les régions intérieures, souvent négligées et plus pauvres, risquent de s’accentuer. Cette polarisation pourrait également affecter la cohésion nationale, avec des répercussions profondes sur la stabilité politique.

L’instabilité persistante affaiblirait encore davantage l’économie, en repoussant les réformes nécessaires pour redresser les finances publiques et améliorer la compétitivité du pays. Le faible taux de croissance prévu pour 2024, autour de 1%, reflète cette incapacité à sortir de la spirale de la stagnation, avec un marché du travail sous pression, des finances publiques en difficulté, et un secteur privé qui peine à se relancer.

  • Perspectives et voies de sortie :

Dans ce contexte de fragilité, les perspectives économiques de la Tunisie à court terme restent préoccupantes. La croissance économique devrait rester modeste, freinée par une demande intérieure en berne et des investissements limités. Cette croissance, de l’ordre de 1%, sera insuffisante pour compenser l’aggravation de la situation socio-économique et pour répondre aux attentes d’une population de plus en plus frustrée par l’absence de résultats concrets.

À moyen terme, la Tunisie devra impérativement adopter des réformes structurelles pour espérer relancer son économie et renforcer sa stabilité sociale. Parmi ces réformes, l’amélioration du climat des affaires est primordiale. Cela implique une simplification de la bureaucratie, une lutte effective contre la corruption, et la mise en place d’un cadre juridique plus transparent et prévisible pour les entreprises. Ces mesures sont indispensables pour restaurer la confiance des investisseurs et stimuler les flux d’investissements directs étrangers (IDE).

La modernisation du système fiscal est également cruciale. La Tunisie doit élargir sa base fiscale, lutter contre l’évasion fiscale et s’assurer que la fiscalité soit plus juste, afin de réduire les déséquilibres budgétaires sans recourir systématiquement à l’endettement extérieur.

Par ailleurs, le pays doit investir dans des secteurs porteurs comme les « énergies renouvelables » et les « technologies numériques », qui offrent de réelles opportunités de diversification économique. Ces secteurs peuvent générer des emplois, améliorer la productivité, et réduire sa dépendance vis-à-vis de secteurs vulnérables comme le tourisme et l’agriculture.

 

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* Dr. Tahar EL Almi,

Economiste-Economètre.

Ancien Enseignant-Chercheur à l’ISG-TUNIS,

Psd-Fondateur de l’Institut Africain

D’Economie Financière (IAEF-ONG)

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