Le Comité pour le respect des libertés et des droits de l’homme en Tunisie (CRLDHT) organise un rassemblement à Paris pour la défense des libertés et des droits humains en Tunisie.
L’association franco-tunisienne a lancé un appel où elle invite les militants des libertés et des droits humains en Tunisie à «unir leurs voix pour exiger la libération des détenu·e·s politiques et d’opinion, la liberté de la presse, l’abrogation des lois liberticides (décret 54), l’indépendance de la justice, la justice sociale et un État de droit».
Le rassemblement est fixé pour le 15 novembre 2024, la Place Joachim-Du-Bellay, Fontaine des Innocents, Paris 75001, Métro Châtelet (Lignes 1, 4, 7, 11, 14).
La journaliste Khaoula Boukrim (au centre de l’image), l’une des dernières voix de la presse libre en Tunisie, vient d’être rattrapée, elle aussi, par l’implacable radar d’un régime qui supporte de moins en moins les journalistes qui croient pouvoir encore exercer leur métier en toute indépendance et en toute neutralité.
Khaoula a en effet reçu, samedi 9 novembre 2024, une convocation pour comparaître devant la brigade criminelle de Ben Arous, banlieue sud de Tunis, demain, lundi 11 novembre, en tant que «suspecte». De quoi au juste ? Notre consœur, qui a annoncé cette nouvelle sur les réseaux sociaux, ne l’a pas précisé car elle ne le sait pas elle-même. Mais on ne tardera pas à le savoir. On imagine cependant que le «crime» dont elle serait soupçonnée est en lien avec sa profession de journaliste.
Il faut dire que malgré que tous les clignotants rouges qui ont obligé la majorité de ses collègues à rentrer dans les rangs et à éviter de publier la moindre information ou opinion qui dérangerait le pouvoir en place, Khawla Boukrim a continué à faire son travail comme le lui dictent les règles du métier, ainsi que sa conscience de femme et de citoyenne qui refuse de céder sur ses droits les plus élémentaires.
La journaliste a donc continué à informer sur la situation des droits en Tunisie et à donner la parole aux opposants et aux familles des détenus politiques, comme le lui dicte d’ailleurs la déontologie de la presse, dont l’un des principes les plus sacrés reste la neutralité, et la neutralité vis-à-vis de toutes les parties, y compris, bien entendu, celles au pouvoir.
En attendant d’en savoir plus sur les «reproches» faits à Khaoula Boukrim ou les «crimes» dont on la soupçonne, formons l’espoir qu’elle ne sera pas, à son tour, incarcérée et qu’elle n’ira pas grossir les rangs des journalistes incarcérés pour des «délits» en lien avec l’exercice de leur métier, comme Chadha Haj Mbarek, Mohamed Boughalleb, Mourad Zeghidi, Borhen Bsaies ou autres Sonia Dahmani.
Rappelons que Khaoula Boukrim avait reçu en 2021 le Prix Lina Ben Mhenni de la liberté d’expression, décerné par la Délégation de l’Union européenne en Tunisie, pour un article intitulé : «La loi sur les drogues: un sort obscur pour les jeunes dans les prisons, et le remède est inexistant.»